Rodez. Little Bob, une histoire toujours sur la route du rock
"46 ans et demi" de carrière et 25 albums plus tard, le rocker mythique du Havre n’a rien perdu de son énergie et de son optimisme. On pourra le constater au Club de Rodez ce samedi soir. Rencontre.
Il naquit Roberto Piazza à Alexandrie, deux jours après la capitulation de l’Allemagne nazie et son père s’appelait Libero, fils d’un anarchiste italien sous l’Italie de Mussolini.
À 13 ans, le P’tit Bob vint s’échouer au Havre pour mieux ressentir l’appel du large, bien encouragé par papa Libero. "Il me disait tout le temps : essaie d’être libre, mon fils, moi je n’ai jamais pu l’être. Moi, maintenant, je suis libre, et depuis longtemps", se souvient celui qu’on appelle maintenant Bob.
Dans ces effluves du large, venues d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique, il y avait un air auquel le petit Bob va s’attacher définitivement. Un air de rock’n’roll. Alors sa liberté, le petit Roberto la trouvera dans le rock, pour devenir Little Bob. Tout en prenant le temps de vaincre sa timidité, peu à peu. En chantant le rock. "On est resté amateur pendant très longtemps, confesse-t-il. Et je n’avais pas confiance en moi, au début. Les chanteurs de rock sont en général grands, minces, plutôt beaux de leur personne. Moi, j’étais petit, un peu gros... Mais quand je chantais, ça changeait le regard des gens."
Aussi c’est à presque 30 balais que le p’tit Bob italien prit son envol avec sa formation Little Bob Story, qui traversa la Manche en précédant le sillage du punk avec un premier album sorti en 1976. "On a eu beaucoup de chance de pouvoir tourner en Grande-Bretagne. Entre 76 et 80, on y a fait un vrai marathon de 350 concerts, et du coup on a été un peu plus connus en Europe, et en France, où on a fait autant de dates. "
Un monument du Havre
L’histoire du petit Bob était lancée, pour ne plus jamais s’arrêter. "Ça m’a donné une force que je ne me connaissais pas, et j’en suis à 46 ans et demi de carrière. Au début, c’était raide, on a eu des hauts et des bas, et c’est toujours pareil. Aujourd’hui les disques ont du mal à se vendre, même pour les stars. À moins d’être mort... Mais je n’ai pas envie de mourir pour vendre des disques. "
Contre vents et marées, à contre-courant des modes et suivant toujours l’étoile du rock, Little Bob continue d’être libre. 25 albums, des milliers de concerts, voilà son curriculum vitae, assez consistant pour qu’il devienne un monument historique du Havre. Aussi, quand le cinéaste finlandais Aki Kaurismaki décida de tourner un film dédié à cette cité portuaire, c’est tout naturellement qu’il vint traîner dans le jardin de Little Bob. Ce dernier s’en souvient, encore, de cette belle histoire "Es-tu un rebelle ? je lui ai demandé. Et il m’a répondu : yes, and you are a rebel like me ! Et je me suis retrouvé sur le tapis rouge à Cannes, en train de monter les marches sur la chanson que je chantais dans le film. "
C’était en 2011. Le nom de la chanson ? "Libero".
Fidèle à ses racines, Little Bob garde évidemment un œil critique sur notre monde, un œil passé par le prisme du rock : " Le texte que je suis en train d’écrire pour le prochain album qui sortira en novembre s’appelle We need hope. On a besoin d’espoir, on a besoin de changer. Le rock, c’était un beau rêve au départ. Aujourd’hui c’est celui du pognon, pas celui du peuple. Quand on voit l’autre type en Corée du Nord qui joue avec ses boutons, mais aussi la Hongrie, même l’Italie qui vire extrême droite, ou l’autre connard de Trump, excusez-moi du mot, je vois qu’on oublie qu’il y a un peuple et que le monde ne marche pas qu’avec des dollars, qu’il marche aussi avec la sueur du peuple... Gilets jaunes ? Je ne suis pas gilet jaune, je suis moi-même et je vois que le monde va mal. "
Aussi, quand en 2017, il joue pour la Fête de la musique dans les jardins de Matignon du Premier ministre Edouard Philippe ("Quand il était maire du Havre, on pensait que c’était un type avec une bonne dose d’humanité "), il se plaît à chanter "Only liars" pour le personnel de la bâtisse et les bikers qui ont passé les "six robocops à la porte " pour venir le voir.
Parce qu’il est libre Bob, et qu’on sait que sur scène, il reste le même. " J’essaie de donner de la joie aux gens, du feeling, de l’émotion, de l’âme. Et de l’énergie aussi. Je ne me plains pas, je bouge mes fesses. Je sais que quand je ne chante pas, je suis triste."
Solid as a rock, Little Bob.
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