Quels sont les marchés pour la laine de brebis ?

  • François Touchaleaume tenait une conférence à Millau.
    François Touchaleaume tenait une conférence à Millau.
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CORRESPONDANT

Le scientifique François Touchaleaume donne des pistes.

Spécialiste des matériaux biodégradables et chercheur en macromolécules, le docteur François Touchaleaume était à Millau pour amener des pistes de réflexion sur la revalorisation de la laine des brebis Lacaune. En nombre, on le sait, dans le Sud-Aveyron.

Quel est le postulat qui sert

de base à vos recherches ?

Aujourd’hui, les éleveurs n’ont pas le droit de brûler ni de déposer en décharge la laine de leurs brebis laitières.

Avec le déclin de la filière laine, en parallèle du développement des fibres synthétiques, les débouchés de valorisation de la laine ne permettent plus aux éleveurs de rembourser le coût de la tonte, de l’ordre de 2 à 3 € par bête.

Quels sont les débouchés

qui existent aujourd’hui ?

Les principaux, ce sont la matelasserie et l’isolation.

Et quelles pistes étudiez-vous ?

La laine dispose de propriétés très intéressantes. D’une part, elle est riche en kératine, comme les ongles, les sabots, ou encore les cornes.

Cela fait d’elle un "engrais retard", solide, qui ne disparaît pas avec la première pluie, mais s’incruste durablement dans les sols. En ce sens, la laine peut contribuer à la fertilisation des champs.

Concrètement, comment

pourrait-elle être transformée pour servir d’engrais ?

On peut imaginer en faire des granulés, à répandre directement dans les champs.

Ou, autre proposition qui m’intéresse particulièrement, c’est d’intégrer de la laine dans la fabrication de paillis plastique. Vous savez, ce sont ces bâches déroulées sur les cultures agricole et horticole.

Quand elles sont bloquées par les plantes ou abîmées, elles sont souvent laissées dans les champs et contribuent à la pollution des sols. Intégrer des solutions de plastiques biodégradables serait intéressant. Mais je ne peux en dire plus pour l’instant, confidentialité industrielle oblige.

Y a-t-il d’autres débouchés

envisagés ?

Dans le domaine hippique, on peut imaginer remplacer les fibres synthétiques qui donnent l’élasticité aux sols des manèges par des fibres laineuses. Aussi, de par ses capacités de captation de l’eau, la laine pourrait être mise à profit dans la constitution de barquettes alimentaires ou d’emballages pour garder des aliments au sec.

La laine Lacaune,

particulièrement, serait-elle adaptée à ces débouchés ?

Je connais bien la laine Manech, du Pays basque, qui a des fibres grosses et de qualité supérieure. La Mérinos est élevée pour la laine. Mais la Lacaune, l’est pour son lait et pour le roquefort. Son élevage est optimisé pour cela. Cela rend sa laine très grasse, constituée à 60 % de sébum.

Produire une belle laine reviendrait à changer les habitudes d’élevage, et rogner sur la qualité du lait.

Optimiser le lait, la laine

et le cuir en même temps

est utopiste ?

Cela paraît compliqué, en effet. La filière laine textile est tellement en souffrance, qu’il est vain de mettre trop de laine propre sur le marché. Mieux vaut valoriser le produit tel qu’il est actuellement, et trouver des débouchés adaptés à chaque laine.

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