Pourquoi les producteurs bio vont manifester à Toulouse ?

  • Les producteurs s’inquiètent du désengagement de l’état
    Les producteurs s’inquiètent du désengagement de l’état AFP
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Centre Presse Aveyron

'On a l’impression que l’on veut tuer dans l’œuf toutes nouvelles initiatives", explique l’Apaba.

"Protester contre le manque de soutien de l’Etat et la baisse des subventions qui fragilise un secteur concernant 782 exploitations en Aveyron." Jeudi, à 11 heures les agriculteurs bio manifesteront devant la préfecture de région, place Saint-Etienne à Toulouse. Une mobilisation exceptionnelle pour réclamer, notamment, que l’état garantisse son engagement pour la promotion et le soutien de l’agriculture biologique.

"Cette année, les subventions de l’état ont été diminuées de 86 % pour parvenir à 4,30 € par ferme bio aveyronnaise. L’état s’est particulièrement retiré des actions de structuration des filières", ont déploré les acteurs de l’Apaba. 

Ceci obligeant les groupements de producteurs à s'organiser pour approvisionner eux-mêmes les distributeurs et la restauration collective en produits bio.

Mais ce n’est pas tout : l’enveloppe dédiée aux différents réseaux soutenant la filière a été divisée par trois en deux ans alors que le nombre d’agriculteurs augmentait de 20 % sur la même période.

"Des débouchés importants"

"Par exemple, l’an dernier nous avions une enveloppe de 25 000 €. Cette année, elle n’est plus que de 3 400 €", déplore Aude Dutay, directrice de l’Apaba.

Et bien que les agriculteurs bio représentent 14 % des agriculteurs d’Occitanie, les fonds spécifiques dédiés n’atteignent que 4 % de la totalité du budget agricole octroyé par l’état en région. Autre motif d’inquiétude : le retrait de l’objectif de 20 % en produits bio dans la loi EGalim, issue des États généraux de l’alimentation.

"Cet objectif aurait garanti aux producteurs des débouchés importants", rappelle Aude Dutay. Outre les retards considérables de paiement des aides à la conversion (2 à 3 ans de délai), ce qui fragilise les exploitations, la diminution drastique des subventions d’aides aux structures qui permettent aux producteurs de s’organiser pour livrer la restauration collective en produits bios locaux fragilise encore la filière. Sans compter l’arrêt des aides au maintien en agriculture biologique par l’état, toutefois maintenues par la Région en 2018.

Pour Aude Dutay, il est clair "que l’on veut faire entrer les petits producteurs dans le moule de la grande distribution". "Les plus petites exploitations ne pourront plus répondre à la demande. On a l’impression que l’on veut tuer dans l’œuf toutes nouvelles initiatives", poursuit la directrice de l’Apaba.

Malgré tout, le soutien à l’agriculture biologique reste une priorité de la politique agricole de la région Occitanie, qui vient de lancer une large consultation citoyenne pour élaborer son futur plan Alimentation. La Région a par ailleurs inscrit près de 3 M€ en 2018 pour son nouveau Plan Bi’O 2018-2020.

 

Le vin bio, une tendance qui se confirme dans le Marcillacois

Aujourd’hui, 24 vignerons cultivent leurs parcelles de façon bio. Pour une surface de 82 ha, la production a augmenté de 3 % en 2016. Pour Philippe Teulier, président de l’AOP Marcillac, cette tendance ne va pas cesser « de se confirmer ». « Nos producteurs sont tous déjà très sensibles à cette démarche, poursuit-il. S’ils ne sont pas tous bio, ils sont dans une démarche de production raisonnée. Les consommateurs sont aussi demandeurs de produits moins chargés en produits phytosanitaires. Et c’est normal. » 
De plus, le cépage marcillacois, le fer-servadou « est plutôt résistant. Il n’est donc pas nécessaire de le traiter outre mesure », complète Philippe Teulier.
Seulement, le relief du Marcillacois « ne se prête guère aux aménagements. Avec les terrasses, c’est toujours compliqué de ne pas mécaniser les vignes. »

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