Education : "Tenir compte des spécificités du territoire"

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  • Armelle Fellahi, directrice académique des services de l’éducation nationale, porte un regard bienveillant sur l’école aveyronnaise.
    Armelle Fellahi, directrice académique des services de l’éducation nationale, porte un regard bienveillant sur l’école aveyronnaise. CC
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Christophe Cathala

Depuis octobre, elle est l’inspectrice d’académie de l’Aveyron. Rencontre avec Armelle Fellahi, à l’heure de la carte scolaire, sur sa vision de l’éducation en Aveyron.

Voilà quatre mois désormais qu’Armelle Fellahi s’est installé dans le fauteuil, laissé par Gilbert Cambe, pour piloter la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale. Elle est ainsi l’inspectrice d’académie sur les épaules de laquelle repose pour l’heure l’avenir de l’école aveyronnaise, du moins dans l’un de ses aspects : la réflexion sur la nécessaire carte scolaire, actuellement en cours. Et ceux qui la côtoient louent déjà sa capacité d’écoute, sa franchise, sa rigueur et sa bienveillance.

Depuis le 1er octobre, cette Normande de 53 ans s’est familiarisée avec un département souvent dépeint comme une terre de combat au profit de l’école rurale. Armelle Fellahi compte de toute évidence s’inscrire aux côtés de ceux qui défendent l’épanouissement et la réussite des enfants dans tous les coins du territoire.

Avec quelques mois de recul, et dans le domaine qui est le vôtre - celui de l’éducation -quel regard portez-vous sur l’Aveyron ?

Je vois dans ce département un profond attachement à l’école et aussi et surtout un attachement à la réussite par l’école. Ces éléments sont semblables en Bretagne. Il existe ici une vraie cohérence sur les objectifs et la façon d’être auprès des enfants de la part des enseignants et des parents. Cela fonctionne bien : l’adhésion à l’école et les résultats scolaires sont très bons en Aveyron.

Quelles vont être vos priorités ?

Celles du ministre et de la rectrice ! En premier lieu, améliorer l’équité entre les territoires, mener un travail sans relâche pour que tous les enfants réussissent. Et travailler aussi à la réussite des réformes…

Dans l’éducation nationale une réforme chasse l’autre depuis de nombreuses années. Cette instabilité n’est-elle pas un peu perturbante ?

Pour moi, la moindre des choses est que l’école soit en mouvement, c’est-à-dire en prise avec l’évolution de la société. C’est un peu le fondement de toute réforme. D’autant que la société est très exigeante avec son école, ce qui est normal. Et ce qui nous demande non pas de l’agitation, mais du mouvement intellectuel.

Et donc de la compréhension… Alors quelles sont à vos yeux les spécificités aveyronnaises ?

Ma formation d’historienne-géographe me permet d’appréhender cette question de la ruralité qui rejoint l’attachement des parents - mais aussi des élus - à l’école. On peut le comprendre au sein de territoires qui se dépeuplent. C’est une question d’aménagement du territoire dans laquelle l’éducation nationale a toute sa place.

Nous en sommes, en Aveyron, à la deuxième convention ruralité. Les élus travaillent avec nous, notamment pour conduire la réflexion sur le réseau des écoles.

N’existe-t-il pas pour autant des freins - peur de perdre son école, voire querelles de clochers - au développement des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI), que vous, et vos prédécesseurs, appellent de leurs vœux ?

Les RPI évoluent lentement mais sûrement. La question d’une nécessaire discussion avec les maires fait son chemin, mais c’est vrai qu’il y a encore du travail à faire.

Il faut s’autoriser à imaginer des organisations pédagogiques qui soient bénéfiques pour les élèves. Les effets de seuil pour la dynamique de groupe, par exemple. Une étude au niveau national démontre ainsi que moins l’école compte de classes, plus le pourcentage de parents qui veulent mettre leur enfant ailleurs augmente…

Mais des classes à plusieurs niveaux, cela veut dire souvent plus d’élèves par classe. Cela va à l’encontre du souhait des enseignants…

De ce côté-là, l’Aveyron s’en sort plutôt bien avec un ratio professeur-éleves de 21,5. C’est-à-dire une moyenne de 21,5 élèves devant un enseignant. Concernant les classes à plusieurs niveaux, on crée une façon différente de travailler. Et l’on voit des élèves plus autonomes dans leur travail… et qui réussissent fort bien leur parcours, un rapport de l’éducation nationale le confirme.

Quoi qu’il en soit, la scolarisation est une affaire complexe. C’est à nous, institution, de faire en sorte que le travail des enseignants soit accompagné, appuyé, à travers des temps de réunion pour échanger. Surtout au premier degré et en classe unique.

La scolarisation n’est-elle pas d’autant plus complexe en Aveyron ?

Pas nécessairement. En Aveyron, on est à une échelle où l’on peut faire de la dentelle. C’est-à-dire réfléchir dans chaque territoire, avec ses spécificités. Il est important d’arriver à trouver les meilleures dynamiques pour les élèves en tenant compte des spécificités des territoires.

« Pas de fermeture d’école »

Les bases de réflexion de la carte scolaire ont été révélées : l’Aveyron doit rendre 6 postes à l’académie. « Et ce, alors que l’Aveyron prévoit de perdre 400 élèves à la rentrée, reprend Armelle Fellahi. Autant dire que nous pouvons travailler, globalement, avec plus de sérénité. La politique du gouvernement a apporté une attention toute particulière à des départements comme l’Aveyron. Et, je peux le dire, nous n’aurons pas cette année de fermeture d’école dans le département ». Pour l’inspectrice d’académie, « une carte scolaire à six postes nous permet de garder des classes uniques à 12 ou 13 élèves. Là encore, on peut faire du sur-mesure. En tout cas, on essaye ». Quelles seront les écoles concernées par des mouvements de postes ? La prochaine réunion paritaire de réflexion pour en décider, le Comité technique spécial départemental, est programmée le 11 février.

Orientation. Une brochure pour aider les collégiens dans leurs choix

Le lycée change, on l’a bien compris. Et ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Pour aider les collégiens de 3e et leurs familles à réfléchir à leur prochaine scolarité au lycée général et technologique ou en voie professionnelle, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse édite une brochure qui sera envoyée dans tous les collèges de France à partir de ce lundi 11 février pour être distribuée aux élèves. Ce document explique concrètement quelles sont les cinq étapes d’orientation en classe de 3e vers le nouveau lycée. Il détaille les enseignements communs en seconde et l’offre de spécialités et d’options qui s’ajoute en 1re et terminale dans les voies générales et technologiques. Il présente aussi les possibilités offertes en voie professionnelle pour préparer à des métiers d‘avenir et acquérir des savoir-faire d’excellence. Quelle que soit la voie choisie, la brochure précise également la forme que prend l’accompagnement, désormais renforcé, des élèves dans leur orientation.

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