L’Aveyron placé sous l’œil des caméras de vidéoprotection

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Publié le
Salima Ouirni

Millau est en train de déployer ses 41 caméras quand Villefranche a été pionnière. Du nord au sud, le département est quasiment quadrillé par la vidéo, devenue un incontournable de la politique de sécurité des communes. Alliée de la justice, elle est également un auxiliaire de la police.

Aujourd’hui, huit communes possèdent leur dispositif ou sont en train de le déployer, comme la ville de Millau. Espalion, Onet-le-Château et, bien sûr, Rodez, le chef-lieu, ont mis sous surveillance leur population. Même le bourg de Rignac a mis en place quatre caméras sur ses routes communales et carrefours principaux.

À l’instar de nombreuses villes en France, ces communes aveyronnaises se sont engouffrées dans ce dispositif pour - à l’origine - faire baisser les incivilités et lutter contre la délinquance. Et alors que l’argument de lutte contre le sentiment d’insécurité était largement mis en avant lors des conseils municipaux pour rallier les oppositions, il est difficile actuellement d’évaluer cette politique.

Les bilans chiffrés sont plutôt vagues du côté des collectivités. La plupart des mairies sont incapables de donner des éléments précis. « Le sentiment d’insécurité est difficilement mesurable », avoue Jean-Philippe Keroslian, le maire d’Onet-le-Château. « Nous avons des chiffres concernant les incivilités qui sont stables depuis dix ans », répond le maire de Rodez, en se basant sur les mains courantes enregistrées au commissariat. « Nous ne disposons pas de statistiques faisant un lien comparatif entre l’installation des dispositifs et l’activité délinquante », dit pour sa part la préfecture.

Pas de statistiques donc, mais un sentiment largement partagé quant à l’utilité de ces dispositifs. Et pour cause, « la vidéo est devenue un auxiliaire indispensable dans la politique de sécurité », note Claude Assier, premier adjoint à la ville de Millau, en charge de la prévention et de la sécurité publique, entre autres fonctions. « C’est un outil de protection et de prévention qui vient aider la police et la justice », souligne de son côté le premier magistrat castonétois.

« Avec l’aide de la police municipale, on joue notre rôle d’assistance pour faire en sorte que les habitants aient ce sentiment de sécurité car on vit bien à Onet », ajoute l’édile.

« Nous avons déployé une quarantaine de caméras sur la ville.C’est un outil de protection et de prévention qui vient en aide à la police et à la justice », confirme de son côté, Christian Teyssèdre.

« Depuis deux ou trois mois, nous avons élucidé des affaires concernant les atteintes aux biens et aux personnes.Grâce aux caméras, nous avons fait la lumière sur une attaque à main armée chez une coiffeuse », confie Claude Assier.

De plus en plus versées aux enquêtes, les images ainsi enregistrées servent de preuves.Mais auparavant, il faut bien sûr que la justice soit saisie. Ce n’est alors que sur la requête du procureur de la République que la police, ou la gendarmerie, viendra les extraire afin de les analyser et de les utiliser.

La procédure est la même pour les caméras déployées à Rodez. « Elles filment 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Le but est de pouvoir intervenir en cas d’agression, de mouvements de foules, de délits routiers, d’usage de stupéfiants sur la voie publique, par exemple », cite Christian Teyssèdre.

Les fêtes sous surveillance

Les communes font, pour ainsi dire, de la vidéoprotection au quotidien, mais passent à la vidéosurveillance ponctuellement. Serges Roques, le maire de Villefranche-de-Rouergue en atteste. « Nous avons élucidé plusieurs affaires. Les caméras nous ont aidés à mettre hors d’état de nuire de nombreux citoyens devenus néfastes pour la ville. Vraiment, ça nous aide beaucoup, surtout lors des fêtes », confie Serge Roques.

Il faut savoir que la fête de la Saint-Jean est étroitement surveillée. « A Villefranche, depuis le début de l’année, il y a eu 26 réquisitions concernant des incivilités. Pour la fête de la Saint-Jean, en 2017, grâce aux caméras, la gendarmerie a pu confondre plusieurs fauteurs de trouble lors d’une bagarre. La justice a pu prononcer de lourdes peines et une interdiction du territoire aveyronnais, grâce à la réquisition des images », constate-t-on à la mairie de Villefranche.

Grâce aux nouvelles technologies, comme la fibre optique et le très haut débit qui permettent des images infaillibles, les villes comptent aller plus loin dans la surveillance des rassemblements.

« À Rodez, nous allons explorer des solutions pour perdre le moins possible d’images. Nous allons mettre en place 32 points d’enregistrement et une quarantaine d’objectifs.Dans certains points, nous pourrons avoir plusieurs caméras dont certaines tournant à 360°.Ce sont des boules qui sont programmées pour tourner régulièrement, du coup, nous avons une vision globale des sites. Si l’on ajoute à cela la fibre optique au lieu de l’hertzien, on peut dire que l’on aura des images de qualité et zéro perte d’information. C’est sans commune mesure », détaille Pascal Filoé, directeur de la sécurité publique.

Pour ce plan qui se déploiera en deux phases, une première caméra scrutera l’Estivada le 19 juillet. « Au vu de l’affluence attendue, nous allons bien sûr nous faire aider pour cette rencontre qui se fera autour de Francis Cabrel et d’ailleurs », rappelle le premier magistrat ruthénois.

« Nous pourrons surveiller la foule et au moindre incident, donner l’alerte. Nous pourrons, par exemple, prévenir les secours et les diriger à distance et dans la foule pour aller plus vite », ajoute Pascal Filoé.

Des objectifs parfaitement réalisables aujourd’hui. Il faut en effet savoir qu’un PC de visionnage peut être relié à la gendarmerie ou à la police nationale, si besoin.

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