Pour les vendanges en Aveyron, il faudra encore patienter

C’est quand les vendanges ? Dès que le mois d’août pointe ses chaleurs, la question brûle beaucoup de lèvres. La réponse ne sera pas satisfaisante car le calendrier est (encore) trop flou...

" C’est trop tôt pour se prononcer précisément, confirme Philippe Teulier. Mais, l’enfant se présente bien ". Tout en ayant une pensée pour deux vignerons impactés la semaine dernière par un épisode de grêle très localisé (Conques et Saint-Cyprien), le président du syndicat des vins de Marcillac dresse un état des lieux de la situation sur le territoire de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) : " Il y a des souches qui souffrent de la chaleur et le mildiou ne nous a pas épargné mais on s’en tire bien par rapport à d’autres régions. La qualité est au rendez-vous et les volumes devraient être suffisants ".

Celui qui vient de décrocher un marché pour la Russie, avec quatre palettes (de la cuvée Vieilles vignes en particulier) parties cette semaine à destination des restaurants et des cavistes de Moscou, pronostique que " la récolte devrait avoir lieu début octobre pour le rouge ". Qui décide ? Un membre du syndicat effectuera, mi-septembre, des prélèvements sur des parcelles références afin de connaître la richesse en sucre et l’acidité des raisins. Cette analyse permettra de fixer alors la meilleure date, laquelle sera communiquée à la préfecture pour que le représentant de l’état publie " le ban des vendanges ". " C’est un garde-fou de la part du syndicat pour dire que, avant, le raisin n’est pas mûr, précise Philippe Teulier. Chaque vigneron procède à sa guise. Ce n’est pas parce que la vitesse est autorisée jusqu’à 130 km/h qu’il faut rouler aussi vite ! ". D’ici le coup d’envoi, il croise les doigts pour " du soleil et un peu d’eau ".

Le volume n’y est pas à Millau

A Entraygues, Laurent Mousset, un des cinq vignerons indépendants, est affirmatif : " Le blanc fin septembre et le rouge mi-octobre. Pour l’instant, même si le mildiou a fait quelques dégâts, il n’y a pas eu de grêle et la récolte devrait être correcte ". La situation semble identique à quelques kilomètres de là à Estaing, qui a perdu Karine Scudier, son maître de chai, partie au printemps.

Dans le Sud-Aveyron, le moral est au beau fixe. " On a une dizaine de jours d’avance ", estime pour l’instant Ludovic Bouviala. Du coup, le président du syndicat des vins des Côtes de Millau, qui regroupe quatre vignerons indépendants - alors que la cave coopérative compte une petite dizaine d’adhérents - , envisage les vendanges pour le 20 septembre. En tout cas pour les rouges, avec trois cépages principaux : gamay (qui atteint déjà 10°), syrah et cabernet sauvignon. Pour les blancs (chenin et mauzac), il faudra patienter un peu : " Disons début octobre. On a le temps car on travaille désormais pour des vins avec plus de rondeur et moins vifs qu’à une époque ".

Après une petite année en 2015, une excellente en 2016 et un millésime 2017 catastrophique avec des pertes allant de 40 à 60 % à cause, notamment, de la grêle, 2018 s’annonce " d’une très belle qualité ". " Même si certains ont été impactés par le mildiou, regrette Ludovic Bouviala. En revanche, le volume n’y est pas. On pensait faire mieux mais la quantité sera juste normale. On ne dépassera pas les 50 hectolitres à l’hectare. On devra peut-être même se contenter de 45 ! ". Et le propriétaire du Domaine du Vieux Noyer, installé sur 32 des 60 hectares de l’appellation Côtes de Millau à Boyne sur la commune de Rivière-sur-Tarn, de préciser sur le sujet : " On ne peut pourtant pas se permettre une cuvée moyenne car on vend plus que ce qu’on récolte ".