Affaire d'Ayssènes : tortures et barbarie dans un contexte psychiatrique partagé

  • L'avocat général Bernard  Salvador et le conseil de la victime, Me Alexandra Gosset.
    L'avocat général Bernard Salvador et le conseil de la victime, Me Alexandra Gosset. Photo JAT - CPA
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Christophe Cathala

Seule sur le banc des accusés, Sabrina a-t-elle agi sous l'influence de sa mère ? Ou de ses troubles psychiatriques ? Ou de l'abus de médicaments ou d 'alcool ? Les deux femmes ne se sont-elles pas retrouvées dans leur dessein criminel ? Les experts se sont employés à éclairer, sans nécessairement y parvenir, la cour et les jurés ce mardi matin, aux assises de l'Aveyron.  

Leurs séjours psychiatriques cumulés depuis plusieurs années mettent en lumière les comportements des trois protagonistes (les deux accusées et leur victime) de l'affaire jugée en assises depuis lundi. La cour et les jurés, ce mardi matin, sont entrés un peu plus en profondeur sur le contexte assez particulier qui ont conduit aux faits de séquestration, torture et barbarie dont répond  Sabrina, seule aujourd'hui sur le banc des accusés, pour reconnaître sa participation aux faits. On le sait, sa mère, co-accusée avec elle, est décédée en août. Et Laurent, victime de leurs agissements, n'est pas présent à l'audience. 

Comportement bipolaire

Sabrina a-t-elle été sous l'emprise de sa mère, Claudine, au moment des faits ? La question a animé les débats une large partie de la matinée avec l'audition des experts psychologues qui, chacun à leur tour, ont évoqué la peur suscitée chez la jeune accusée de 31 ans par cette mère "maniaco-dépressive", "probablement bipolaire" et qui réfutera (en audition avant son décès) toute emprise sur sa fille.  Cette dernière, d'ailleurs, varie dans ses versions, évoque au fil de ses entretiens avec les experts, son état  psychiatrique pour expliquer son passage à l'acte. Une "déresponsabilisation"  soulignée par l'avocat général qui pointe l'esprit manipulateur de l'accusée dont la "pauvreté intellectuelle" ne peut être précisément  confirmée par les experts.   Alors, qui est vraiment à la manoeuvre dans ce gîte d'Ayssènes pour séquestrer Laurent, lui infliger des actes de tortures et barbarie ce 25 janvier 2016 ? Probablement les deux femmes, dont le parcours est jalonné de rivalité, de jalousie, de manque d'affection, mais qui ont profité de la fragilité de leur victime,dont les médicaments altèrent les défenses, "pour se mettre en complot, ensemble". 

Expliquer l'acharnement

Leurs auditions par les gendarmes viendront le souligner à l'heure de l'étude des faits. Chacune d'elles, alternativement, a porté des coups à Laurent. Casserole, poêle, couteau à pain et couteau de charcutier plantés à six reprises dans le dos, coups de bûche, ingestion forcée de gel douche et de parfum, de 124 comprimés de médicaments... Les deux femmes tenteront de soigner un minimum leur victime avant d'appeler les secours, nettoieront les lieux de l'essentiel des traces de sang, resteront d'un calme impressionnant à l'arrivée de l'ambulancier comme à celle des gendarmes. Alcoolisées ? Pas vraiment, relève dans leur comportement respectif le directeur d'enquête. Ensemble elles auraient agi, mais seule aujourd'hui l'une d'entre elles doit s'expliquer devant la justice... C'est ce qu'elle promet de faire ce mardi après-midi.   

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