Au Mondial de Paris, le tatouage entre dans la danse

  • Le chorégraphe Philippe Decouflé (au centre)  Tin-Tin, surnommé le tatoueur des stars, (à droite) aux côtés des danseurs Alice Roland (à droite) et Sean Patrick Monbruno
    Le chorégraphe Philippe Decouflé (au centre) Tin-Tin, surnommé le tatoueur des stars, (à droite) aux côtés des danseurs Alice Roland (à droite) et Sean Patrick Monbruno JOEL SAGET / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Concours de la plus belle "couenne colorée", concerts de hard rock pendant trois jours et, pour la première fois, la danse contemporaine en invitée d'honneur: le 9e Mondial du tatouage de Paris célèbre les arts du corps à partir de vendredi.

"J'ai toujours voulu associer les arts. La danse, comme le tatouage, est à la fois un art visuel et un art du corps", explique à l'AFP Tin-Tin, surnommé le tatoueur des stars, organisateur de l'événement et président du Syndicat national des artistes tatoueurs.

Première convention internationale avec plus de 30.000 visiteurs chaque année, deux fois plus qu'à Londres et Los Angeles, le Mondial du Tatouage accueillera pendant trois jours aficionados et curieux à la rencontre de 420 tatoueurs, représentant une quarantaine de pays, sous la Grande Halle de la Villette.

Après le cirque, le mime, la BD et les jeux Olympiques, Philippe Decouflé, chorégraphe iconoclaste, trouve dans le tatouage un nouveau terrain insolite de création, à l'invitation de Tin-Tin.

Le grand ordonnateur des cérémonies du bicentenaire de la Révolution française et des JO de 1992 présentera pendant les trois jours du Mondial, jusqu'à dimanche, des performances inédites, inspirées de ses grands spectacles dont "Decodex", "Octopus", "Contact" et "Nouvelles pièces courtes". Presque nus, les danseurs seront parés de tatouages éphémères.

"Le tatouage est un mode d'expression à la fois ancien et très contemporain. C'est intéressant de créer des liens avec les autres arts, comme le fait Tin-Tin depuis des années", estime Philippe Decouflé.

"Grâce au Mondial du tatouage, on change complètement de public, avec 30.000 spectateurs en trois jours: ça n'arrive jamais en danse contemporaine!", se réjouit-il.

"Le tatouage existe depuis la nuit des temps, avec des hauts et des bas, mais l'engouement est concret depuis quelques années", confirme Tin-Tin, chiffres à l'appui : 80% des 18-24 ans estiment que le tatouage est un art (selon un sondage Ifop 2017 auprès de 1.002 personnes), tandis que 14% des plus de 18 ans sont tatoués. 9% des sondés envisagent de le faire, tous âges confondus.

- l'ère du pur body art -
Côté tendance, les tatouages à messages n'ont plus la cote. "On est dans l'ère du pur body art avec autant de tendances que de tatoueurs choisis pour leurs styles", observe Tin-Tin, lui-même spécialisé dans les dessins japonisants.

Parmi les stars du tatouage qui officieront à la Grande Halle -- les rendez-vous ont été pris des mois à l'avance --, Aimee Cornwell de Ofxord et ses madones rappelant la grande peinture académique, la Madrilène Deborah Cherry et ses fantasmagories sur peau, Joe Capobianco (Etats-Unis) qui s'inspire des cartoons et aussi l'icône américaine Mark Mahoney, l'un des pères fondateurs du tatouage en noir et gris, le dernier à avoir tatoué Johnny Hallyday.

Côté musique, le Mondial du tatouage ravira les amateurs de "gros son" avec des groupes phares du heavy metal dont les Nantais de Ultra Vomit et les Allemands de Lucifer.

Tin-Tin mobilisera à nouveau ses troupes pour obtenir que les tatoueurs labellisés après plusieurs années de pratique, soient enfin reconnus comme des artistes.

Dès 2003, le "roi des tatoueurs" a été à l'origine d'une charte de bonnes pratiques, en étroite collaboration avec le ministère de la Santé, notamment en instaurant une autorisation parentale pour les candidats mineurs au tatouage. Opposé aux "tattoos" sur le visage, nouvelle mode aux Etats-Unis venue du monde du rap, Tin-Tin préconise en outre que l'un des parents assiste à la séance.

"Rien n'avance sur le statut d'artiste, alors que des ministres se font tatouer (Jean-Michel Baylet, alors ministre de l'aménagement du territoire, ndlr)", raconte Tin-Tin, conseiller artistique en 2014 d'une grande exposition sur le tatouage au musée du Quai Branly.

Son autre cheval de bataille ? Faire reconnaître le tatouage dans la liste internationale des arts, au même titre que la sculpture, la peinture ou la musique.

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