Villefranche-de-Rouergue. Le couteau de paix s’affûte à Najac

  • Le Najac, Régis Najac et Najac intra-muros forment un tout.
    Le Najac, Régis Najac et Najac intra-muros forment un tout.
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GDM

Najac, l’hiver. En bas de la rue du Bourguet, l’ancienne Poste à la devanture d’anthologie frémit comme si elle s’évadait de longs mois d’hibernation. Certes, les meules du coutelier ne tournent pas encore comme les derviches. Mais au premier étage de son domaine, Régis Najac tire déjà quelques plans sur la comète. Le regard posé sur des lames pas encore dégrossies et sur des manches en devenir, il échafaude un plan d’action afin de mener à bout son projet de réalisation de couteaux de table. Ces frères siamois de son "Najac couteau de paix" n’attendent qu’une ébauche de financement pour monter en puissance. "Ce serait l’innovation de l’année", sourit, derrière une barbe aussi immaculée que celle du père Noël, ce faiseur d’idées dont les lames courent à travers la planète. Témoin en est cette visite, il y aura bientôt deux printemps, d’entrepreneurs japonais tombés sous le charme du couteau à la pointe de lame arrondie.

La légende du troubadour Peirot Vidal dit de Najac, écrite et inspirée par ses soins, sur fond de "galéjade" au sens premier du terme, accompagne le parcours. "Je n’aurais jamais cru que cela puisse déboucher sur une activité", s’amuse sa moustache triviale. Au niveau des couteaux, il en connaît un rayon le diable. Il en a dessiné tant et plus, avant qu’en deux temps et trois mouvements n’émerge "le Najac".

"Tout est venu en même temps, raconte-t-il, le couteau et la légende". Son patronyme aidant, – il n’a rien d’un pseudo comme l’atteste l’état civil – après avoir imaginé deux ou trois protos, "comme ça, avec du vieux bois dégoté ici", il jeta l’ancre au pied du Barriou. "Je venais sonoriser le festival des Chiens Bleus et je me sentais bien ici, car la cité véhiculait quelque chose de positif", dégaine-t-il.

De fil en aiguille et de lames en manches, l’oiseau faisait son nid en s’enracinant dans le bourg. À l’ancienne, favorisant plus l’échange que le seul aspect mercantile, Régis reste à l’écoute de ses clients. "Je suis sur des standards et du sur-mesure, ainsi beaucoup de gens m’apportent leur bois pour que j’y taille les manches dedans ; c’est essentiellement du chêne et plus il est vieux, mieux ça va ; d’autres me demandent des couteaux plus petits pour les dames…". À des années-lumière de l’industrialisation outrancière, il avance à pas de velours. En osmose avec le rythme najacois.

Et puis il y a l’addition des rencontres avec des acheteurs d’un jour ou d’autres, à l’instar du chanteur Sanseverino venu se poser au plus près des étoiles l’été dernier, pour qui, désormais, il façonne des médiators sur mesure.

Ses couteaux, ils filent aux quatre coins du globe. "En règle générale, on dit qu’un couteau, ça ne s’offre pas parce que ça couperait l’amitié : avec le Najac c’est le contraire, parce que c’est le couteau de paix. Et le fait qu’il s’appelle le Najac, ça compte, y compris pour le rayonnement du village…". Il s’amuse encore du fait qu’on lui a subtilisé la copie de sa carte d’identité qu’il avait accrochée à l’extérieur de l’atelier.

Preuve, s’il en était besoin, que la "marque Najac" fait des émules sans chercher midi à 14 heures. En toute simplicité, et au plus près des gens.

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