Decazeville : le passe-piétons automatique n’enjambe plus la RD 840
A l’image du Parcoville, du Transville ou du Vigiville, l’Arc-en-Ville était le symbole d’une certaine reconversion râtée, dans les années 90, à l’époque où Decazeville voulait s‘inventer un nouvel avenir industriel. Après avoir subi de plein fouet les crises minière et sidérurgique.
Pendant des années, cette imposante structure métallique jaune, qui enjambait la RD 840, a attiré le regard des nombreux automobilistes de passage, dans la traversée de Decazeville, à hauteur du jardin public de l’ancienne cité minière et sidérurgique. Symbole d’une certaine reconversion ratée, le passe-piétons automatique né de l’imagination de l’ingénieur d’origine decazevilloise, André Labarre, vient de disparaître à jamais du paysage de la cité du Duc Decazes.
Hier matin, à l’initiative de la municipalité de la ville, un camion-grue de l’entreprise Miquel (Trans Rouergue Manutention) de Luc-la-Primaube, a mis à terre l’immense passerelle, baptisée Arc-en-Ville, que les ouvriers de la société Briane de Lédergues ont découpé (à l’aide d’une grosse cisaille) en plusieurs morceaux, afin de pouvoir la transporter par camions. Afin de permettre cette spectaculaire intervention, la circulation a été interrompue pendant plusieurs heures, sur cet axe routier particulièrement fréquenté et emprunté, chaque jour, par quelque 12 000 véhicules.
L’époque Delpech de l’après sidérurgie
L’histoire chaotique de l’Arc-en-Ville, c’est avant tout l’histoire de l’après-sidérurgie (la dernière coulée a eu lieu en 1987) à l’époque de la municipalité Delpech. La ville, qui vient de subir un véritable marasme économique, se cherche un nouveau souffle. Avec ses concepts novateurs (le Transville, un mini-métro sur coussin d’air ; le Parcoville, un parking automatique souterrain ; le Vigiville, des bornes de stationnement automatiques, et l’Arc-en-Ville), André Labarre, un ingénieur, ancien de chez Otis, originaire de Decazeville, fait miroiter aux élus de l’époque des centaines d’emplois. L’affaire est engagée à grands coups d’aides publiques et de grand déballage médiatique. On doit même construire une piste d’essai du Transville, le long de la Nationale 140 (devenue depuis la RD 840). Certains y croient dur comme fer, d’autres commencent à douter, face aux promesses pharaoniques du PDG de Procédés France Parking…
Gouffre financier et poursuites judiciaires
Au final, l’affaire aura fait grand bruit. Et certainement aussi pas mal de tort à l’ancienne cité minière, qui ne s’est toujours pas remise de ces années de déprise économique. En 1994, la société Procédés France Parking fut placée en liquidation judiciaire avec un énorme passif financier, estimé à plusieurs dizaines de millions de francs de l’époque. Quelques mois plus tard, les dirigeants de PFP sont mis en examen pour banqueroute, faux, usages de faux et abus de biens sociaux. Avant la disparition de PFP, le procédé Vigiville a été installé à Decazeville (il a été supprimé quelques années plus tard) et Toulouse, alors que le Parcoville a été commercialisé à Decazeville (où il n’a fonctionné que quelque temps) Toulouse, Chamalières, Perpignan, Cluse et Charleroi, en Belgique.
Polémique sur les réseaux sociaux
Au-delà de l’histoire mouvementée de Procédés France parking et des démêlés de ses dirigeants avec la justice, l’annonce de la démolition du passe-piétons automatique a provoqué bien des réactions sur les réseaux sociaux. Entre ceux qui jugent la disparition de cette "verrue" urbaine, comme une excellente nouvelle, et d’autres, à l’image du conseiller municipal Vert, Jean-Louis Calmettes, qui estiment, au contraire, qu’il aurait été souhaitable de transformer (pour 100 000 €, selon lui) le passe-piétons automatique, en une passerelle pour piétons, avec un escalier de part et d’autre de l’axe routier. D’autres encore, à l’approche plus artistique, auraient bien livré l’Arc-en-Ville aux adeptes du street art, pour en faire une véritable œuvre d’art postindustrielle. Bref, depuis son implantation en terre decazevilloise, il y a de cela près de 30 ans, l’Arc-en-Ville aura fait couler beaucoup d’encre. Et n’aura que très peu servi. Tombant régulièrement en panne. Avant d’être condamné et réduit, ce lundi 17 décembre, en un vulgaire tas de ferraille, qui devrait terminer sa vie dans la gueule d’un haut-fourneau.
Lu sur le Net
La démolition du passe-piétons a provoqué de nombreuses réactions sur le Net. Une petite sélection.
« Du rêve pour certains, des cauchemars pour d’autres… »
« C’est génial de détruire ce truc ridicule et qui ne sert à rien. J’ai toujours rêvé de voir disparaître cette chose. »
« Encore de l’argent public gaspillé… » « Que de souvenirs, je le prenais avec mon papa pour aller à Sainte-Foy. Il reste dans ma mémoire, le souvenir d’une aventure, comme si j’avais pris une tyrolienne tous les matins.
Dommage qu’il ne fonctionne plus, c’était chouette ! »
« Combien de fois on a failli rester coincé là-dedans quand on était gamins… J’ai même le souvenir de papys et de mamies coincés en plein cagnard au beau milieu de ce truc. »
« Intérêts personnels qui nous ont apporté des parkings souterrains et des ponts aériens qui n’ont comblé que les illusionnistes politiciens… »
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