Et si le site de Bosch se tournait vers l’aéronautique ?

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  • Les chaînes de montage de l’A380, à Toulouse.
    Les chaînes de montage de l’A380, à Toulouse. Archives Y.E.
Publié le
Joël Born

La direction du groupe Bosch a donné son accord pour ouvrir les portes de l’usine de Rodez à d’éventuelles fabrications pour l’industrie aéronautique.

Les salariés aveyronnais de Bosch fabriqueront-ils, dans un futur proche, des pièces pour le secteur aéronautique ? La question est plus que jamais d’actualité. Dans le cadre de la réflexion engagée pour diversifier les activités de l’usine de Cantaranne, les dirigeants du groupe Bosch ont officiellement donné leur accord pour que des productions destinées au secteur aéronautique puissent être éventuellement fabriquées en Aveyron. Dans le même temps, le constructeur européen Airbus a accepté de dépêcher deux ingénieurs de production sur le site castonétois, au mois de janvier. Pour le président du Conseil économique social et environnemental régional d’Occitanie, Jean-Louis Chauzy, qui suit le dossier de près depuis le début, il s’agit là d’une première ouverture. Essentielle aux yeux de l’élu ruthénois. "Airbus c’est 7 400 avions à produire, 10 ans de visibilité industrielle et 53 % du marché mondial", observe le président du CESR, ce dernier rappelant que 100 000 emplois sont directement menacés chez les constructeurs automobiles allemands, en raison de la crise du diesel.

Des pièces d’amortisseurs

L’enjeu est de taille, on le sait, puisqu’il s’agit de compenser les 300 à 350 emplois, appelés à disparaître, dans le cadre de l’actuelle restructuration et modernisation industrielle du site. "Le financement du chômage partiel d’ici 2021 fait l’objet d’une discussion très serrée entre le délégué interministériel Jean-Pierre Floris et Bosch, précise Jean-Louis Chauzy. Si les emplois ne sont pas compensés, l’industriel devra rembourser." Parmi les différentes pistes envisagées dans le cadre de la diversification industrielle, la fabrication de pièces d’amortisseurs paraît de plus en plus envisageable.

Parallèlement, afin de limiter les conséquences de l’activité partielle, un plan d’investissement compétences (formation) va être engagé, en liaison avec la Région. Dans l’attente d’une réunion avec la direction centrale de Bosch, à Stuttgart, au mois de mars, Jean-Louis Chauzy se félicite de la prochaine installation à Toulouse, pour laquelle l’État et la Région ont donné leur feu vert, du comité stratégique régional de la filière automobile en Occitanie. Une filière qui pèse des milliers d’emplois, dont plusieurs centaines en Aveyron, avec notamment Bosch, Jinjiang Sam ou Purflux. Et Jean-Louis Chauzy d’interroger à ce propos : "Volkswagen va investir 44 milliards dont 30 pour les véhicules électriques. Que font les constructeurs français ?"

"Rien de concret pour l’instant"

Du côté des représentants du personnel, on fait preuve d’une certaine prudence. "Je suis un peu comme saint Thomas, je crois ce que je vois, commente Yannick Anglarès (CGT). C’est une bonne nouvelle, bien sûr. L’aéronautique est un secteur porteur mais il n’y a rien de concret pour l’instant. On s’en félicitera si on y va. Nous attendons confirmation pour savoir s’il y a de réelles possibilités industrielles, sachant qu’il faudra investir massivement."

S’agissant, justement, des avancées du groupe de réflexion industrielle, le responsable syndical est assez nuancé. "Le temps passe et on ne voit rien venir. Pour l’horlogerie, c’est compliqué. La fabrication de pièces d’amortisseurs semble le projet le plus viable, mais il est peu porteur d’emplois. Des pièces d’automobile, actuellement fabriquées à l’extérieur, devraient être également rapatriées à Rodez, mais cela ne concernerait qu’une trentaine d’emplois. A ce jour, si tous les projets évoqués et étudiés dans le cadre du GRI se réalisaient, cela représenterait environ 150 emplois, alors qu’il en faut 300 à 350. Ce n’est pas avec ça que l’on va sauver l’usine…"

50 jours d’arrêt pour certaines fabrications

Dans l’immédiat, les travaux de modernisation (environ 8 M€ de travaux) ont débuté fin novembre. Ils vont se poursuivre durant plus de deux mois et la chaîne est arrêtée. La période d’activité partielle débutera le 7 janvier, pour certains salariés, le 8 janvier, pour d’autres. "Mais on s’attend à une année 2019 difficile, avec 50 jours d’arrêt pour certaines fabrications", précise Yannick Anglarès.

Après la modernisation de l’une des deux chaînes de fabrication d’injecteurs common rail et son passage à la technologie du 2.20, le nouvel équipement industriel devra être homologué par les constructeurs : Peugeot, dans un premier temps, puis Renault.

Le temps passe et on ne voit rien venir...
Yannick Anglarès (CGT), évoquant la diversification industrielle du site Bosch 
 

 

Pas de cotation en bourse

L’équipementier Bosch a finalement décidé de ne pas entrer en bourse, privilégiant d’autres solutions pour financer ses futures activités autour du véhicule électrique et autonome. Ce rejet intervient alors que le groupe, l’un des plus grands fournisseurs de pièces automobiles au monde, prépare sa retruscturation, face notamment au recul des moteurs à combustion, en particulier du diesel. Le groupe Bosch s’attend à stagnation de la production mondiale de voitures en 2019, et à un ralentissement des moteurs diesel en Europe. Malgré cela, le groupe vise une croissance supérieure à celle du marché.

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