Decazeville : le chanteur d'I Muvrini armé pour la non-violence

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Publié le , mis à jour
GDM

L’artiste Jean-François Bernardini, chanteur du célèbre groupe corse "I Muvrini", donnera une conférence-débat, lundi, à 20 h 30, à la salle Yves-Roques de Decazeville, sur le thème "Non-violence, un équipement de vie".

Jean-François Bernardini, chanteur du célèbre groupe corse I Muvrini, mais aussi président de la fondation corse AFC-Umani, sera de retour en Aveyron ce lundi, un an et demi après son intervention à Rodez. Lundi, à 20 h 30, il donnera une conférence-débat à la salle Yves-Roques, à Decazeville, sur le thème "Non-violence, un équipement de vie".

 

Quels liens avez-vous avec l’Aveyron ?

Les liens se construisent pour peu que nous apportions de bonnes graines. Nous sommes dans le milieu éducatif, les demandes viennent de notre travail d’ensemencement à la culture de la non-violence, partout en France et en Suisse. Les mouvements alternatifs non violents sont aussi implantés en Aveyron. Tout cela converge.

Depuis quand intervenez-vous sur la non-violence ?

Nous avons lancé le programme en 2011. Umani est une petite ONG européenne, passionnée de solutions, qui a osé inscrire ce programme d’action dans ses missions pour servir le bien commun : la terre nourricière, les solidarités, la non-violence qui trouve un développement comme nous ne l’aurions jamais imaginé.

"Un équipement de vie ?"

La non-violence est une inconnue, et donc réduite à quelque chose de ridicule : c’est Bisounours, une lettre au Père Noël. En fait, nous parlons d’une boussole, d’un outil, d’une philosophie qui augmente la force d’un individu, la force citoyenne, la force relationnelle et un outil politique au sens où la non-violence peut renverser les dictateurs et faire bouger les choses : Rosa Parks contre la ségrégation, le mur de Berlin, le Larzac. C’est parler d’une inconnue dans un contexte où la violence est banalisée, sacralisée, prestigieuse, au premier rang de l’industrie du divertissement. Dans les films vus par nos enfants, le héros est quelqu’un qui tue ou qui frappe. On devient alors adepte de ce réflexe visant à ne régler le conflit qu’avec la violence ; et si tu n’es pas violent, c’est que tu es lâche. La non-violence, c’est apprendre à être soi, à réguler le conflit. Un conflit, ce n’est pas que la guerre, cela peut être une occasion de progrès.

Que préconisez-vous ?

Cela relève d’abord de la connaissance de soi. Nous avons un bolide entre nos deux oreilles : le cerveau, un ordinateur ultrapuissant. Si je ne le connais pas, cela peut être un bulldozer qui écrase tout, un volcan qui explose. Puis, c’est la question de la communication : les mots sont des fenêtres ou des murs. Il faut s’équiper pour le conflit, il y en aura dans toute notre vie. Or, nous ne sommes pas éduqués pour le confit : soit on s’écrase (résignation, passivité), soit priorité est donnée à la violence. Dans les deux cas, on est perdant. La conférence est une détox dans ce monde qui tous les jours nous fait ce chantage : si tu n’es pas violent, c’est que tu es lâche. La non-violence est un vaccin qui n’est pas distribué. Car la violence est un marché lucratif.

Quels sont les retours ?

Cet outil de non-violence a déjà touché plus de 52 000 personnes. J’ai donné 400 conférences. Les retours sont extraordinaires. Les 9, 10 et 11 novembre prochain, l’École normale supérieure de Paris organise trois jours sur la non-violence. L’IUT de Saint-Denis dans le 93 propose des modules sur la non-violence à ses étudiants, dans un pays où il n’y a pas une seule chaire universitaire dédiée à cette discipline pourtant enseignée dans de grandes universités dans le monde entier.

Selon vous, faut-il légiférer ?

On pourrait imaginer un brevet de non-violence. Mais la lame de fond, la révolution silencieuse qui est en train de s’opérer, reste plus efficace. On peut soi-même éteindre une télé au contenu violent. On pourrait avoir des centaines, des milliers de collégiens et de lycéens mobilisés sur le temps scolaire avec des enseignements suffisamment intelligents. 700 000 élèves se disent victimes de violences. Nous paierons le prix social de cela. Les blessés blesseront, les humiliés humilieront. Et s’ils ne sont pas équipés, le raisonnement restera j’ai mal, je fais mal. Je souffre, je fais souffrir. On le retrouve dans les rues. J’ai vu la tragédie qui s’est passée à Rodez récemment. Un homme, en tension extrême, qui s’était vu retirer son chien, a tué un père de famille, un honnête homme. Une famille paie la note. La société paie la note.

Avez-vous constaté une évolution positive en Corse ?

Il y a eu un dépôt d’armes. Ce n’est pas un hasard si la Corse qui a subi des violences et répondu par des contre-violences porte aujourd’hui la non-violence un peu partout. Quand vous avez vécu cela dans votre chair, on est vacciné de ce poison qui prétend libérer mais ne libère pas durablement. L’ennemi de la non-violence n’est pas la violence, c’est la résignation, l’injustice et le mensonge. La violence est une énergie. Sauf que la non-violence propose de discuter sur les moyens de lutte. Gandhi disait "Je préfère la violence à la lâcheté mais la non-violence est beaucoup plus efficace". Il faut s’équiper, ce qui est différent de changer de bulletin de vote ou de représentants politiques. Maintenant, il faut construire et proposer des solutions. Je ne crois pas à la fée électorale ni à la fée indépendance, je crois aux passionnés de solutions qui, jour après jour, pas après pas, construisent. Les défis qui nous attendent en Corse sont les planétaires. Nous sommes tous dans la même barque, il faut trouver des solutions ensemble. La non-violence est une bienvenue. Elle fait briller les yeux des juniors et des adultes.

 

Conférence-débat lundi, à la salle Yves-Roques. Entrée gratuite. Contact au 05 65 43 95 00.

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