Peter May, à l’encre du roman noir
Succès, échecs, avenir... Le scénariste et écrivain écossais, aujourd'hui installé dans le Lot, se confie.
Son succès auprès des lecteurs anglophones, Peter May le doit à la France et en particulier à Danielle Dastugue, ancienne directrice de la Maison du livre à Rodez et fondatrice des éditions du Rouergue. En 2008, à la Foire du livre de Brive, l’écrivain écossais rencontre l’éditrice. Il lui glisse le manuscrit de son dernier roman.
" Six semaines après, je reçois un coup de fil, raconte Peter May. Danielle Dastugue s’est montrée très intéressée mais en plus, elle voulait en acheter les droits à l’international. Ce qui est rare pour un premier livre. "
"Cela a été compliqué"
L’ancienne directrice de la maison d’édition a eu du flair : L’île des chasseurs d’oiseaux, le premier roman de Peter May paru en France, connaît un vif succès. Les éditeurs britanniques s’intéressent alors à celui que l’on surnomme aujourd’hui le plus français des écrivains écossais.
Car, installé depuis plus de 30 ans dans le sud de la France, à côté de Saint-Céré dans le Lot, Peter May, 66 ans, vit aujourd’hui loin de son Ecosse natale. Une Ecosse, et en particulier les îles Hebrides qui lui ont inspiré trois de ses romans policiers à succès : La Trilogie écossaise qui s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires au Royaume-Uni. Peter May a reçu des dizaines de prix littéraires, français et étrangers.
Avant de connaître le succès, l’écrivain a connu des années difficiles. " Pendant une dizaine d’années, cela a été compliqué. J’ai mis du temps avant de trouver un éditeur. Mais j’ai malgré tout continué à écrire. D’abord journaliste pour le quotidien écossais, The Scotsman - il décroche à 22 ans le prix du jeune journaliste de l’année - il entame ensuite une carrière de scénariste alors que son premier roman est adapté à la télévision.
Collaboration avec la BBC
Peter May est à l’origine de plusieurs séries télévisées et sa collaboration avec la BBC s’avère fructueuse. Durant le tournage d’une série, il passe plusieurs semaines sur les îles Hébrides, qui seront une source d’inspiration pour ses futurs romans.
" Le lieu de l’intrigue est primordial, comme le personnage principal, assure l’auteur écossais. Chaque personnage, chaque lieu définit l’atmosphère du livre. L’histoire d’un certain nombre de mes romans se passe sur des îles. Il y règne une atmosphère particulière, comme dans un lieu clos, propice aux intrigues. "
D’ailleurs, ses romans sont construits comme des scénarios de films. Des dialogues ciselés, efficaces, des chapitres qui s’imbriquent idéalement pour maintenir un suspense jusqu’à la dernière page. Cette discipline dans la construction de son récit, Peter May se l’inflige également pour écrire ses romans.
" Lorsque je commence à écrire un livre, je me lève tous les jours, sans exception, à 6 heures du matin. Je m’impose d’écrire 3 000 mots par jour. Pendant trois ou quatre mois précédant l’écriture, je fais des recherches sur les endroits dont je voudrais parler. Parfois, je me rends directement sur place."
"Un rythme épuisant"
Pour écrire sa série chinoise (six romans au total) où il s’est rendu en Chine afin de suivre le travail de policiers. Cette exigence, Peter May l’a mise dans l’écriture de ses vingt-cinq livres. Mais pourquoi avoir choisi le polar, comme genre littéraire ? " Mon premier livre était un polar et lorsque l’on commence dans un genre, difficile de faire autre chose. Les éditeurs aiment bien coller des étiquettes aux auteurs ", plaisante-t-il. Pourtant, dans certains récits, Peter May n’hésite pas à se frotter à d’autres styles.
Sans jamais trop s’éloigner du roman policier qui a fait son succès. Deux autres sont en préparation. " Ce seront mes derniers, glisse-t-il. J’aspire aussi à me reposer car écrire un livre demande beaucoup d’énergie, de concentration. J’ai aussi beaucoup voyagé pour la promotion de mes livres. Partout à travers le monde. C’est un rythme épuisant. "
Dans sa maison lotoise pleine de charme, Peter May n’en reste pas moins un observateur attentif, toujours prêt à tirer le fil de la petite histoire, pour en tisser une plus vaste comme l’horizon infini qu’offrent les Hébrides.
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