Tout ce que vous ignorez sur la place Emma-Calvé, à Rodez
Denys Puech voulait un musée des Beaux-Arts dans l’environnement du chevet de la cathédrale. Mais Emma Calvé va proposer une autre solution...
Si l’on peut aujourd’hui apprécier la vue sur le chevet de la cathédrale, ce ne fut pas toujours le cas. Longtemps, remises et granges jouxtent l’édifice religieux, au point que l’un des propriétaires, vers 1840, demande réparation à l’État pour les dommages causés par l’eau ruisselant des gargouilles sur son hangar !
Mais les édiles ruthénois du XIXe siècle encouragés par l’élan hygiéniste de l’époque et les prémices de mise en valeur du patrimoine, vont peu à peu libérer les abords de la cathédrale en commençant par la démolition de la porte médiévale Saint-Martial.
C’est paradoxalement un projet de construction qui entraînera la création d’une place à l’est de la cathédrale. En 1906, le sculpteur Denys Puech, au faîte de sa gloire, propose à la ville une dotation financière, et une grande partie de ses œuvres pour la construction d’un musée des Beaux-Arts ; la municipalité ruthénoise réfléchit alors à plusieurs emplacements : sur la place d’Armes, au marché couvert (actuelle place Eugène-Raynaldy) ou encore à l’ouest du jardin du foirail, aujourd’hui occupé par le musée Soulages ! Finalement c’est proche du chevet de la cathédrale que l’on choisit d’implanter le futur musée.
L’architecte ruthénois André Boyer imagine un édifice de plan carré avec quatre élévations sur rue et un pavillon d’angle pour l’entrée. Le rez-de-chaussée est réservé à la sculpture, tandis que l’étage doit être dédié aux peintures éclairées par un plafond vitré. La municipalité acquiert la maison dite Bertrand, située entre la rue du Terral et la place François-d’Estaing, afin d’implanter le musée à son emplacement.
Mais la grande cantatrice aveyronnaise Emma Calvé s’oppose à la construction du musée à cet endroit. Elle prône l’aménagement d’une place permettant de dégager le chevet de la cathédrale et d’en admirer l’architecture. Elle adjoint à ses arguments urbanistiques un don de 20 000 francs à la Ville si le conseil renonce, non à créer le musée, mais à le bâtir à cet emplacement.
À peine cette réclamation formulée, le conseil municipal décide d’accepter à l’unanimité l’offre de la " généreuse bienfaitrice " chaleureusement félicitée. Le plateau Sainte-Catherine est finalement retenu. La première pierre du musée Denys-Puech est posée le 26 avril 1908. Le lendemain, le conseil municipal prend la délibération suivante : " Considérant que Mme Emma Calvé par son prodigieux talent que les grandes villes du monde entier ont applaudi et admiré, par ses nombreuses largesses et libéralités s’est pour toujours rendue célèbre et s’est acquise à jamais la reconnaissance de ses compatriotes ; considérant que l’auréole de sa gloire rejaillit en rayons lumineux sur son pays natal, qui se déclare fier d’un aussi illustre enfant, décide de donner le nom d’Emma Calvé à l’emplacement rendu libre, à proximité de la cathédrale, par la démolition de la Maison Bertrand. "
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