SNCF : coup d’envoi du débat à l’Assemblée, reprise «progressive» du trafic mardi

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    SNCF : coup d’envoi du débat à l’Assemblée, reprise «progressive» du trafic mardi
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Centre Presse / AFP

Le coup d’envoi du débat sur le «nouveau pacte ferroviaire» voulu par le gouvernement a été donné lundi à l’Assemblée nationale, au quatrième jour d’une grève toujours très suivie des cheminots qui ont manifesté dans plusieurs villes de France, avant une reprise «progressive» du trafic SNCF prévue mardi.

La ministre des Transports, Elisabeth Borne, a défendu devant les députés une réforme «impérative» et plaidé pour un débat «délesté des fantasmes et des contre-vérités qui le polluent». Cette réforme «urgente» a «pour seul objectif de mieux satisfaire, enfin, les attentes de nos concitoyens, en particulier pour leur transport du quotidien», a souligné la ministre, en récusant toute volonté du gouvernement de «passer en force».

Peu avant l’ouverture des débats en première lecture, plusieurs centaines de cheminots et sympathisants s’étaient rassemblés sur l’esplanade des Invalides, non loin du Palais Bourbon, pour défendre «l’avenir du service public ferroviaire».

«Cheminots en colère on va pas se laisser faire !» ou «ça va péter !», scandaient les manifestants, chasubles aux couleurs de leurs syndicats (CGT, Unsa, Sud, CFDT, FO) sur le dos, qui ont multiplié les explosions de pétards et usé de sirènes pour se faire entendre des députés. Environ 300 d’entre eux sont ensuite partis en manifestation sauvage vers la tour Eiffel avant de se disperser place du Trocadéro.

A Lyon aussi, plusieurs centaines de personnes - 4 à 500 selon la police, 800 selon les organisateurs -, dont une centaine d’étudiants, ont défilé dans l’après-midi contre la réforme de la SNCF.

Entre 250 et 300 cheminots s’étaient rassemblés dans la matinée à Lille où, tôt le matin, des manifestants avaient mis en place un barrage filtrant des cars Ouibus et Flexibus partant vers Paris et Bruxelles pour les retarder. Un rassemblement a aussi eu lieu à Marseille.

Après une deuxième séquence de deux jours de grève, la SNCF prévoyait pour mardi une «reprise progressive» du trafic. La circulation des TGV sera normale mais les lignes régionales (Transilien et TER) et Intercités resteront légèrement perturbées.

Un quart des cheminots (24,9%) inscrits au planning lundi étaient en grève en milieu de matinée, contre 29,7% le 4 avril au deuxième jour de grève, selon les chiffres de la SNCF. Les conducteurs (75% de grévistes, contre 74% la semaine passée) et les contrôleurs (71%, contre 77%) restaient très mobilisés, les aiguilleurs dans une moindre mesure (35%, contre 46%).

Lundi, le trafic est resté «très perturbé» avec un TGV sur cinq, un Transilien et un TER sur trois et un Intercités sur six en circulation.

A l’Assemblée, Mme Borne a récusé l’idée que la réforme organise «la casse du service public ferroviaire» ou qu’elle prépare «la privatisation rampante» de l’entreprise, comme le craignent les cheminots.

Le gouvernement a prévu, par le biais d’un nouvel amendement, d’inscrire dans la loi le principe du changement de statut de la SNCF qui, avec ses filiales, constituera un «groupe public unifié», au capital «intégralement détenu par l’État».

Les propos de la ministre sur l’ouverture à la concurrence, «un aiguillon stimulant» selon elle, ont suscité des exclamations des députés Insoumis, rappelés à l’ordre.

Communistes et Insoumis ont déposé de nombreux amendements pour le maintien du statut pour les nouveaux embauchés. Outre la fin des recrutements au statut, grévistes et partis de gauche déplorent la volonté du gouvernement de transformer la SNCF en société anonyme à capitaux publics et d’ouvrir le secteur ferroviaire à la concurrence.

Face au conflit, qui a déjà coûté «une centaine de millions d’euros» à la SNCF selon son patron Guillaume Pepy, le Premier ministre avait assuré dimanche que l’exécutif irait «jusqu’au bout» de son projet. Pour Edouard Philippe, les grandes lignes de la réforme ne sont «pas négociables», la discussion n’étant possible que sur ses «modalités».

«Personne ne veut d’un conflit dur qui dure mais pour l’instant, on est face à un mur» et les cheminots n’ont «aucun» autre choix que la grève, a répliqué le leader de la CGT, Philippe Martinez. Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, s’est inquiété d’une guerre des mots où «chacun montre ses muscles».

Avec la concertation, le ministère des Transports «a occupé le terrain pour jouer la montre et maintenant on est devant le fait accompli» avec le début du débat parlementaire, a relevé Roger Dillenseger (Unsa-ferroviaire). Le gouvernement «se limite à gagner du temps», jusqu’à ce que le passage à l’Assemblée soit terminé, abonde Erik Meyer (SUD-Rail).

Resté discret jusqu’ici, le président Emmanuel Macron va entrer dans l’arène jeudi, dans le journal de 13H de TF1. Quelques heures avant le prochain épisode de deux jours de grève.

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