Alain Layrac, l’écriture dans la peau

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Publié le
Paulo Dos Santos

Alain Layrac écrit comme il respire ; et respire le cinéma à pleins poumons. Rencontre avec le scénariste natif de Decazeville.

C’est tout sauf un hasard, teinté d’un peu de chance quand même. Alain Layrac écrit comme il respire ; et respire le cinéma à pleins poumons. Cela remonte d’ailleurs à aussi loin qu’il puisse s’en rappeler. " J’ai toujours eu cette passion extrême pour le cinéma, mais également pour la lecture ", explique celui qui est aujourd’hui un scénariste (re)connu au sein du septième art.

Le natif de Decazeville, en 1965, a très vite usé les fauteuils (dont certains ont rejoint sa maison estivale de Pareloup) des trois cinémas de la ville. Quand il n’est pas devant un écran géant, il couche déjà des mots sur du papier.

À 16 ans, il signe son premier scénario - " La mort de Paul ", " un roman très noir " - dont le succès restera dans le cadre familial. " Comme tous les jeunes de mon âge, j’avais ce côté rebelle et un peu sombre. Au cinéma, la vraie vie, je la trouvais finalement dans les fictions. " Une thérapie pour exorciser peut-être un mal enfoui ? Même pas, elle viendra, malheureusement, un peu plus tard après des circonstances douloureuses.

Pour ses études universitaires, Alain Layrac se rend à Paris : un Deug de sciences sociales afin de rassurer les parents d’un côté, la fac de cinéma à la Sorbonne de l’autre. Il a 20 ans, la vie devant lui. Hélas, pas son frère, Philippe, 19 ans, victime d’une leucémie. " Pour la fin de mes études, je pouvais rendre un mémoire sous la forme d’un scénario de long-métrage. Curieusement, j’ai écrit une comédie ; j’en avais besoin. J’avais une espèce d’énergie débordante. C’était sûrement ça ma thérapie, écrire des comédies..." La chance a fait le reste.

Il multiplie alors les courriers avec son scénario et attire l’attention d’un producteur de renom, Alain Poiré. " Il m’a dit un jour qu’il ne lisait jamais les manuscrits. Là, à la suite d’un rendez-vous annulé, pour tuer le temps, il a pris le premier qui se trouvait sur la pile de son bureau. C’était le mien ! "

Des rencontres décisives

À 22 ans, le Decazevillois met ses deux pieds chez Gaumont. " Cela m’a permis de croiser des gens qui pouvaient me faire avancer dans le milieu, comme le réalisateur et scénariste Gérard Lautner (" Les tontons flingueurs ", " Le professionnel ", " Les barbouzes "...). Durant les premiers mois, on m’a demandé de faire de la lecture de scénarios, tout cela avec un stage au Centre national de la cinématographie. Le “must” pour moi. "

Comme il le rappelle souvent, son parcours a été jalonné de rencontres qui ont eu des incidences sur sa carrière. Celle avec Danièle Thomson en fait partie. La fille du réalisateur Gérard Oury (" La folie des grandeurs ", " La grande vadrouille ", " Le corniaud "...) cherche un scénariste pour une série dérivée de " La Boum ". " Faute de financement, cela n’a pas pu être mis en place mais, avec elle, j’étais accrochée à la bonne locomotive. "

Effectivement, à sa demande, Alain Layrac crée des personnages pour une série intitulée " Génération 16-20 ". " Au départ, il ne devait y avoir que trois épisodes. Le titre a finalement changé pour “Une famille formidable”. " C’était en 1992. La série est toujours là, mais sans Alain Layrac qui continue néanmoins à toucher des royalties après avoir écrit la saison 1 et quelques-uns des épisodes de la suivante.

Sa route était désormais toute tracée. Il écrit pour le cinéma, envoie de nouveau son scénario par La Poste et intègre finalement une boîte de production, Ciby 2000, avec " Le père de nos enfants ". " Le film n’a jamais été réalisé mais j’ai vendu le texte à trois reprises ! C’est une des nombreuses bizarreries de ce monde-là. Cela m’a surtout permis de me faire un nom dans le milieu. "

Alain Layrac,l’écriture dans la peau
Alain Layrac,l’écriture dans la peau TF1

Pareloup, un lieu vivant

Il fait la connaissance du réalisateur Gérard Krawczyk. " Il me demande un scénario où l’action se passe dans une ville minière. Je l’écris sans savoir qu’un jour le film serait tourné à Decazeville ! “Héroïnes” n’a pas rencontré un gros succès à sa sortie en 1997. Mais, depuis, il est très souvent diffusé à la télé. Et on continue de m’en parler très souvent. "

Durant l’écriture, Alain Layrac fait découvrir l’Aveyron et surtout Decazeville à Gérard Krawczyk. " Nous nous retrouvions le samedi soir dans des bals à prendre des notes afin de coller au mieux aux personnages ! Nous nous sommes fâchés avant le tournage mais je lui suis reconnaissant d’avoir tout fait pour réaliser le film chez moi. " " Chez moi ", deux mots qu’il emploie souvent lorsqu’il parle de Decazeville, certes, mais également de Pareloup. C’est là, désormais, avec vue sur le lac, qu’il a trouvé son havre de tranquillité, " un lieu vivant ".

" J’ai besoin de me retrouver là durant les deux mois estivaux. Mes parents avaient acheté cette maison en 1968. Nous y venions tous les étés. Depuis, je l’ai agrandie de deux autres bâtisses voisines, l’une pour ma mère et l’autre pour moi, qui est en quelque sorte mon bureau. J’ai des amis qui passent mais tous savent qu’entre 13 heures et 17 h 30, je suis sur mon ordinateur. " 

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