Jean-Louis Cayrou : « Le temps viendra où vous aurez des informations complémentaires »

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    Jean-Louis Cayrou : « Le temps viendra où vous aurez des informations complémentaires »
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Centre Presse

Le procès en appel de Jean-Louis Cayrou se poursuit à Montpellier. Accusé du meurtre avec préméditation de Patricia Wilson, le 17 août 2012, l’amant et jardinier de cette retraitée anglaise de l’Aveyron a fait face, hier, aux témoignages des enquêteurs.

C’est une amie et des voisines qui ont donné l’alerte, intriguées par les volets et fenêtres grandes ouvertes de sa grange de Vabre-Tizac... Dépêchés au domicile de Patricia Wilson, le 22 août 2012, les gendarmes songent vite à un assassinat. « Il y avait beaucoup de sang dans le grenier, confie l’un d’eux devant le tribunal. Cela faisait plus penser à une scène de crime qu’à une disparition ». À partir du 17 août à 21 h 28 - moment où l’électricité a été coupée chez elle alors qu’elle était devant son ordinateur - plus aucun signe de vie de la retraitée anglaise n’apparaît.

Que s’est-il passé ce soir-là ? L’avocat de la partie civile, qui représente le mari de la victime, émet cette hypothèse : le coupable « entre sans effraction car il connaît la maison et la trappe extérieure pour y accéder ; il éteint le compteur électrique et agresse Patricia Wilson dans le grenier quand elle va pour le rallumer ». Une hypothèse « tout à fait possible », acquiesce l’officier. « Il y aurait donc eu préméditation du meurtre », note le président du tribunal.

Rapidement, les suspicions des enquêteurs se tournent vers son amant et jardinier, Jean-Louis Cayrou. Après « une rupture houleuse », l’homme se serait introduit chez la quinquagénaire quelques jours avant sa disparition pour la menacer en l’étouffant avec un oreiller : « Tu as besoin d’un homme à la maison ! », lui aurait-il proféré. Condamné à 30 ans de réclusion, l’accusé continue de tout nier.

« Je suis innocent et souhaite faire valoir mon droit au silence » répète-t-il au tribunal. Pour sa défense, Me Szpiner évoque la piste du mari de Patricia - dont une goutte de sang a été retrouvée dans l’évier de la salle de bain - trop vite écartée. Il pourrait avoir un mobile financier pour récupérer toute la maison, avance l’avocat. Le défenseur remet aussi en cause les dires des codétenus auxquels Jean-Louis Cayrou aurait tout avoué en prison... « On leur a demandé où était le corps et fait des recherches mais ça n’a rien donné », admet le gendarme.

Restée introuvable, la dépouille de Patricia Wilson demeure la grande pièce manquante de l’affaire. L’avocat général le rappelle en s’adressant à l’accusé : « le 27 juin 2016, depuis la maison d’arrêt de Rodez, vous avez écrit au juge d’instruction : “ Je suis prêt à dire où se trouve le corps de Patricia Wilson pour donner la possibilité à sa pauvre mère de l’enterrer ’’, avez-vous dit, avant de faire marche arrière (car vous vous seriez mal exprimé)... Êtes-vous prêt à dire où se trouve le corps ? » Réponse de l’intéressé : « Le temps viendra, je pense, très rapidement, où vous aurez des informations complémentaires. Je vous le répète, je n’ai pas tué Patricia Wilson. »

Une certitude cependant : la victime a d’abord été laissée au grenier, puis déplacée et emportée. « Les traces de sang montre que le corps est d’abord resté sur place, probablement allongé, puisqu’une tâche de sang d’environ un mètre de diamètre a eu le temps de se former. Puis il a été traîné à l’extérieur de la maison par les escaliers », affirme un expert convoqué à la barre du tribunal.

Des traces de sang de Patricia Wilson ainsi qu’une petite culotte portant son ADN ont été retrouvées dans la voiture de l’accusé. Le véhicule a par ailleurs effectué des déplacements inhabituels, sur plus de 600 km, durant les jours suivants. L’enquête souligne également les appels téléphoniques de Jean-Louis Cayrou à sa maîtresse : habituellement nombreux puis cessant soudainement à partir du 17 août... Les arguments de la défense sont attendus. Maitres Szpiner et Levy ont jusqu’à vendredi pour cela.

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