En Saône-et-Loire, des centres de santé départementaux contre la pénurie de médecins

  • Dans une rue calme du centre-ville de Chalon-sur-Saône, un centre de santé flambant neuf, ouvert en avril, ne désemplit pas.
    Dans une rue calme du centre-ville de Chalon-sur-Saône, un centre de santé flambant neuf, ouvert en avril, ne désemplit pas. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Dans une rue calme du centre-ville de Chalon-sur-Saône, un centre de santé flambant neuf, ouvert en avril, ne désemplit pas. C'est l'un des quatre "centres territoriaux" du département de Saône-et-Loire, qui salarie des médecins généralistes pour lutter contre la désertification médicale.


Dans la salle d'attente, Cécile n'avait pas de médecin traitant depuis son arrivée dans la ville il y a quatre ans. "J'ai appelé ce matin à 8h30 et j'ai obtenu un rendez-vous dans la matinée", raconte, satisfaite, la jeune femme de 27 ans.

Chaque jour, quatre heures du planning sont ainsi réservées aux consultations de dernière minute. Et quand il n'y a plus de place, les patients peuvent se rendre à l'antenne de Champforgeuil, à 5 kilomètres, ouverte 20 heures par semaine.

Huit mois après l'ouverture du premier centre de santé à Digoin, ville d'environ 8.000 habitants, trois autres sites ont vu le jour, ainsi que quatre antennes sur 45 prévues à terme.

L'idée pourrait essaimer au delà du département: la réforme de la santé présentée par Emmanuel Macron le 18 septembre prévoit d'installer 400 médecins salariés dans les déserts médicaux.

A Chalon sur-Saône, la secrétaire n'a pas le temps de souffler: elle oriente les visiteurs qui défilent, pour une consultation, un rendez-vous, une ordonnance, tout en répondant aux nombreux appels.

Le site est celui qui connaît la plus grosse activité, car la pénurie de médecins ne touche pas seulement les zones rurales et la ville, pourtant la plus peuplée du département avec ses 45.000 habitants, a aussi été identifiée comme zone prioritaire.

Le Dr Sophie Bricout, 55 ans, note que les patients sont satisfaits "d'avoir à nouveau un médecin". Salariée du département depuis avril, elle apprécie de pouvoir échanger avec d'autres médecins et d'avoir de l'aide pour les tâches administratives.

- 39 heures maximum -
Arrivé depuis deux semaines après un an et demi en cabinet, le Dr Abderrahim Fellague-Chebra, met lui aussi en avant le travail en groupe et les temps de concertation prévus dans l'emploi du temps.

"Pour les prises en charge un peu complexes, on se réunit à deux, trois ou quatre médecins pour discuter de ce qu'on peut faire, avoir plusieurs avis... C'est un plus pour le patient et cela enrichit nos pratiques".

Les centres emploient aujourd'hui 16 médecins généralistes, exerçant au maximum 39 heures hebdomadaires pour une rémunération mensuelle de 4.500 à 6.000 euros nets. Ils seront 30 d'ici la fin de l'année, tous déjà recrutés.

"La bonne surprise est que nous avons recruté plus vite que prévu", se félicite le président du conseil départemental André Accary, initiateur du projet.

"Les choses vont très vite, ce qui demande d'ailleurs quelques ajustements logistiques", ajoute Marie-Pierre Colin, médecin généraliste, embauchée comme conseillère technique. "Nous souhaitons ouvrir 10 postes de médecins supplémentaires et nous pensons déjà à transformer l'antenne du Creusot en centre territorial car il y a beaucoup de monde."

Le département prévoit en outre d'ouvrir un cinquième centre à Mâcon pour lequel il demande une reconnaissance comme "centre de santé universitaire".

Ce serait "une première en France" qui permettrait "d'accueillir des médecins stagiaires", affirme André Accary, dont la collectivité a investi 2 millions d'euros pour démarrer et vise l'équilibre d'ici 3 ans. Les communes et intercommunalités financent quant à elles les locaux.

"L'échelle départementale nous donne une grande souplesse et nous permet de nous développer au plus près des besoins", fait valoir M. Accary, qui espère avoir "résolu" le problème de désertification médicale en Saône-et-Loire au printemps 2019. "Grâce à notre maillage territorial, chacun pourra trouver un médecin à moins de 30 minutes de chez lui".

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