La saison démarre mal pour les apiculteurs aveyronnais
Après une mauvaise année 2017, la nouvelle saison ne s’annonce guère mieux à cause de la météo.
Les années se suivent et se ressemblent pour les apiculteurs aveyronnais (pour les autres aussi d’ailleurs). Car même si d’une année sur l’autre les scénarios divergent, à chaque fois, au final, le résultat reste le même : une mortalité des abeilles en hausse et une production de miel en baisse. « Si l’on continue à ce rythme, dans 50 ans, les ruchers aveyronnais ne produiront plus que quelques kilos de miel », plaisante un apiculteur amateur des environs de Rodez.
Un scénario qui pourrait sonner comme une prédiction au regard du volume de production au niveau national (les chiffres de production au niveau départemental ne sont pas connus). L’an dernier, par exemple, les abeilles hexagonales - les professionnelles uniquement - ont produit 10 000 tonnes de miel. Pour mémoire, deux décennies plus tôt, ce même volume avoisinait les 40 000 tonnes par an. Ce qui suffisait à couvrir les besoins au niveau national. Or, aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il faut donc importer du miel, et celui-là n’a pas toujours de la meilleure qualité qui soit.
La saison démarre mal
Et ce n’est visiblement pas en 2018 que les apiculteurs parviendront à inverser la tendance. Pire encore, à la lueur des premières constatations dans les ruchers, il se pourrait bien que le volume produit n’atteigne même pas les 10 000 tonnes. « La météo est un critère prépondérant pour la filière, indique Alain Teissier. Or, depuis le début du printemps, on ne peut pas dire qu’elle est de notre côté, constate le coprésident du Syndicat départemental de l’apiculture L’Abeille de l’Aveyron. Il pleut sans arrêt. Il fait froid. Puis, le lendemain, il fait chaud. Les abeilles n’apprécient pas ces écarts de température. Elles restent dans la ruche en attendant des jours meilleurs. »
« Le pire, coupe Jean-Louis Séguret, également membre du bureau de l’Abeille de l’Aveyron, c’est la pluie. Une ou deux averses de temps en temps, ça va, mais comme en ce moment, c’est contre-productif. Au printemps, la floraison des plantes intervient successivement, au gré du réveil de la végétation. S’il pleut beaucoup, comme c’est le cas en ce moment, les fleurs fanent rapidement. Les insectes, dont les abeilles, ne peuvent donc pas les butiner. Pissenlit, acacia, lilas, pour l’instant, on est passé au travers. »
« En effet, cette année, cela part très mal », remarque le président Teissier en désignant les ruches alentours. Elles sont anormalement calmes. « À cette époque de l’année, elles devraient être en pleine effervescence. Mais aujourd’hui, il fait encore beaucoup trop froid. On peut encore sauver la récolte, se rassure l’apiculteur aveyronnais. Il faut juste espérer de l’été qui s’annonce qu’il soit clément, c’est-à-dire, ni très chaud, ni très sec. Et qu’il se prolonge un peu en automne. »
Produits phytosanitaires et frelons asiatiques
Mais, la météo n’est pas le seul critère qui doit être pris en compte par les apiculteurs. « S’il n’y avait que cela, ça irait », résume le président Teissier. Les produits phytosanitaires pulvérisés sur les récoltes pour les protéger sont à l’origine d’une surmortalité des insectes pollinisateurs dont les abeilles.
Moins d’insectes c’est aussi moins d’oiseaux - un tiers des espèces perdu en 30 ans -, mais c’est aussi moins de batraciens, ou de chauves-souris qui se nourrissent quotidiennement de centaines d’insectes. Sans prédateurs, ils prospèrent et finissent par causer d’importantes nuisances. Et que dire du frelon asiatique qui se délecte des abeilles et dévore des essaims entiers. Introduit en France depuis quelques années, il prolifère.
Mais la défense commence à s’organiser. « Détruire un nid ne suffit pas, explique Alain Teissier. Il faut aussi empêcher l’espèce de se reproduire en piégeant les reines à l’origine des nouvelles colonies. Le printemps est la meilleure période pour poser les pièges. Ce qui est très facile à faire. Les départements pilotes où ont été initiées ces actions ont obtenu d’excellents résultats », précise le président Teissier en invitant les volontaires à contacter l’Abeille de l’Aveyron.
Malgré tout cela, il existe pour les apiculteurs des raisons d’espérer. « On sent bien autour de nous que les gens se préoccupent davantage de la cause environnementale et des abeilles. Les mentalités changent, doucement, mais elles changent. D’ailleurs les ruchers écoles, à Toizac et Millau, intéressent de plus en plus de monde. C’est rassurant », conclut l’apiculteur.
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