La "maison des sons" de Pierre Henry à Paris ferme ses portes

  • Plus d'un an après sa mort, son épouse s'apprête à rendre les clefs du lieu de vie et de création à Paris du père de l'électro-acoustique, qui y donnait de nombreux concerts.
    Plus d'un an après sa mort, son épouse s'apprête à rendre les clefs du lieu de vie et de création à Paris du père de l'électro-acoustique, qui y donnait de nombreux concerts. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Les bandes magnétiques ont quitté la "maison des sons" du compositeur Pierre Henry.

Plus d'un an après sa mort, son épouse s'apprête à rendre les clefs du lieu de vie et de création à Paris du père de l'électro-acoustique, qui y donnait de nombreux concerts.

"On rend les clefs avec un concert", indique à l'AFP Isabelle Wanier, l'épouse du compositeur de la mythique "Messe pour le temps présent", décédé en juillet 2017.

Cinq oeuvres, extraites d'un marathon de 26 heures de musique réalisé il y a 50 ans, seront jouées mercredi soir à la Gaieté Lyrique, à Paris.

Louée par le couple pendant 47 ans, la maison située dans l'est parisien (XIIe arrondissement) "était une oeuvre d'art en soi. Une maison entièrement dévolue à la musique et au son". Pierre Henry "y a créé plus de 200 oeuvres" et y a installé son premier studio d'enregistrement.

Entre 1996 et 2010, le compositeur y donnait régulièrement des "concerts privés" accessibles à une cinquantaine de spectateurs par soirée. Près de 10.000 mélomanes ont assisté à ces représentations.

"La maison était complètement ouverte. Dans chaque pièce, il y avait entre huit et dix haut-parleurs", se souvient Bernadette Mangin, sa fidèle assistante-son.

Le nom de Pierre Henry reste attaché à la "musique concrète" (bruits ou sons enregistrés) fondée par Pierre Schaeffer (1910-1995), à laquelle se rattachent la plupart de ses oeuvres.

"Il avait enregistré des milliers de sons, d'eau, d'oiseaux, d'orage... Et des sons qu'il créait dans son studio avec ses instruments. Il les connaissait tous par coeur."

Quand le propriétaire a cédé la maison à un promoteur, plus de 10.000 amis et admirateurs avaient signé une pétition adressée à la ministre de la Culture et à la maire de Paris Anne Hidalgo, pour la "sauver".

La mobilisation n'aura pas suffi, mais une grande partie des instruments et oeuvres du musicien, l'un des grands inspirateurs de l'électro, restera dans le 12e arrondissement, dans un local loué depuis septembre et qui devrait ouvrir au public.

Y seront notamment exposées les "peintures concrètes", assemblages de fragments de vieux appareils d'enregistrement ou de mixage sur des panneaux de bois, ou encore le "piano qui chante", un instrument renversé avec des hauts-parleurs à la place des cordes.

Les 14.000 boîtes de bandes magnétiques seront quant à elles transférées à la Bibliothèque nationale de France (BNF) où elles seront numérisées. Une application numérique permettra de visiter la maison en réalité virtuelle.

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