"La situation du foncier éloigne nos clients des villes"

  • Le secteur de la construction de maisons individuelles accusera, à la fin de l’année, une baisse de 20 % du volume de ses ventes.
    Le secteur de la construction de maisons individuelles accusera, à la fin de l’année, une baisse de 20 % du volume de ses ventes.
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Centre Presse Aveyron

Le secteur de la construction de maisons individuelles, après une année 2017 très dynamique, a connu un gros coup de frein en 2018. Trois observateurs du secteur livrent leur vision du marché aveyronnais.

La tendance est forte, révélée chiffres à l’appui par le cabinet Caron marketing et confirmée par les professionnels du secteur : le marché de la construction de maisons individuelles est en net recul par rapport à 2017. Ainsi, à la fin du mois de septembre 2018, la baisse du nombre des constructions était en chute de 11,5 % au niveau national, et le cabinet pronostique une baisse de 15 % et une "nouvelle dégradation" au premier semestre 2019, "sans que le reste de l’année ne permette à la demande de se redresser"

Ce contexte tendu au niveau national n’épargne bien évidemment pas l’Aveyron, comme l’explique Stéphane Floirac, PDG du groupe Millenium (Maisons Les Gloriettes, Maisons Segonds et Maisons Inovia) : "2017 a été une année très dynamique, un record datant de plus de 10 ans a été battu mais depuis décembre 2017, on sent un gros coup de frein avec des baisses attendues de l’ordre de près de 20 % pour l’Occitanie à la fin de l’année 2018".

Malgré des taux d’emprunt toujours très bas du côté des banques, "on voit que le marché tâtonne", reprend Stéphane Floirac.

Les Aveyronnais sont en ce moment demandeurs, aux dires du spécialiste, de projets de 95 à 100 ou 120 m2, plutôt sur des "tendances traditionnelles". Le moderne (toit terrasse ou monopente) ne fait plus recette actuellement après une période faste où, il y a quelques années, ce type de biens représentait 10 % des volumes vendus.

Les Gloriettes ont réalisé cette année 35 à 40 maisons mais aujourd’hui, seulement 10 % de l’activité se fait sur le Grand Rodez, contre 90 % il y a 15 ans. "Le problème actuel est la rareté du foncier, notamment sur le secteur de Rodez agglomération. L’Agglo veut maîtriser l’aménagement urbain, cela a eu pour conséquence d’éloigner les gens des villes et cela a généré une inflation sur le coût des terrains. La situation du foncier les éloigne des villes. Nous, on a suivi nos clients", affirme le dirigeant. L’idée centrale, pour ces acquéreurs, est d’être à 15 ou 20 minutes de leur lieu de travail. "Par exemple, pour des personnes travaillant à Sébazac, nous partirons plutôt sur une construction à Bozouls. Les primo-accédants sur Rodez agglomération, cela n’existe pratiquement plus".

Le moral des acquéreurs en question ?

Pour Philippe Bonneviale, dirigeant de CTA Constructions, le manque de terrains est "un faux problème" ; "le foncier, il faut le chercher", affirme Philippe Bonneviale, dont l’entreprise a construit près de 80 maisons en 2017. Pour 2018, il anticipe une baisse de 20 % de son activité dans ce secteur, au diapason du reste du pays. "2017 a été une belle année. Ce coup de frein peut s’expliquer par plusieurs facteurs, mais pour moi, c’est lié au moral des acquéreurs qui semblent moins avoir envie de se projeter vers l’avenir actuellement", affirme-t-il. Ses clients demandent en général une maison de 110 à 120 m2, de plain-pied ou avec un étage de type tour, une grande pièce à vivre de 45 ou 50 m2, trois chambres, un bureau et deux salles de bain.

Dans un secteur tout à fait différent mais néanmoins complémentaire, HC Construction ressent moins les effets de la mauvaise conjoncture actuelle dénoncée par les constructeurs. L’entreprise, gérée par Jean-Charles Carel, propose aux particuliers un accompagnement dans la construction de leur maison. "On a senti une légère baisse, mais notre activité tend à se développer. Notre profession est de plus en plus reconnue, nous prenons des parts de marchés… notamment aux constructeurs", analyse le gérant.

Les projets de cette "clientèle spécifique" sont des maisons de 120 à 130 m2, sur un terrain de 800 à 1 000 m2, dont le coût total, accompagnement compris, avoisine les 200 000 à 250 000 €. Les clients, qui privilégient dans ces projets les pièces à vivre, et notamment la cuisine, se chargent de trouver le terrain et restent maîtres d’ouvrage. "Nous ne faisons jamais deux maisons identiques, il faut adapter l’offre à la demande", résume Jean-François Carel. Dans un contexte économique qui n’épargne pas les constructeurs, HC Construction terminera l’année 2018 sur une note positive malgré une légère baisse d’activité cet été.

xavier buisson

56 % de maisons individuelles dans le parc de logements français.

58 % des Français sont propriétaires de leur logement, un chiffre qui avoisine les 80 % en Grèce, Norvège, Irlande ou Luxembourg.

19 % de baisse d’activité pour le secteur en Occitanie. Ce sont les régions Paca (- 3 %) et Bourgogne Franche-Comté (-6 %) qui affrontent le mieux la situation actuelle.

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