Affaire Patricia Wilson : J.-L. Cayrou condamné en appel à 30 ans de réclusion

  • J.-L. Cayrou condamné.
    J.-L. Cayrou condamné.
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Centre Presse

L’ancien jardinier et amant de Patricia Wilson, une retraitée anglaise de 58 ans, disparue de son domicile de Vabre-Tizac le 17 août 2012, et dont le corps n’a jamais été retrouvé, a été reconnu coupable d’assassinat. L’homme a toujours nié les faits.

La partie civile, représentant Donald Marcus, mari de la victime, s’engage en premier. « Ça fait déjà six ans », regrette Me Pechevis. Six ans que l’entourage de Patricia Wilson « espère savoir ce qu’il est advenu de son corps ».

L’avocate revient sur l’unique intervention de Jean-Louis Cayrou, jeudi soir, quand il racontait son passage chez Patricia, le 17 août 2012, en se défendant de l’avoir tuée : « Après avoir piétiné ses dernières traces de vie, vous piétinez sa mémoire ». La partie civile rappelle aussi le « harcèlement téléphonique » sur Patricia, et son intrusion chez elle, le 28 juillet, pour l’agresser et la menacer. Un « événement fondamental » sur lequel le parquet revient à son tour.

Pour l’avocat général Manon Brignol, il s’agit d’une « véritable répétition du 12 août ». Le soir de la disparition de Patricia « il y a les empreintes digitales (de l’accusé) sur la scène de crime et son sang dans la voiture : ça donne la culpabilité à 100 % de Jean-Louis Cayrou ». Le parquet démontre aussi la « préméditation parfaitement établie » : élaboration préalable d’un alibi (se montrer à la fête de Najac) ; appel téléphonique pour s’assurer de la présence de la victime ; coupure d’électricité avant d’agir...

Quant au mobile : « M. Cayrou n’accepte pas la rupture avec Patricia. Jusqu’à ce que cela devienne violent comme avec ses autres femmes ». Enfin, sur la disparition du corps, « mon intime conviction c’est qu’il l’a découpée, avance le magistrat. C’est parfaitement cohérent avec les grandes quantités de sang retrouvées sur place et le transport à la déchetterie de la viande (sortie plus tard du congélateur puis jetée par Jean-Louis Cayrou NDLR) ». Après plus d’une heure d’exposition « d’éléments accablants », le ministère public requiert 30 ans de réclusion criminelle, assortis de 20 ans de sûreté.

La défense prend désormais la parole. Me Levy revient sur l’attitude de son client après être entré chez Patricia le 17 août 2012. « Le procès qui lui ait fait est celui de ne pas avoir appelé la police. Il ne l’a pas fait car il voulait qu’on recherche l’assassin. » Mais l’avocat dénonce alors l’enquête : aucune reconstitution ; aucune preuve que M. Cayrou a coupé l’électricité, aucun mobile, aucun cadavre... « Mais quand il dit : “j’ai croisé une C15 avec une bâche dessus “(le soir du crime), on ne fait aucune recherche ! déplore-t-il. Qu’est-ce qui permet de nous dire qu’il ment ? Rien ! »

Maître Szpiner prend le relais. L’avocat contredit les « rumeurs » que rien ne prouve sur l’intrusion de M. Cayrou le 28 juillet. Balaie la thèse de sa dépendance financière envers Patricia, qui aurait rendu la rupture plus difficile : « C’est elle qui lui doit de l’argent ! ». Dément le harcèlement téléphonique : « Ils se parlaient au téléphone tous les soirs quand elle était en Angleterre ». Invalide la violence de son client envers les femmes : « Il n’a jamais été condamné pour cela ». Déplore le manque d’investigations sur le mari de Patricia ou sur le cambriolage — « C’est extraordinaire que rien n’ait alors été examiné ! » — survenu chez elle après sa disparition...

Jean-Louis Cayrou prend la parole à la fin de son procès pour s’adresser à la cour : « Si vous vous trompez, Patricia ne pourra jamais être ramenée à sa mère, car je ne suis pas le coupable. » Cela n’aura pas suffi à convaincre les jurés. L’accusé est condamné à 30 ans de réclusion.

A Montpellier, Alexandre Seba

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