Valady. À Nuces, la "religion" du bio avec la famille Causse

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    À Nuces, la "religion" du bio
Publié le , mis à jour
François Cayla

La bâtisse est magnifique. Un ancien monastère jésuite, bâti autour de 1700, dont la vocation religieuse aurait fait long feu, frappée par les foudres de la révolution. C’est dans les années 1860 que l’endroit, situé à Serres de Nuces, à une poignée de kilomètres de la RD840, a été racheté par la famille Causse. Une famille de paysans comme on en faisait à l’époque, qui touchait un peu à tout en matière d’élevage, et dont le représentant de la cinquième génération, Benoît, 54 ans, est devenu le maître des lieux en 1985. Avec son épouse, Laurence Rousselot, il a repris la ferme familiale à son père.

L’élevage, Benoît Causse est tombé dedans quand il était tout petit, pour reprendre une formule bien connue. Son arrivée à la tête de la ferme des Causse a assez rapidement eu comme conséquence la prise d’un virage " éthique et philosophique " comme il le qualifie lui-même. Car en 2000, Benoît se lance dans l’élevage bio.

" Déjà, pendant mes études agricoles, j’avais un fort penchant pour le bio, raconte-t-il. Mais en ce temps-là, c’était encore l’affaire de marginaux. Heureusement, les choses ont changé, parce qu’en 2000, quand je suis parti dans cette direction, on me regardait un peu bizarrement dans la profession… "

Vous avez dit sérénité ?

Des années plus tard, le Gaec Causselot (contraction des noms Causse et Rousselot) assume pleinement son orientation nature. La ferme de Laurence et Benoît est exclusivement articulée autour d’un élevage de vaches à viande. Une soixantaine de têtes paissent en toute sérénité sur les parties des 120 hectares du domaine qui se prêtent au pâturage, le reste de l’alimentation étant composé de céréales produites sur place.

Question sérénité, c’est peut-être un peu plus compliqué pour les Causse. "Le bio, cela reste économiquement compliqué, explique Benoît. En matière d’élevage, ça implique déjà beaucoup moins de bêtes qu’un élevage traditionnel ou intensif. On a des charges en plus, des charges en moins, mais au final, on souffre pas mal. Mais bon, encore une fois, c’est un choix." Un choix pris actuellement par environ 780 exploitations en Aveyron, sachant que 18 % des fermes bio du département sont concernées, comme à Nuces, par l’élevage de bovins viande. Et comme l’indique Benoît Causse, "chaque année depuis 4 ou 5 ans, ces volumes augmentent de quasiment 10 %, même si on manque encore de maraîchers".

Pour le reste, on devine que le bio est, pour ceux qui le cultivent, un mode de vie. Chez les Causse, on reconnaît que le rapport à l’animal n’est déjà pas le même. "Les bêtes sont moins nombreuses donc, forcément, on est quelque part plus proche". Et d’avouer, parfois, un pincement au cœur quand la vache ou le veau prennent le chemin de l’abattage.

Une première trait au Colorado

Quant à l’avenir, pour le Gaec Causselot, il pourrait passer par une certaine diversification de l’élevage. Rien n’est décidé, mais on y songe, sachant que la spécialisation sur un animal laisse peu de marges de manœuvre économiques. Et puis, on espère aussi voir une sixième génération de Causse prendre le relais de Laurence et Benoît. La fille aînée, Clémentine, est en Nouvelle-Zélande, dans la poterie. L’agriculture, c’est pas son truc : sa première traite de vache, elle l’a expérimentée lors d’un voyage aux États-Unis, au Colorado…

Flavie, la cadette, semble en revanche plus branchée sur le sujet. Comme ses parents, dans le magnifique monastère de Serres, elle pourrait bien se convertir, elle aussi, à la "religion" du bio.

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