Rodez : le retour vers les toiles de Jean-Luc Fau

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  • Jean-Luc Fau dans ses oeuvres.
    Jean-Luc Fau dans ses oeuvres. J.A.T.
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    Jean-Luc Fau dans ses oeuvres. J.A.T.
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JDM

Jean-Luc Fau, qui reste à ce jour le seul chef étoilé que Rodez a connu, expose à la galerie Réplique. Un an quasiment jour pour jour après la vente de son établissement "Goûts et couleurs" qui avait été distingué par le Michelin.

À quelques jours de la parution du nouveau guide Michelin, nous avons retrouvé Jean-Luc Fau. Mais cette fois-ci, ce n’est pas pour parler d’étoile mais… des toiles. De ses toiles. L’ancien chef étoilé expose en effet à la galerie Réplique, une émanation du Pont des arts de Marcillac, un an jour pour jour, quasiment, après avoir vendu son délicieux établissement "Gouts et couleurs".

Désormais débarrassé de la pression du Guide rouge, celui qui reste à ce jour le seul étoilé de la préfecture aveyronnaise peut replonger librement dans sa peinture.

Le "dessin automatique", comme une renaissance

Avant d’affoler les papilles dans les assiettes, Jean-Luc Fau est un artiste de la palette de peinture. C’est sa séduisante façon d’accorder les couleurs qui l’a d’ailleurs amené à la cuisine. À force de mitonner des plats qui renversaient les papilles pour ses amis venus pour admirer ses toiles, il avait fini par accepter l’idée, en 1989, qu’il pourrait aussi enfiler un tablier de cuisine. Avec le succès que l’on sait. Il était alors âgé de 27 ans. Une fourchette dans une main, un pinceau dans l’autre, c’est souvent comme cela que l’on décrit Jean-Luc Fau. Et le cuisinier peintre n’a pas vraiment changé.

Mais c’est toutefois un Fau nouveau que l’on retrouve, avec son regard qui pétille toujours à l’idée de parler de ce qu’il aime dans les volutes d’un cigare qu’il a souvent dans les doigts. Pour cette première exposition personnelle depuis la vente de son restaurant, il vit en effet une sorte de renaissance. Il l’admet lui-même, pour une partie de l’exposition, il a renoué avec le dessin automatique. "C’est un peu ce que l’on dessine dans la marge de son cahier pendant les cours. On dessine tout en écoutant le prof, ce que je faisais beaucoup".

Jean-Luc Fau renoue ainsi lentement avec ses origines. Le cadre n’est plus contraint. Durant toutes ses années derrière les fourneaux, sa peinture, plus figurative, avait une résonance avec le monde de la gastronomie. De ses portraits de vache aubrac aux plats qu’il aimait à représenter sur ses toiles.

Un univers figuratif dont il se détache peu à peu, pour laisser place à plus d’abstraction. "Il n’y a absolument rien de figuratif dans ces derniers tableaux. Chacun y voit quelque chose, mais je vous assure que ce n’est pas figuratif" lance le peintre aveyronnais. On reconnaît toutefois sa patte. "C’est une année charnière" répond-il.

Une année au cours de laquelle il a refait son atelier de peinture, dans sa maison de Salles-la-Source, où il s’est aussi beaucoup adonné à sa passion pour les quilles de huit, a visité des expos. Une partie de ce qu’il expose à Réplique relate d’ailleurs sa passion pour l’art. Avec son téléphone portable, Jean-Luc Fau a pris en photo son reflet dans des œuvres d’art. "C’est une sorte de selfies à l’envers… des fissels".

La pointe d’humour n’est jamais très loin chez Jean-Luc Fau. Il s’est d’ailleurs fendu d’une série de tableaux estampillés "Fau et usage de Fau", où il s’est amusé à détourner de grandes œuvres. "Le désespéré" de Courbet a ainsi des yeux exorbités par "Les origines du monde", la Joconde a son sourire remplacé par un bout d’os. "Peut-être ce qu’il reste d’un lièvre à la royale ", souffle Jean-Luc Fau.

Car, évidemment, la cuisine n’est jamais très loin non plus chez lui. Plus qu’on le pense. S’il a remisé sa tenue de chef étoilé, il n’en a pas moins gardé en effet son tablier de cuisine. Chez lui, à côté de son atelier de peinture, il a d’ailleurs monté un atelier de cuisine. Toujours à l’affût des dernières nouvelles gastronomiques, il développe petit à petit une activité de "coaching culinaire". Réflechit à la possibilité de proposer un concept mêlant cuisine et peinture. En attendant, pour le centenaire de Pierre Soulages, auquel l’artiste qu’il est et bien évidemment attaché, il travaille sur un plat de seiches représentant les vitraux de l’abbatiale. Demain, il jettera bien évidemment un œil attentif aux nouveaux étoilés du guide Michelin. "Ils promettent une pluie d’étoiles, on verra bien", sourit-il, le cœur léger. Loin de la pression. Il a sa petite idée sur le restaurant ruthénois qui pourrait lui succéder au Michelin. Mais ce n’est plus son affaire. Désormais, c’est plus la critique de ses toiles qu’il épie.

Exposition à voir jusqu’au 9 février, au 42 rue de l’Embergue à Rodez, le vendredi de 16 heures à 19 heures et le samedi de 15 heures à 18 h 30.

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