Ils partent à la conquête de l'Arctique avec un drôle de voilier testé en Aveyron

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Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Six années de préparation et deux tentatives pour ce défi ambitieux. Sébastien, Eric et Vincent repartent à trois pour faire progresser ce prototype, hybride d'un catamaran et d’un char-à-glace, capable d´évoluer sur l´eau et sur la banquise.

Son nom ne vous dit peut-être rien, son expédition risque pourtant d’entrer dans les mémoires. Depuis le 19 juin, le Cévenol Sébastien Roubinet a entrepris avec deux équipiers, un voyage inédit dans l’océan Arctique pour montrer l’impact de l’activité humaine sur la fonte des glaces. 

Une aventure de 3000 km qui doit conduire le Gardois de l’Alaska au Spitsberg en passant par le Pôle-Nord. 3000 km à bord d’un drôle de voilier, mélange de catamaran, de char à voile et de traîneau dont le prototype avait été éprouvé en 2013 sur le plateau de l'Aubrac. 

Pour l’occasion, l’Aveyronnais d’adoption (il réside à Cornus dans le Sud du département) expliquait : « Babouchka est comme une libellule posée sur l’océan qui va effleurer la banquise sans perturber le milieu traversé. C’est une plate-forme d’observation unique permettant la récolte de données de premier choix ».

Si les essais en Aubrac sont réussis, la première tentative de traversée de l’Océan Arctique ne connaît pas le même succès. Face aux icebergs, à des conditions météorologiques difficiles et au manque de nourriture, lui et son unique équipier avaient dû se résoudre à l’abandon après deux mois de périple, bientôt secourus par un brise-glace russe. Un crève-cœur reconnaît Sébastien Roubinet : « Je m’étais promis de ne pas repartir. Et puis j’ai réfléchi… » lance-t-il.

Tutoyer le pôle Nord géographique

Le voilà donc de retour quelques années plus tard avec une obsession : « Comment repartir pour être sûr de ne pas utiliser d’assistance ? » Pour y parvenir, le Gardois n’a pas hésité à passer un an au Groenland pour parfaire sa technique de navigation et apprendre à chasser. Une nécessité dont il avait mesuré l’importance lors de sa première tentative : « On voyait les phoques sur la banquise mais on n’avait pas de quoi chasser. »

Pour ne plus se faire surprendre, le navigateur n'a pas lésiné : « J’ai appris à approcher les phoques sans leur faire peur : en combinaison blanche et en marchant doucement, détaille-t-il. Mais aussi à utiliser toute la viande, le foie, la graisse, etc. Parce que tout se mange dans le phoque. »

Eric, Sébastien et Vincent repartent à trois pour faire progresser ce prototype.
Eric, Sébastien et Vincent repartent à trois pour faire progresser ce prototype.

Fin prêt pour relever le défi de la “Voie du pôle”, il a largué les amarres le 19 juin dernier avec deux équipiers. Moins éprouvant physiquement ! Leur objectif : livrer à la science des données essentielles à la compréhension du milieu et son évolution au regard du réchauffement climatique notamment. « Avec ces prélèvements, nous voulons montrer que même dans des zones éloignées de la civilisation, l’activité de l’homme a un impact », insiste-t-il.

« J’ai proposé à des scientifiques de ramener des données sur la pollution car c’est loin de tout mais c’est très pollué, notamment à cause des métaux lourds et de l’antimoine, développe l’explorateur. Nous allons aussi travailler sur l’épaisseur de la glace. » 

La petite équipe va ainsi faire des mesures d’épaisseur de glace, de l’imagerie et envoyer une sonde à plusieurs centaines de mètres de fond pour mesurer la salinité et la température... Tout ça en lien avec le CNRS de Toulouse qui suit de très près cette épopée.  

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