Huit jeunes migrants livrés à eux-mêmes dans les rues de Rodez
Venus d’Afrique noire, huit jeunes garçons dorment dans la rue depuis vendredi.Ils demandent de l’aide.
Ils viennent de la Côte-d’Ivoire, du Mali, de la Guinée-Conakry, du Burkina-Faso...Huit jeunes garçons, qui se disent tous mineurs - ont atterri à Rodez vendredi.
Depuis, ils vivent dans la rue. Ils ont tous, peu ou prou, la même histoire. « J’ai quitté la Côte d’Ivoire avec ma sœur. Nous sommes passés par le Maroc et l’Espagne où j’ai perdu de vue ma sœur. J’ai continué en France. J’ai toujours pris le train, jusqu’à Toulouse. Là, j’ai demandé à aller dans une petite ville où je pouvais m’orienter car Toulouse est trop grand. Un monsieur m’a alors payé le billet de train et c’est comme ça que je me suis retrouvé à Rodez », explique Junior, 15 ans.
Avec ses compagnons d’infortune (Madmaro, Mamadou, Mohamed, Ibrahim, Babakar), il a trouvé refuge ce week-end, sur une placette, à l’ombre, dans le centre-ville. « Ils dorment par terre et n’ont rien à manger depuis trois jours », s’émeut Marie Puech, de l’association Mom’O chaud.
Dans le quartier, certains habitants leur ont tout de même « donné à manger », témoignent ces jeunes. Hier, en plus de l’association Mom’O chaud, le Secours catholique est intervenu pour leur trouver une solution d’hébergement.Pour cela, l’association caritative les a accompagnés au commissariat afin d’enregistrer leurs identités et ainsi (éventuellement) les orienter vers les services de la protection de l’enfance.
Le dispositif de la prise en charge ayant changé récemment, les jeunes ont appris qu’ils relevaient désormais du numéro d’urgence (le 115).
Des places temporaires
Mais ce service qui dépend de l’État était, hier, dans l’incapacité de les prendre en charge, pour cause « d’un manque de place ». Les associations se sont ensuite rabattues sur les services de la mairie, pour trouver une solution et ce bien que la Ville n’ait pas de compétence en la matière. En vain.
Des dizaines de coups de fils et des heures de palabres plus tard, les jeunes étrangers ont finalement trouvé des places d’hébergement temporaires, grâce aux deux associations.
« C’est très provisoire et précaire car l’orage menace. Demain et tous les jours, nous appellerons le 115 jusqu’à ce qu’ils nous disent qu’ils ont trouvé des places », explique une des bénévoles de Mom’O chaud.
Les services de la préfecture invitent d’ailleurs les associations à œuvrer dans ce sens : « Le département connaît une forte augmentation des arrivées de personnes se présentant comme mineurs.Avant l’évaluation de la minorité par le Conseil départemental, la priorité est la mise à l’abri de ces personnes via les structures d’hébergement d’urgence (115) et s’il n’y a pas de place la personne est invitée à rappeler », soulignent les services de l’État.
Il faut savoir que l’Aveyron a reçu 21 mineurs en 2016, 272 en 2017 et 460 depuis le 1er janvier 2018. Un flux constant et en augmentation.
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