Scandale des lasagnes au cheval : un Aveyronnais au procès

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  • L’entrée de l’usine Spanghero de Castelnaudary. Le site est à l’origine de l’affaire.
    L’entrée de l’usine Spanghero de Castelnaudary. Le site est à l’origine de l’affaire. Midi Libre
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Zoé Cadiot (GDM)

Six ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, appelé également "affaire Spanghero", le procès des ex-dirigeants s’ouvre aujourd’hui à Paris. Et l’Aveyronnais Jacques Poujol comparaît à la barre.

Normalement, ils seront quatre à comparaître aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Paris pour "tromperies" et autres "escroqueries réalisées en bande organisée" dans le fameux dossier des lasagnes à la viande de cheval, estampillées viande de bœuf. Si l’affaire, appelée également Spanghero avec l’implication supposée de deux anciens dirigeants de l’entreprise audoise spécialisée dans la transformation de viandes n’avait eu aucune conséquence sanitaire, elle avait cependant engendré en 2013 un vif scandale alimentaire en Europe.

Nombre de consommateurs, bernés par la présence non voulue de viande chevaline dans leur assiette, sous la forme de minerai de viande, un aggloméré de bas morceaux hachés vendu le plus souvent surgelé dans des plats préparés, ne cachaient pas leur colère.

Colère également nourrie par les pratiques commerciales de certains traders en viande dont les affaires passaient par Chypre, les Pays-Bas ou encore la Roumanie. Mises en lumière, dès 2013 par les autorités irlandaises, elles illustraient l’opacité de certains circuits d’approvisionnement et de transformation dans l’industrie agro-alimentaire.

Valse des étiquettes

A la lecture du dossier, comme le pointe l’ordonnance de renvoi du juge parisien Serge Tournaire, en date du 26 janvier 2018, les enquêteurs soupçonnent donc fortement l’ancien patron de Spanghero, l’Aveyronnais Jacques Poujol, et l’ex-directeur du site chaurien et ex-directeur de l’abattoir de Sainte-Geneviève, Patrice Monguillon (qui fut directeur de l’abattoir de Saint-Affrique de septembre 2014 à mars 2016) ainsi que deux négociants néerlandais, Johannès Fasen et Hendricus Windmeijer, d’avoir trompé l’un de leurs clients, la société de fabrication des plats préparés Tavola, filiale du groupe Cogimel, en lui vendant en 2012 et début 2013 plus de 500 tonnes de viande présentée comme du bœuf alors qu’il s’agissait de cheval.

Comment ? En modifiant, avec la complicité plus ou moins forcée d’une partie du personnel, certains étiquetages pour faire croire que la viande était découpée et travaillée sur le site de Castelnaudary alors qu’elle venait de Roumanie, de Belgique ou encore du Canada. Ces morceaux achetés en gros se seraient ensuite retrouvés dans des millions de plats cuisinés, commercialisés sous différentes marques comme Findus, Picard et autres noms de la grande distribution. Au final, l’escroquerie aurait porté sur 750 tonnes de viande écoulées dans 13 pays européens, soit 4,5 millions de plats cuisinés selon la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes.

D’autres fraudes suspectées

La viande cheval n’est pas la seule fraude suspectée. Les enquêteurs soupçonnent les deux intermédiaires, déjà condamnés dans une autre affaire aux Pays-Bas, d’avoir importé, en plus, 65 tonnes de viande séparée mécaniquement (VSM) d’agneau. Un processus "culinaire" interdit depuis l’affaire de la vache folle pour éviter toute contamination. Les débats programmés jusqu’au mercredi 13 février devraient permettre d’y voir un peu plus claire.

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