Muret-le-Château : Philippe Roussel, l’autre métaphysique des tubes

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  • Philippe Roussel alias le Métalfou dans son atelier de Muret-le-Château.
    Philippe Roussel alias le Métalfou dans son atelier de Muret-le-Château. o.c.
Publié le
Olivier Courtil

Philippe Roussel travaille le cuivre dans son atelier de Muret-le-Château pour donner forme à des saynètes mêlant humour et poésie.

Il faut avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse", a écrit Frédéric Nietzsche dans "Ainsi parlait Zarathoustra". Ce chaos marqué au fer rouge à l’enfance qui fait que l’être se surpasse. Pour le Ruthénois Philippe Roussel, cette douleur fut la disparition de sa mère à l’âge de 15 ans. Au fil du temps, au gré de ses rencontres, du bout de ses doigts, CAP en poche en menuiserie, ébénisterie, marqueterie, lutherie, forge Philippe Roussel qui prend conscience et confiance en son travail. Sa pratique lui permet d’avoir la technique. D’apprenti il devient maître. Mais un maître qui reste apprenti toute sa vie… "Quand je maîtrise ça me bloque", confie-t-il. Philippe aime le défi. La difficulté. Créer c’est exister. Faire face à la difficulté, c’est d’autant plus exister. C’est éprouver. Philippe délaisse le bois pour le métal et devient ainsi le Métalfou, l’homme qui joue avec le cuivre, pour en faire des tubes en créant des personnages comme miroir de nos vies. De nos fantasmes aussi. N’est-ce pas la même chose au fond ? Philippe cite d’ailleurs Pablo Picasso en préambule de son livre : "L’art est un mensonge qui nous permet d’approcher la vérité".

Don Quichotte, Tati, leur allure et leur pensée aussi

Devant ces personnages, ces situations humoristiques comme des saynètes, parfois coquines, il y dévoile sa poésie. Sa folle poésie et tellement lucide à la fois. Tel Don Quichotte de Cervantès. Il en a d’ailleurs l’allure et ses lectures sont liées au Moyen-Âge. Élancé, cigarette clouée à ses lèvres telle la lance du chevalier, casquette visée sur la tête comme le casque de chevalier toujours… Ou de Gavroche. Car Philippe, derrière ses sculptures "consensuelles " juge-t-il durement pour se médire, a bien d’autres personnalités sous sa casquette pour faire sa révolution discrète. Le rouge et le noir. Le clair et l’obscur. Mais tout cela n’a rien d’abstrait. Le Métalfou aime le figuratif. Comme l’homme a la triste figure en somme. Son humour est là pour cacher la misère – ses injustices – du monde. "Tout est vacuité", écrit ainsi Herman Melville dans Moby Dick. Alors Philippe soude comme un fou, brûle pour éclairer la flamme de la vie et aire jaillir des étincelles. Burlesque comme Jacques Tati. Lucide aussi. "Je préfère patiner à la flamme", précise-t-il.

Et pour tenir, se faire plaisir, entretenir cette flamme, il souffle un peu. Désormais, il garde une seule galerie, celle de l’Estuaire à Honfleur. Mais c’est pour mieux prendre le temps de la création. Il envisage de créer des œuvres plus grandes. Monumentales, comme cette contrebasse dansant au bord du Lot à Espalion. Car Philippe a (eu) mille vies. Musicien aussi. Il travaille toujours en musique. Professeur de djembé, il a appris la contrebasse voici deux ans. Comme un défi. Encore. Ce qui le fait avancer. Son moteur. La contrebasse prend la poussière et lui cherche l’excellence de l’artisan. La finesse des éléments. Il y a tant de choses à dire avec les éléments. Ses sculptures, poétiques et pratiques (ses pièces sont démontables), sont comme une métaphysique des tubes. Des particules élémentaires ou mieux, une virgule comme une respiration dans une pensée. Philippe s’en amuse pour ne pas être désabusé. Rêveur comme le clown triste, des états d’âme sur l’état du monde, il joue de nos défauts comme il joue avec les mots. D’ailleurs, ses créations démarrent toujours par le mot, celui a double sens qui fait sens, la phrase qui donne l’image, l’idée qui apporte le message. Avec pour unique dessein : le partage comme ouverture d’esprit. Se gardant bien de toute vérité, certitude. "Ce que je déteste ce sont les explications données à côté d’une œuvre, cela n’a pas à s’expliquer".

Anticonformiste, libre surtout, le Métalfou continue de guerroyer contre les idées reçues et pour les images fantasmées. Dans son atelier qui jouxte l’église de Muret-le-Château, on y voit aussi les sculptures interdites à la vente. Osées et Sexuées. Quand le Métalfou œuvre sans tabou. Comme une nécessité face à l’absurdité de l’existence. Comme la tête de Janus ou cette moitié que Zeus nous condamne à chercher. Le Métalfou l’a trouvée. Dans ses tubes, il a transformé l’essai. Il y parle de tout et des petits riens, des tuyaux et de la grande échelle comme dit la chanson pour éteindre ou propager la flamme de l’amour et du désir. En musique et toujours en poésie pour "ne pas scier la branche sur laquelle on est assis" comme il dit. La métaphore préférée du Métalfou. Et la nôtre aussi pour prendre garde à la vie et sauvegarder l’envie.

 

Le Metalfou

Vingt ans de création, d’ouvrage, valaient bien un livre. Portant le titre éponyme de son atelier, on entre dans son monde, donc dans sa tête, au gré de ses sculptures et de petites phrases qui sont le point de départ de sa mise en forme et de confidences comme celle-ci : "Lorsque j’ai le croquis à l’esprit, je vais chercher ce dont j’ai besoin dans mon stock. C’est aussi simple que de chercher un mot dans le dictionnaire."

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