Les Aveyronnais Florent Vayssade et Loïc Minaudier racontent leur Dakar-2019
Respectivement 23e et 28e du Dakar-2019 il y a quelques jours, Loïc Minaudier le Saint-Affricain et Florent Vayssade l’Espalionnais, tous deux pilotes de l’écurie Nomade Racing, reviennent sur leur aventure en Amérique du Sud, au Pérou.
Quelles sont les motivations qui poussent à faire le Dakar ?
Florent Vayssade : C’est le challenge, le défi d’aller sur une épreuve mythique qui fait rêver beaucoup de monde. C’est aussi aller chercher le dépassement de soi et voir ce dont on est capable.
Loïc Minaudier : Pour moi, c’est la course mythique de la discipline rallye-raid. C’est également le côté aventure et le dépassement de soi car on sait que l’on part sur une course longue avec de nombreuses difficultés. Mais c’est une course qui nous fait rêver longtemps à l’avance.
Comment prépare-t-on le Dakar ?
FV : Il faut le préparer longtemps à l’avance. Aller à la recherche de partenaires et de sponsors pour boucler le budget. Il y a aussi le côté préparation physique et sportive. Il faut faire des courses. Cette année, j’ai participé au rallye du Maroc avec Loïc. C’est aussi la préparation de la moto.
LM : Je m’y prépare quasiment 10/11 mois à l’avance car, au-delà de la partie budget qui prend du temps il faut s’organiser, se structurer pour savoir dans quelles conditions on va aborder l’épreuve. Sportivement, cette année j’ai eu l’opportunité d’intégrer une équipe italienne qui m’a fait participer au championnat d’Europe de Rallye tout terrain ça m’a bien servi.
Comment avez-vous abordé ce Dakar ?
FV : C’est une grosse machine mais l’avantage d’avoir déjà participé (3e participation et 2e fois à l’arrivée, NDLR) fait qu’on ne part pas dans l’inconnu. Ce qui a été top aussi c’est que cette année nous avions une excellente équipe au niveau de l’assistance (Nomade Racing, NDLR). Nous étions sept pilotes, tous Français et il y avait une bonne entente ce qui est important. Avec Loïc, nous avons quasiment été tout le temps ensemble que ce soit sur les spéciales, les liaisons, la préparation du road book ou le bivouac et c’est super important. Sur la piste, si l’un a un petit coup de mou, l’autre passe devant et roule un peu plus.
LM : C’était déjà ma 4e participation (4 fois à l’arrivée ; NDLR), et, 3 années d’expérience, ça aide énormément pour beaucoup de choses. Quand on arrive là-bas, il faut faire attention de ne pas se laisser emporter par l’euphorie de l’événement. Je me souviens de mon premier Dakar et je n’ai pas du tout abordé celui-ci de la même façon. Il y a beaucoup de choses que je gère mieux car le Dakar c’est plein de petits détails à mettre en place. Il faut avoir une bonne organisation. Sur le plan humain c’est le meilleur Dakar que j’ai fait.
Qu’est ce qui vous aura marqué, positivement comme négativement ?
FV : Des grands moments, il y en a beaucoup. Le franchissement des dunes lors duquel on a l’impression de surfer est certainement l’un des meilleurs. Mais je me souviens également de ce jour où, avec Loïc, nous étions en train de rouler sur la plage et Nasser al Attiyah (le vainqueur auto, NDLR) nous a rattrapés. Ou bien encore le jour où Sébastien Loeb nous dépasse et où nous décidons de se mettre à fond derrière, sur plusieurs kilomètres, en suivant sa trace c’était vraiment magique. En revanche, il y a eu une étape dans le fech-fech (sorte de sable très fin, NDLR) avec le brouillard où on ne voyait pas à 10 mètres. Dix bornes comme ça, c’était vraiment l’horreur. Mais le Dakar, c’est aussi ça. Il y a aussi ma panne mécanique qui fait partie des mauvais moments mais aussi des bons car une heure de mécanique entouré de 200 Péruviens qui veulent se rendre utiles, ça ne s’oublie pas…
LM : à oublier : le fech-fech où le danger est partout et où on est souvent à la limite de la chute. Mais c’est le terrain de jeu qui est comme ça même si c’est zéro plaisir pour nous. Après, il y a eu ces étapes de dunes lors desquelles on s’est éclaté et où il fallait être à fond. C’était un sprint où on roulait à des vitesses folles jusqu’à trouver nos limites. Et bien sûr les deux jours quand nous avons pu suivre les leaders auto. Franchir la ligne avec le vainqueur auto, ça ne s’oublie pas.
Qu’avez-vous pensé de cette formule d’un Dakar plus dense et limité à un seul pays, le Pérou ?
FV : Du coup, on est passé plusieurs fois au même endroit car l’organisation a dû composer avec les sites dans lesquels elle pouvait nous faire rouler. On a repris des spéciales à l’envers. Il y a même des zones où on est passé quatre fois ; alors quand les autos et les camions avaient creusé le passage, c’était dangereux. Beaucoup de fech-fech en première semaine. Heureusement, la deuxième a été meilleure avec de belles étapes de dunes.
LM : Cette année, le parcours a été le moins intéressant et le plus dangereux de mes quatre participations. Heureusement, les trois derniers jours, les étapes de dunes nous ont permis de se lâcher, d’attaquer et de se faire plaisir. Lors de la première semaine, on était parfois en insécurité tant les multiples passages et l’évolution du terrain rendaient le parcours dangereux pour les motos. Il manquait la diversité offerte par la traversée de plusieurs pays.
Pensez-vous repartir en 2020 ?
FV : Quand on y a goûté et qu’on voit le plaisir qu’on y prend, et même s’il y a des moments difficiles lors desquels on se dit "mais qu’est-ce que je fais là ?", on a forcément envie de recommencer. Alors si je peux repartir, je pense que je ne m’en priverais pas.
LM : Pour ma part, quand je rentre, je commence à partager avec mes partenaires et mes amis tout ce que je viens de vivre. Je ne me préoccupe pas trop de la suite. Je vais avoir une saison de compétition. Lesquelles ? Je ne sais pas encore. Mais, pour moi, l’événement majeur de l’année, c’est le Dakar. Et j’ai toujours envie d’y retourner même si pendant la course je me dis des dizaines de fois "plus jamais je reviens ici, il faut m’interdire". Une fois rentré, après une analyse à froid, je me dis alors "ce challenge il est bien". Pour le moment, on ne connaît pas le nouveau tracé. Il faut que le terrain de jeu donne envie d’y aller. Ensuite, je ferai mon choix. Mais bien sûr que j’ai envie de repartir même si cela représente beaucoup de sacrifices.
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