Rodez : à Ramadier, l’immeuble les Cèdres sera rasé d’ici avril

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L’immeuble est aujourd’hui condamné en vue de sa démolition.En bas : un intérieur avant le départ définitif des résidents. JAT
Un intérieur avant le départ définitif des résidents. JAT

Urbanisme, Rodez, Social

Publié le 22/01/2019 à 09:00

Salima Ouirni

Le quartier de Saint-Éloi Ramadier à Rodez sera complètement refondu par le cabinet Coco architecture qui a remporté l’appel d’offres. En attendant le nouveau projet, le bâtiment les Cèdres sera démoli au printemps.

La rénovation des quartiers fait partie des promesses du candidat Christian Teyssèdre (pour son deuxième mandat). Promesse tenue donc, puisque l’immeuble les Cèdres est actuellement en train d’être déconstruit, dans le cadre d’une rénovation générale de Ramadier-Saint-Eloi. Le bâtiment sera complètement rasé d’ici le mois d’avril. Sur plus d’une vingtaine de cabinets d’architectes ayant candidaté à l’appel d’offres pour la rénovation du quartier Saint-Éloi, c’est finalement le cabinet Coco architecture qui a raflé la mise. Le marché consistant à démolir l’immeuble les Cèdres et à rénover trois autres immeubles (ce qui concerne 130 logements).

Le projet de rénovation est estimé à 5,5 M€. L’autre partie concernant la "construction neuve" se situe entre 7 et 8 M€. Le projet global se monterait à plus de 12 M€ HT, selon les premières estimations.

"Nous allons redynamiser le quartier pour créer des lieux avec plus de mixité sociale", s’enthousiasme Stéphane Bultel, directeur de Rodez Agglo Habitat. L’architecte Pierre Enjalabal confirme cette ouverture à la fois sociale et physique. "Nous envisageons de préserver les arbres et de créer des percées. Ce ne sera plus un quartier fermé mais un quartier que l’on traversera en véhicule ou à pied. Il y aura une ouverture vers le pôle universitaire et un tunnel pour sécuriser les piétons allant du côté de l’actuelle esplanade. Ce sont les nouveaux enjeux de la communication de demain", ajoute-t-il. Christian Teyssèdre, qui accompagne le projet de ce nouveau pôle universitaire avec la Région, tient à cette idée de désenclavement du quartier.

Équilibre entre construction et rénovation

Les immeubles qui seront rénovés porteront des balcons "avancés", de "véritables lieux de vie" selon l’architecte. Il envisage de refaire l’immeuble "Les marronniers", par exemple, sur l’exemple du neuf. "Il faut que la réhabilitation et le neuf soient conçus comme un équilibre", ajoute le professionnel. Les bâtiments seront renforcés quant à leur isolation, nouvelles normes obligent.

Dans les nouvelles constructions, il y aura des T2, alors qu’aujourd’hui "il n’y en a pas dans le quartier. On va trouver des appartements très grands pour les familles. Ce nouveau projet va donc renforcer la mixité familiale aussi puisque les jeunes pourront s’installer dans le quartier, soit pour leurs études, soit pour se rapprocher de leurs parents", ajoute Stéphane Bultel.

Le projet sera présenté en détail au conseil municipal du 22 février.

Kenza : "Il y avait une ambiance de fou à cette époque à Saint-Éloi"

Kemla Arif et Kenza Zerzour ont été les dernières habitantes de l’immeuble "Les Cèdres" avant sa prochaine démolition. L’OPH les a relogées. Elles témoignent d’une époque où le quartier populaire était très vivant et animé.

Le jour de la démolition de l’immeuble "les Cèdres", Kenza a promis de faire du bruit. "J’ai déjà commencé à le préparer. Je vais inviter toutes les familles ayant habité dans l’immeuble pour le voir tomber", dit celle qui a vécu 40 ans, dans le quartier. Avec Kemla Arif, elles sont les deux dernières résidentes à avoir quitté l’immeuble. L’OPH l’a relogée récemment à Rodez, mais la nostalgie est toujours là. "C’est un quartier où on était tous très solidaire, comme les doigts de la main. Il y avait des Français, des Espagnols, des Portugais, des Marocains, des Algériens… Avec les familles Barria, Martin, Houcine, Tejidor, Bouloc, on se retrouvait régulièrement pour faire des grillades, des couscous, du poulet portugais à l’occasion des fêtes", se souvient Kenza, dans un sourire et des trémolos dans la voix. Les familles sortaient également ensemble, dans un cadre de prévention, conçu par la CAF.

"J’ai eu comme un choc"

"Je me rappelle qu’on faisait aussi des sorties à la mer, en bus, avec l’association de quartier Delta jeunes", ajoute-t-elle en fouillant dans un carton de photos. "Tout le monde était chez tout le monde et on s’arrangeait pour aller chercher les enfants des uns et des autres dans les écoles. C’était une belle époque pleine d’insouciance", surenchérit la Ruthénoise.

Très connue dans le quartier, Kenza s’était préparée à la retraite à Ramadier. Elle a entièrement refait sa cuisine équipée, mais un jour, l’OPH est venu lui annoncer la nouvelle. "J’ai eu comme un choc. Je ne m’y attendais pas du tout. Ma vie était là-bas, à Saint-Éloi, j’étais habituée. Les jeunes sont très serviables. Quand, on arrive avec les courses, ils nous tiennent la porte ou nous aident", confie l’habitante.

Malgré cela, Kenza comme Kemla Arif tarissent d’éloges au sujet de l’OPH. "J’aimerais quand même remercier les HLM, ils ne nous ont jamais laissées tomber. Le personnel a été à nos côtés, jusqu’au bout. Ils nous ont toujours accompagnés", souligne Kenza.

"Je reconnais qu’on nous a fait plusieurs propositions de relogements. On a donc pu choisir. On nous a laissé le temps pour déménager et faire nos cartons tranquillement", ajoutent les deux mères de famille qui remercient la direction de l’OPH, et en particulier Stéphane Bultel et Mme Malaterre.

Dès que la date sera connue, les anciens habitants de la tour se retrouveront tous ensemble, une dernière fois, pour faire leurs adieux "aux Cèdres", le bâtiment emblématique du quartier.