Meurtre de Patricia Wilson : l’ADN de la victime contredit Jean-Louis Cayrou

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    Meurtre de Patricia Wilson : l’ADN de la victime contredit Jean-Louis Cayrou
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Centre Presse

Le procès en appel de Jean-Louis Cayrou se poursuit à Montpellier. Accusé d’avoir assassiné en 2012 Patricia Wilson, une retraitée anglaise de l’Aveyron dont le corps n’a jamais été retrouvé, son amant et jardinier clame son innocence. Le témoignage était attendu. Hier matin, au troisième jour du procès de Jean-Louis Cayrou, jugé en appel pour l’assassinat de Patricia Wilson le 17 août 2012 à Vabre-Tizac, l’un de ses ex-codétenus s’exprime par visioconférence.

Le 2 septembre 2012, durant la promenade à la maison d’arrêt de Villeneuve-Lès-Maguelone, « Jean-Louis Cayrou m’a raconté un crime, c’était grave et donc j’ai appelé la police pour le raconter », commence l’homme, toujours incarcéré. Il m’a dit qu’ils s’étaient disputés (avec Patricia Wilson NDLR), l’avait tuée, mis dans le coffre et jetée quelque part dans la montagne ».

« Pourquoi avoir appelé les gendarmes ? » demande la cour. « J’ai été choqué, ce qu’il a fait est atroce. Je suis un mec bien malgré mes erreurs, répond le témoin. Je n’en tire aucun bénéfice, je ne demande rien en échange... Au contraire, cela ne m’a attiré que des problèmes, je passe pour une balance en prison... Mais j’assume mon choix. Il faut qu’il assume aussi ses responsabilités. »

Ces aveux, Jean-Louis Cayrou dit avoir été contraint de les donner sous les coups et la menace. Le président du tribunal fait lecture de sa déposition : « J’ai été tabassé par plus de quinze hommes et pour m’en débarrasser je leur ai raconté des choses. C’était le seul moyen pour moi de m’échapper. » Aucun incident de cet ordre n’a pourtant été signalé par l’administration pénitentiaire, pointe le parquet. De même, après examen, aucune lésion ou trace d’agression n’a été constatée sur l’intéressé.

La défense tente tout de même de contrebalancer : « Avoir un téléphone portable est interdit en prison, lance au détenu Me Szpiner. Pourquoi ne pas être allé voir le directeur de la maison d’arrêt plutôt que d’appeler les policiers ? » - Je n’avais pas envie de perdre du temps et de faire des papiers, ce n’est pas dans mes habitudes. Là c’est plus direct.- Jean-Louis Cayrou a toujours tout nié et à peine arrivé en détention il se confie à une personne qu’il ne connaît pas... »

L’avocat est sceptique. D’autant que le corps, malgré les nombreuses indications livrées aux gendarmes par le détenu, n’a pas été retrouvé. Le prisonnier cherchait-il surtout, contrairement à ce qu’il affirme, à obtenir une remise de peine ?

Son ex-compagnon de cellule, est escorté à la barre pour témoigner. « Il a demandé cinq ans de grâce, affirme-t-il. Mais je n’ai rien à voir avec cette affaire »

- Vous avez pourtant dit à plusieurs reprises au juge d’instruction que Jean-Louis Cayrou s’était aussi confié à vous », contredit l’avocat général. - Il ne parlait avec moi. J’étais à côté, j’ai seulement entendu quelques détails. Des chicanes.

Un autre « détail », de taille, va bientôt être examiné par le tribunal : une culotte en dentelle blanche. Celle retrouvée dans le véhicule de l’accusé et portant l’ADN de la victime. Un sous-vêtement appartenant à une autre de ses employeuses anglaises et juste utilisé pour nettoyer son tableau de bord, s’est toujours défendu Cayrou. À la barre, l’ex-employeuse en question observe furtivement la pièce extraite de son scellé : « Ce n’est pas à moi ». Le président confirme, un peu gêné, en se référant au rapport d’enquête : en effet, « ce n’est pas votre taille ».

Un cric, des ciseaux, une corde et un tendeur ont également été saisis dans la Renault Laguna du jardinier. Les expertises ont révélé qu’ils portaient aussi des traces de sang et/ou de cellules épithéliales de Patricia Wilson. Faisant toujours valoir son droit au silence, Jean-Louis Cayrou n’a pas souhaité s’en expliquer. La décision du tribunal sera rendue demain.

A Montpellier, Alexandre Seba

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