Utilisation de pesticides : l’Aveyron parmi les moins gourmands

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Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

L’association Générations futures a décerné mardi ses Glyph’Awards, pour récompenser «ironiquement » les départements les plus gourmands en matière d’utilisation de pesticides. À l’échelle de l’Occitanie (12e sur 13 départements) comme du pays (89e), le département s’en sort plutôt bien en termes de consommation de pesticides par hectare, du fait notamment des particularités agricoles locales, mais aussi du prix de ces produits, comme l’expliquent Jacques Molières, président de la chambre d’agriculture, et Laurent Saint-Affre, président du syndicat agricole FDSEA.

L’Aveyron est un très bon élève !, s’est félicité hier le président de la Chambre d’agriculture Jacques Molières au vu des résultats du travail de Générations futures. Pour la première fois cette année, l’association a décidé de décerner des prix (les Glyph’Awards d’or, d’argent et de bronze) aux départements les plus utilisateurs de pesticides. Pour ce qui est de l’utilisation de ces produits rapportés à l’hectare, l’Aveyron est classé 89e au niveau national et 12e sur les 13 départements d’Occitanie, devancé par la Lozère.
Pour Jacques Molières, ce classement est le fruit de plusieurs facteurs. Le fait, pour commencer, que l’Aveyron est «un département d’élevage qui pratique par ailleurs une agriculture raisonnée.On ne fait pas n’importe quoi».

«Beaucoup de prairies»

Laurent Saint-Affre, patron de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, le rejoint sur ce point: «Nous avons une grosse vocation à l’élevage, il y a donc beaucoup de prairies qui n’ont que très peu besoin de produits phytosanitaires». Pour ce qui est des céréales et autres types de culture, «elles fonctionnent pour la plupart en rotation avec les prairies, c’est-à-dire qu’on va laisser la prairie pendant trois, quatre ou cinq ans et remettre des céréales pendant un an ou deux», explique le syndicaliste.
Ces prairies, qui assainissent les sols, permettent aux agriculteurs d’avoir moins de besoins en termes de pesticides pour arriver à pratiquer une agriculture «beaucoup plus vertueuse», souligne Laurent Saint-Affre.

Le coût en cause

Une autre explication à cette relative sobriété chimique: le coût des produits phytosanitaires. «Quand on les utilise, c’est parce que les plantes en ont réellement besoin, les agriculteurs font tout ce qu’ils peuvent pour les utiliser le moins possible à cause aussi de leurs coûts, entre 40 et 100€ par hectare».
«C’est la preuve qu’on ne fait pas n’importe quoi», reprend Jacques Molières, pour qui le travail des 150 agents que compte la Chambre d’agriculture de l’Aveyron a sans doute aussi joué un rôle. «C’est le retour de démarches entamées il y a longtemps. Nous avons 90 conseillers sur le terrain, qui accompagnent les agriculteurs du département, c’est aussi quelque part le résultat de leur implication au quotidien».
Dans l’Aveyron, les trois produits phytosanitaires les plus vendus sont le glyphosate, le souffre pour pulvérisation (pesticide naturel, micronisation) devant le prosulfocarbe.
Concernant le reste de la région Occitanie, à noter le mauvais classement des départements du Gard, 2e au niveau national, des Pyrénées-Orientales (5e), de l’Hérault (6e) et du Tarn-et-Garonne (8e). La faute vraisemblablement aux gros besoins du secteur viticole, gros consommateur de produits à base de soufre.

Le classement en Occitanie

Le Gard, 2e au niveau national en termes de vente de pesticides par hectare de surface agricole utile, est le département d’Occitanie qui a le plus recours aux pesticides. Il devance les Pyrénées-Orientales, l’Hérault, le Tarn-et-Garonne et l’Aude, respectivement 5e, 6e, 8e et 10e à l’échelle du pays. Arrivent ensuite le Gers (37e), la Haute-Garonne (50e), suivis des Hautes-Pyrénées (63e), le Tarn (69e) et le Lot (70e). En queue de peloton, c’est-à-dire parmi les départements d’Occitanie les moins gourmands en matière de pesticides, on trouve l’Ariège (82e), l’Aveyron (89e) et enfin la Lozère qui se classe 96e.

Données : générations futures explique sa méthodologie

« Où achète-t-on le plus de pesticides ? Et lesquels ? Ces questions nous nous les posons régulièrement et nombreux sont celles et ceux qui nous interpellent sur ce sujet », explique l’association Générations futures. « Alors nous avons décidé d’y répondre. Comment ? En utilisant les données officielles de 2017 existantes issues de la fameuse BNVD (base de données des ventes des distributeurs) qui donnent les quantités des différents produits commerciaux pesticides vendus dans chaque département sous la forme d’une feuille Excel de plus de 700 000 lignes ! De ces données inexploitables par les citoyens en l’état, nous avons déduit les quantités de matières actives vendues dans chaque département en moulinant longuement ces informations.
Aujourd’hui grâce à ce travail nous pouvons vous proposer différentes cartes de France de la répartition des ventes des pesticides en France présentant de manière synthétique et visuelle ces informations ».

Des récompenses pour les « meilleurs »

L’association profite de la publication de ces données pour remettre ses « Glyph’Awards » d’or, d’argent et de bronze ainsi que leurs accessits aux départements qui arrivent en tête du classement pour les ventes de glyphosate.


L’ensemble des informations sur www.generations-futures.fr
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