Carburant : les pompistes craignent la panne sèche

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  • Pas de pénurie de carburant à ce jour. Mais les craintes peuvent être justifiées.
    Pas de pénurie de carburant à ce jour. Mais les craintes peuvent être justifiées. J.A.T.
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Christophe Cathala

Les commerçants perdent patience à attendre une clientèle bloquée dans les barrages contestataires, tous ceux qui ont besoin de se déplacer pour travailler sont impactés dans la conduite de leurs activités. L’économie est au ralenti et dans ce contexte, l’approvisionnement des stations services devient un peu plus compliqué avec l’action des "gilets jaunes" remarquent les pompistes qui s’inquiètent d’entendre les chauffeurs routiers vouloir rejoindre le mouvement. La tension monte un peu partout, en Aveyron comme dans tout le pays, face à ces manifestations citoyennes spontanées qui ont tendance désormais à prendre racine dans les giratoires et les carrefours. Et, demain peut-être, à la sortie de toutes les raffineries dont celles de Frontignan et de Fos qui alimentent l’Aveyron en carburant. Si la crainte est bien réelle, attention toutefois à ne pas céder à la psychose, le département n’est pas en situation de pénurie.

Le contexte contestataire autour de la hausse des taxes sur les carburants a précipité aussi les automobilistes vers les stations services. Les actions des gilets jaunes qui ralentissent la marche des poids lourd dans leurs barrages mais aussi les blocages de raffineries remarqués dans certains points du pays ont attisé la situation. Du coup, certains pompistes s’alarmaient hier déjà de voir leurs stocks s’amenuiser, sans être sûr de pouvoir être rapidement livrés. "D’après les informations dont je dispose, je ne suis pas sûr que le semi-remorque qui vient remplir mes cuves ce vendredi puisse le faire", s’inquiètait ainsi Christophe Majorel, gérant de la station Total à Bertholène, qui voit ses réserves diminuer à vue d’œil alors que les automobilistes sont de plus en plus nombreux à faire le plein.

Les routiers bientôt dans le mouvement ?

La préfecture de l’Aveyron assure qu’il n’y a "aucun risque de pénurie", mais les choses pourraient évoluer dès la semaine prochaine. Car ce ne sont pas tant les barrages, bloquants ou filtrants, organisés par les gilets jaunes qui freinent l’approvisionnement, que la perspective de voir les routiers rejoindre assez vite le mouvement.

C’est en tout cas le sentiment de Jacques Vaysse qui connaît bien le milieu du transport routier. Gérant d’une station à Salles-Curan (Pareloup Automobiles) il est responsable de la commission carburant au niveau départemental pour la Fédération nationale de l’automobile. "Les bruits de couloir se font de plus en plus insistants : les routiers sont susceptibles de rejoindre les gilets jaunes car ces derniers leur reprochent de n’être toujours pas dans le mouvement. Les chauffeurs qui nous renseignent sur ce sujet sont convaincus que le mouvement risque fort de se politiser, en entraînant avec lui les professionnels du transport. Et cela pourrait bien se produire dès la semaine prochaine. On verra bien..."

Rappelons toutefois que les organisations syndicales des professionnels du transport routier n’ont pas à ce jour souhaité s’associer au gilets jaunes. Ainsi, l’OTRE, par la voix de l’Aveyronnais Frédéric Domenge, son délégué régional indiquait en début de semaine : "L’OTRE réaffirme qu’il est hors de question de se lier à une action dont on ne connaît pas ou peu les organisateurs. Par ailleurs, sur le fond, les revendications des professionnels routiers, chefs d’entreprise, ne sont pas celles de ces citoyens", tout en insistant sur le fait que la surtaxation n’est "pas acceptable". Et de prévenir : "Notre organisation ne dit nulle part qu’elle ne recourra pas à des manifestations plus visibles y compris par des blocages ciblés, organisés et structurés". Les routiers n’excluent donc pas de créer leur propre mouvement...

Rationnement préventif

Dans un tel contexte, le spectre des blocages de raffineries est dans tous les esprits. Celles de Frontignan (Hérault) et de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) approvisionnent l’essentiel des enseignes indépendantes et des marques de compagnies pétrolières de l’Aveyron. Des inquiétudes qui ont conduit d’ores et déjà certains pompistes à n’ouvrir leurs pompes qu’aux clients fidèles et à certains professionnels. Jacques Vaysse le confirme. Reste désormais, pour tous les usagers, à ne pas trop céder à la psychose...

Remobilisation ce week-end ?

Les gilets jaunes de toute la France sont appelés à se retrouver samedi à Paris, où le Champ de Mars est devenu hier l’espace que leur accorde la préfecture de police... Il n’est pas sûr pour autant que les barrages seront levés ce jour-là en Aveyron, nombreux sont celles et ceux qui n’iront pas forcément manifester au cœur de la capitale. Le mouvement n’étant guère structuré, il faudra se fier aux repérages effectués chaque matin dans les secteurs sensibles pour savoir si le trafic est perturbé ou non par les gilets jaunes. Ou si de nouvelles zones s’ajoutent au mouvement, comme à Rieupeyroux, où un barrage est en voie de création pour samedi...

 

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