Rugby : l’ancien buteur du SRA décrypte le coup de pied de la «gagne»

  • Jérôme Accorsi a longtemps fait le bonheur du SRA au pied (2008-2013).  Archives JLB
    Jérôme Accorsi a longtemps fait le bonheur du SRA au pied (2008-2013).  Archives JLB
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Centre Presse / Aurélien Parayre

Quitte ou double. Ni plus ni moins. Ça passe et le stade explose de joie en même temps que la course à la qualification est relancée ; c’est raté et ce sont les dernières ambitions de tout un club qui meurent là, sur le pré de Paul-Lignon.

Avant Romain Boscus dimanche qui a sauvé sa patrie en passant la pénalité de la gagne (16-15) à l’ultime seconde (80e+7) face à Valence-d’Agen, son illustre prédécesseur sous le maillot du Stade Rodez Aveyron, Jérôme Accorsi, avait vécu plusieurs fois pareil défi à relever.

Mais que se passe-t-il dans la tête du botteur à ce moment-là, quand il doit à ce point changer le cours de l’histoire alors que la dramatique de l’instant doit être terrassante ?

« On est plus ou moins comme dans un trou noir, envoie l’actuel artificier du Sporting decazevillois en Fédérale 2. Tout le bruit qui est autour de toi, tu ne l’entends plus. Il n’y a plus qu’une seule chose qui compte : bien s’appliquer, ne pas trop forcer pour ne pas perdre en précision et, surtout, être relâché. C’est la clé. »

Une clé que Boscus a parfaitement actionnée, ouvrant la porte à une possible phase finale en même temps qu’à une folle montée d’adrénaline collective. Jérôme Accorsi le verbalise : « Quand ça passe dans ces situations-là, c’est le pied intégral. Un gros soulagement aussi. Ce sont les meilleurs moments. On se fait chier toute la semaine à l’entraînement pour vivre ça. »

Et au-delà de ce bonheur intense et évidemment éphémère, il reste parfois des souvenirs indélébiles.

Comme ce coup de pied de dingue de « Monsieur 100 % », comme on le surnommait alors sur le Piton, un certain 27 mai 2012.

Il se souvient : « C’était contre Agde, le Agde costaud, qui faisait peur à pas mal de monde à l’époque. Cette pénalité, on s’en souviendra peut-être dans 10 ou 15 ans encore. » On joue la 80e+4, le quart de finale de Fédérale 2 à Mazamet oppose deux formations assurées de monter en F1. Rodez est mené 18-20.

Et de 55 mètres, « Acco » propulse le ballon entre les perches. Le président Laüt et tout le club exultent. L’ambiance est chaude.

La scène reste dans les annales, passe même à la postérité. « Peut-être comme le coup de pied de Romain si le club parvient à se qualifier », explique celui qui a fait ses classes au Stade Toulousain et passé notamment par Albi.

Mais qu’est ce qui décide véritablement de la réussite ou de l’échec de ces tentatives-là ?

« On est en général habitué à réaliser ce genre de gestes, éclaire celui qui, à 36 ans, n’entend pas raccrocher les crampons qu’il y ait F2 ou F3 la saison prochaine du côté de Decazeville. Ce qui fait la différence, c’est le contexte. Avec, en plus en fin de match, la fatigue. Et cela, ça peut se travailler à l’entraînement, en fin de séance par exemple. En revanche, pour la gestion du stress, c’est plus délicat. Là, c’est l’expérience qui intervient. »

Et de faire partager son propre vécu : « Deux ans avant cette pénalité contre Agde, j’ai sensiblement la même à taper contre Nîmes. Et je la rate. En fait, quand tu connais ces situations de stress plusieurs fois, tu parviens de mieux en mieux à le surpasser. »

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