Education : frictions autour des enseignements de spécialité
Effective à la rentrée 2019, la réforme du lycée, et plus généralement du baccalauréat, divise au sein des structures scolaires. Symbole de cette tension, la création des enseignements de spécialité dès la classe de 1re. Une nouveauté qui inquiète les syndicats mais réjouit les proviseurs.
Le lycée du XXIe siècle arrivera-t-il à faire l’unanimité ? L’interrogation semble légitime tant les tensions n’ont jamais paru aussi exacerbées à quelques mois de la mise en route d’une réforme autant plébiscitée que décriée. Le dispositif, qui réformera en profondeur l’examen du baccalauréat à l’horizon 2021 (voir encadré), cristallise de nombreuses inquiétudes.
Une rupture sociale et territoriale ?
En particulier dans les rangs des syndicats. En Aveyron, où un collectif d’enseignants et de parents d’élèves opposé à ce projet s’est créé il y a peu, des responsables s’alarment face à la possible émergence d’un phénomène de sectorisation et de précarisation. "La promotion qui est faite autour de cette réforme est trompeuse, appuie d’entrée Christine Laffont, porte-parole de Sud Éducation 12. Elle tend à créer une concurrence entre les établissements et à faire exploser les inégalités sociales. "
D’inégalité, il en est question sur un plan social… et territorial. Au-delà de cette refonte, qui pourrait réduire le nombre de postes d’enseignants, la crainte de voir apparaître un lycée "des villes" et un lycée "des champs" est bien réelle. D’autant plus que les enseignements de spécialité dont disposent les établissements ne sont pas figés. "Lorsqu’on découvre les choix effectués pour l’Aveyron, il y a de quoi se dire que c’est un beau menu, concède Sylvain Lagarde, le secrétaire départemental de la Snes-FSU, au moment d’évoquer cette carte "virtuelle ". La cartographie se fera surtout au regard des capacités de chaque établissement ".
"On pourrait aboutir à une non-égalité territoriale, surenchérit Bernard Anglade, représentant de la FCPE 12. Le panel de propositions offertes ne sera jamais le même entre un élève domicilié en Aveyron et un autre vivant à Paris. "
Un nivellement vers le haut
Cette crainte de voir apparaître de nouvelles disparités, les responsables des douze lycées aveyronnais ne la voient guère. Au contraire ! À l’inverse du scénario alarmiste présenté d’un côté, émerge un certain enthousiasme. "La réforme du lycée et l’arrivée des enseignements de spécialité sont une aubaine pour un établissement comme le nôtre", loue Mathieu Baldit, proviseur de l’Immaculée-Conception à Espalion, fier de pouvoir renforcer dès le mois de septembre 2019 sa spécialité en langues, littératures et cultures anglaises.
Les choix validés par la rectrice de l’académie de Toulouse, Anne Bisagni-Faure, pourraient même aboutir, à entendre Jean-Luc Viargues, à la tête du lycée decazevillois de La Découverte, à un nivellement des connaissances. "On risque même de monter un cran au-dessus pour notre section européenne ", s’en félicite ce dernier, qui craignait de ne pas avoir à sa disposition un éventail suffisamment complet de disciplines. Toujours dans cette opposition, d’autres y voient une façon de dédramatiser l’examen final, sans rompre véritablement avec le système actuel. "Le carnet de bord pour que les élèves fassent le bon choix est nourri au fil du temps par les élèves de seconde, rassure Alain Clet, le proviseur du lycée François-d’Estaing de Rodez. Les changements opérés ne sont pas brutaux et peuvent même amener plus d’intérêt pour leur scolarité."
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