Aveyron : un déficit de pluie jamais constaté depuis trente ans

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  • L’eau s’est faite rare et l’ombre précieuse.
    L’eau s’est faite rare et l’ombre précieuse. Ph. R.
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Ph. R

Les relevés de Météo France font état d’une situation exceptionnelle entre le mois d’août et novembre.

Il n’aura échappé à personne que depuis le mois d’août, le département de l’Aveyron subit un déficit pluviométrique. Dire qu’il est tombé moins de pluie que la normale, est un doux euphémisme, surtout pour ce qui concerne la moitié nord du département.

Ainsi, pour la période allant du mois d’août à la mi-novembre, le phénomène est exceptionnel. "Après un mois d’août sec, le déficit hydrométrique s’est accentué en septembre, et, de manière un peu prononcée mais très soutenu quand même, il s’est poursuivi en octobre. Notamment sur le nord du département qui est très touché" explique-t-on du côté de Météo France.

Avec des données qui laissent sans voix. La station météo de Laguiole, qui comptabilise en moyenne, de début août à fin octobre, 382 ml de pluie, n’a relevé cette année que… 158 ml. Soit 60 % de pluie en moins constaté !

Dans le sud du département, en revanche, l’épisode cévenol a rééquilibré les données puisque la station météo de La Cavalerie affiche 242 ml de pluie contre 249 ml en moyenne.

Une situation qui ne devrait pas s’arranger

En scrutant un peu plus en détail les données météorologiques, Météo France a constaté que le mois de septembre 2018, est parmi les moins pluvieux jamais constaté depuis 1958. C’est le deuxième mois de septembre le moins arrosé après celui de 1985, avec 13 ml d’eau relevé en moyenne. Soit 85 % de moins que la moyenne habituelle ! En 1985 ce sont… 4 ml qui avaient été enregistrés.

Quant au mois d’octobre, il a été également très sec. "Mais c’est moins marqué qu’en septembre", confirme-t-on à Météo France. Ainsi, à la station de relevé météorologique d’Huparlac, 70 ml d’eau ont été relevés contre 133 habituellement.

"Globalement, cela fait trente ans que le département n’a pas connu un tel déficit pluviométrique entre les mois d’août et octobre", relate-t-on à Météo France. "Et cela devrait se poursuivre encore quelques jours. Car si un retour du froid est à prévoir pour les jours à venir, il n’y a pas de pluie en perspective pour au moins les dix jours à venir".

Année exceptionnelle pour les sols

Un autre évènement remarquable est à mettre en avant pour cette année 2018. Des records concernant l’état des sols superficiels du département. Ainsi, durant cette même année, des valeurs record d’humidité des sols ont été enregistrées à la mi-juin, tandis que, au mois d’octobre, le 6 précisément, des valeurs records de sécheresse des sols ont été enregistrés. Une situation très contrastée, rarement observé.

D’ores et déjà, l’année 2018, sur le plan météorologique se présente comme une année exceptionnelle. Reste encore à savoir ce que va nous réserver le mois de décembre.

RESTRICTIONS DE L'USAGE DE L'EAU TOUJOURS EN COURS

Côté restrictions d’eau. Si la préfecture a consenti à un assouplissement de celles-ci pour le Lot amont bassin, la Diège, l’Aveyron aval, l’Alzou et le Rance, le 20 octobre dernier, elles sont maintenues à un niveau élevé pour le Lot aval bassin, le Dourdou de Conques, l’Aveyron médian et le Dourdou de Camarès aval et Sorgues.

 

"Une situation anormale"

Jean Couderc, président de la fédération de pêche de l’Aveyron exprime son inquiétude.

 

Quel sentiment vous laisse l’état des cours d’eau aujourd’hui ?

On trouve beaucoup de cours d’eau dans une situation anormale. Dans le Sud Aveyron, les pluies méditerranéennes ont permis de colmater pas mal. En revanche, dans le Nord Aveyron, et ailleurs : c’est catastrophique.

Quels sont les sites qui souffrent le plus ?

Ce sont les têtes de bassin-versant et les petits ruisseaux. Mais nous ne sommes pas au stade du tarissement. Les débits des rivières sont faibles, il faudrait de la pluie bientôt…

La faune souffre-t-elle ?

Pour qu’il y ait du poisson, il faut de l’eau ! Et en plus du manque d’eau, il y a un problème de température. À ce jour, les pluies d’automne manquent cruellement. Ce sont elles qui permettent de se reconstituer. Il faut du temps.

Les pluies de printemps ont été importantes. Mais elles ne suffisent pas ?

Ces fortes pluies nous ont permis de passer les mois de juin, juillet et août. Mais il faut une nouvelle pluie. Les périodes, qu’elles soient de pluie ou de sécheresse sont trop longues. Les saisons ne sont plus marquées comme c’était le cas avant. Les cycles sont changés, on peut attribuer cela au réchauffement climatique. On y est au cœur. Il n’y a plus de logique. Les cycles ne fonctionnent plus. Rien ne dit que cela ne reviendra pas. Mais pour l’instant c’est compliqué.

 

“"On s’attend à ce que ce type de sécheresse puisse se produire une fois tous les trois à sept ans, alors que pour l’instant, on en a connu peut-être une ou deux comparables sur une période de 50 ans."

Pierre Etchevers, climatologue à Météo France, dans un entretien sur France Inter

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