Une plongée dans le magnifique jardin suspendu de Castelnau-de-Mandailles
Dans le cadre de l’opération nationale Rendez-vous aux jardins, Bruno de Reyniès alias "l’artistoparc" ouvre pour la première fois son œuvre au vert. Captivant.
Un drôle d’oiseau, penseront certains de ce descendant de châtelain qui a bâti son nid douillet dans le hameau du Brousse, sur les hauteurs de Castelnau-de-Mandailles avec vue sur le lac. Ici, ou plutôt là-haut, point de créneaux ni de tours ; encore moins de fastes et d’apparats. Mais une ancienne grange des moines d’Aubrac reconstruite par Bruno de Reyniès, de ses propres mains, de 1997 à 2000, agrémentée d’une (ré) création de ses jardins sur près d’un hectare, comme un hymne à la nature. " À 6 ans, je voulais être jardinier. J’allais chez ma grand-mère dans le Bordelais qui me laissait un petit carré pour faire mes premières plantations. À 8 ans, je voulais être forestier et à 10 ans restaurer les ruines ", résume ce collectionneur dans l’âme. Bruno de Reyniès a exaucé ses rêves d’enfance. Entre chance et providence. Avec volonté surtout, et compétence.
Conseiller en jardinage
Jardinier (et il tient à ce nom), diplômé des Eaux et Forêts, conseiller, artisan, élagueur, sculpteur, Bruno de Reyniès alias l’artistoparc en clin d’œil à ses racines au sens propre comme au sens figuré, a plusieurs cordes à son arc, fruit de sa passion. " L’œillet d’Inde est ma madeleine de Proust ", confie-t-il en ce sens. Il a découvert le Nord-Aveyron au début des années 1990 en devenant conseiller forestier de ce territoire après avoir arpenté la France, le Canada ou encore le Moyen-Orient. À l’image d’un écrivain voyageur, il cherche aujourd’hui à transmettre son savoir-faire et faire partager sa passion. D’où la première ouverture - gratuite en prime - de ses jardins. Vergers, potagers, jardin nourricier, un jardin labyrinthe pour retrouver son âme d’enfant que lui n’a jamais perdu, ou encore une partie forestière, la balade bucolique est poétique et étonnante car ce jardinier a l’art de rendre simple la beauté évidente des éléments qui la composent. " Je travaille sans traitements et je ne jette rien ".
Ce qui est arraché est automatiquement rendu à la nature en déposant au sol. Celle-ci s’autorégule. Le maître des lieux pratique la permaculture et propose des bois et des essences uniques en (Nord-) Aveyron comme un mûrier noir, un micocoulier, ou un ostriya (dit aussi charme houblon). On y trouve même le seul amandier du Nord-Aveyron. " Il y a l’humain avec la maison, le naturel brut avec la forêt à l’horizon et les jardins comme une transition ", dit-il en regardant la vue plongeante sur le lac. Des jardins à taille humaine. Ici, c’est la nature qui est reine. Pas d’extravagance. La grâce est dans les détails : dans les odeurs qui remontent aux narines comme elles collent aux semelles, dans ses sculptures qui jouent avec les reflets de la lumière et des couleurs. Même les arrosoirs ont leur allée et sont colorés ! " L’idéal est de venir le matin pour les parfums avec les odeurs de chèvrefeuilles, les roses qui embaument et sentir la fraîcheur sous les bois ", glisse-t-il. Ces mêmes bois où cerfs et biches trouvent aussi refuge.
La liste des jardins ouverts ce week-end
Dans son coin de paradis terrestre, Bruno a même réussi à garder ses buis face aux pyrales avec des produits bio et en les écrasant de ses mains. Ses mêmes mains qui façonnent ses jardins comme un tableau, à l’exemple du chêne qui ouvre sur la forêt de bonzaïs. Il ne reste plus qu’à poser un chevalet. Et tout cela n’a rien de château en Espagne pour cet artisan aux aïeux de sang bleu. Là-haut comme ailleurs, le temps est un luxe avec en prime la nature luxuriante. Preuve s’il en fallait encore de la nécessité de se rendre à son jardin ce week-end, celui-ci vient d’obtenir le prix création du jardin du patrimoine 2018 en Aveyron.
Entrée gratuite. Contact au 06 78 87 72 88. www.artistoparc.fr
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