Millau. Sud-Aveyron : dispositifs anti-loup, une efficacité qui reste à confirmer

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  • Le collier (bleu) anti-loup se déclenche quand la brebis est attaquée. Il émet alors des ultrasons qui font fuir  le prédateur.
    Le collier (bleu) anti-loup se déclenche quand la brebis est attaquée. Il émet alors des ultrasons qui font fuir le prédateur. ML
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CORRESPONDANT

Depuis que les attaques se sont multipliées, différents systèmes pour effaroucher le loup sont testés sur le plateau du Larzac.

On a installé en test des colliers anti-loup (1) en mars 2018 et des vaches d’Hérens en août chez des éleveurs du Larzac", précise Jérôme Rouve gérant de la société Socopa de Saint-Affrique. Ce dernier diffuse dans la région un dispositif électronique de protection importé d’Afrique-du-Sud. Il est également promoteur de l’utilisation de vaches au caractère bien trempée, dans la protection des troupeaux. Après plusieurs mois d’expérimentation, Jérôme Rouve se refuse à "tirer des conclusions attives", mais dresse néanmoins un premier bilan qui " semble positif" de l’utilisation de ces systèmes sensés " apporter des solutions à la co-habitation loup-troupeaux".

Concernant le fameux collier, il apparaît que seuls "les troupeaux qui n’en sont pas équipés" ont été attaqués. Du côté des vaches d’Hérens, idem : "Depuis qu’elles sont là, pas d’attaques de brebis". Mais malgré tout, Jérôme Rouve se "montre prudent" car pour être "sûr que ça marche", il faudrait "une preuve vidéo". À cet effet, le gérant dit "insister" auprès des institutions, "depuis un an", pour qu’elles appuient " l’installation de caméras thermiques". Objectif, mesurer l’efficacité des dispositifs d’effarouchement du loup. Cela permettrait au Larzac de "devenir territoire d’expérimentation". Et de regretter que "les institutions ne jouent pas le jeu" car, s’il était "prouvé officiellement" que le collier est efficace, on pourrait "le produire en France et faire baisser son prix". En attendant, une étude diligentée par l’importateur français du collier, devrait prochainement évaluer scientifiquement l’efficacité des dispositifs testés sur le Larzac. (1) Le collier détecte le stress de la brebis attaquée et émet des ultra-sons et fait clignoter des LED qui font fuir le loup.

"Le loup vient de l'ouest"

Patrick Goujon, 64 ans, à la tête d’un élevage bio de brebis à viande à l’Hospitalet-du-Larzac, fait partie des trois professionnels qui testent, en rotation, le collier anti-loup, depuis le mois de mai 2018. Il considère que les résultats ne sont " pas vraiment significatifs", pour le moment. "J’ai équipé un premier troupeau d’agnelles. Elles se trouvaient près de la forêt, elles n’ont pas été attaquées. Par contre, d’autres brebis plus proches de l’autoroute qui ne portaient pas de collier ont été attaquées ", relate l’éleveur. Un récit qui pourrait laisser croire à l’efficacité du système. Malgré tout, Patrick Goujon reste prudent. "C’est vrai que le loup n’a pas touché les agnelles équipées de collier. Mais le loup vient toujours de l’ouest (côté autoroute NDLR) et il a peut-être simplement choisi la facilité", estime l’éleveur qui en appelle à la mise en place d’une "expérimentation" pour y voir clair. "L’État paye les dégâts du loup, il pourrait bien investir dans une étude", affirme le sexagénaire qui aimerait "bien que le collier marche". Avec le loup, les brebis " finiront par ne plus sortir", il en va donc de la " pérennité des pratiques d’élevage ancestrales", assure l’éleveur qui sait de quoi il retourne. En deux ans, il a perdu 35 brebis sur un cheptel de 350.

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