Le ciné-concert, un spectacle qui séduit de plus en plus

  • Après Strasbourg, le ciné-concert Star Wars ciné sera à la Philarmonie de Paris en 2019 Après Strasbourg, le ciné-concert Star Wars ciné sera à la Philarmonie de Paris en 2019
    Après Strasbourg, le ciné-concert Star Wars ciné sera à la Philarmonie de Paris en 2019 Courtesy of La Philharmonie de Paris
Publié le
Relaxnews

(AFP) - Revoir "Star Wars" ou "2001 Odyssée de l'espace" avec un orchestre symphonique jouant la bande originale... A mi-chemin entre concert et séance de cinéma, ce type de spectacles séduit de plus en plus et permet d'ouvrir la musique classique à une plus large audience.

C'est une standing ovation des presque 5.000 spectateurs du Zénith de Strasbourg qui a accueilli samedi soir la dernière note du générique final du premier opus de "Star Wars".

"C'est génial, on est dans une ambiance de cinéma, mais décuplée", s'enthousiasme François, 44 ans.

"On l'a en DVD à la maison, mais c'est mieux avec un vrai orchestre, il y a des impressions qui viennent que je n'avais jamais eues avant", raconte son fils, Benjamin, 8 ans et demi.

Pendant plus de deux heures, le public, aux âges très variés, est resté concentré sur les aventures de Luke Skywalker et Dark Vador, captivé par la musique grandiloquente de John Williams, jouée en direct par quelque 80 musiciens de l'orchestre symphonique de Mulhouse.

"La principale difficulté est la synchronisation avec le film, car on n'a aucune marge de manœuvre, contrairement à un répertoire symphonique ou lyrique", explique le violoniste David Zuccolo.

Seul le chef d'orchestre, Thiago Tiberio, voit l'écran géant qui surplombe l'orchestre et doit en permanence jongler entre le film et les partitions pour une coordination parfaite entre la musique, le son des effets spéciaux et les dialogues.

"John Williams est un vrai musicien qui connaît la musique classique, ce n'est pas juste de la musique d'accompagnement. C'est une partition délicate à travailler", détaille l'altiste Clément Schildt, "fan depuis toujours" de la saga intergalactique.

Selon lui, les ciné-concerts "font désormais partie du travail de l'orchestre symphonique" et "permettent de décloisonner" la musique classique.

- Musique facilement reconnaissable -
"Il ne s'agit pas d'éliminer le concert classique, mais de diversifier le genre d'approche", compte tenu des goûts du public favorisant "tout ce qui va vers le ludique", confirme Laurent Bayle, à la tête de la Philharmonie de Paris.

Avec à la clé, l'ouverture à de nouveaux publics.

Comme d'autres salles parisiennes (le Grand Rex, la Seine Musicale...), la Philharmonie propose plusieurs fois par an ce type de spectacle attirant notamment les familles.

Mais "un orchestre n'est pas un substitut au cinéma, si vous lui faites ça pendant un an, il est en charpie. Pour vivre, un orchestre doit jouer des symphonies entières", prévient M. Bayle.

Avant d'être accolés à des blockbusters et des films-culte, les ciné-concerts sont nés avec le cinéma muet, où les images étaient accompagnées par les notes d'un piano, parfois par un orchestre.

Une pratique qui a disparu avec l'arrivée du parlant, avant de revenir il y a une dizaine d'années, portée par la nostalgie ambiante et le succès des musiques de films.

La renommée de compositeurs comme Ennio Morricone, John Williams, Hans Zimmer ou encore Alexandre Desplat (oscarisé l'an dernier pour "La forme de l'eau") a contribué à donner ses lettres de noblesses à un art longtemps jugé mineur avant d'être reconnu à part entière. A tel point que ces "maestros" sont aujourd'hui régulièrement sur scène, où ils donnent une nouvelle jeunesse à leurs compositions.

"La musique de film, c'est de la musique classique", se plait à dire le violoniste Renaud Capuçon, qui vient de sortir un disque témoignant de sa passion pour le 7e art et les musiques l'accompagnant.

Mais pour qu'un ciné-concert soit un franc succès, le nom du compositeur ne suffit pas, il faut aussi une musique facilement reconnaissable, en plus des entrées au box-office.

"Si vous commencez à partir sur des films plus mineurs, où la musique a un sens moins fort sur la dramaturgie, on va amoindrir l'impact" des ciné-concerts, estime le président de la Philharmonie, craignant à terme une banalisation de ces spectacles.

"Mary Poppins", "Singin' in the rain", "Nosferatu"... "Aujourd'hui, on mange notre pain blanc car on fait des expériences avec quelques films cultes".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?