Rodez : saviez-vous que la cathédrale penche ?

En termes de curiosité touristique, Rodez et sa cathédrale de grès rose parviendront-elles un jour à rivaliser avec Pise et sa célèbre tour penchée ? Au regard des derniers sondages réalisés sous le monument, l’on pouvait légitimement se poser la question. Car côté place d’Armes, les remblais ne semblent plus jouer leur rôle stabilisateur pour les fondations de l’édifice. Et si rien n’est fait pour enrayer le phénomène sous-terrain, la cathédrale aurait pu, elle aussi, dans un avenir (très, très) lointain, finir par perdre son aplomb (ou pire, avec une façade occidentale fissurée). Pas de risque, toutefois, de voir un jour les touristes se presser à l’angle sud-ouest de Notre-Dame pour se faire photographier, façon trompe-l’œil, en faisant mine d’empêcher la chute de la cathédrale. Préférant laisser cela à Pise, l’État propriétaire du monument a décidé de s’attaquer au phénomène en prévoyant une vaste campagne de travaux qui s’étalera sur 36 mois.

En travaux perpétuels

Un nouveau chantier – le plus important d’Occitanie pour un monument historique appartenant à l’État – pour la cathédrale qui semble être en perpétuels travaux. Les aménagements à venir débuteront courant mars, dans la lignée des travaux de rénovation de la chapelle Saint Sépulcre, lancés cet automne à l’intérieur de la cathédrale. Dans le détail, les travaux extérieurs consistent pour l’essentiel à conforter le massif de fondation, par des injections de béton jusqu’à 9 mètres de profondeur.

Ce chantier permettra aussi de consolider les murs en élévation en installant des tirants. Les parements en pierre de taille seront aussi restaurés. Les échafaudages en place permettront également les restaurations des sculptures, des vitraux, et enfin, de la couverture en plomb des parties hautes de l’ouvrage, participant ainsi à la sauvegarde et la mise en valeur du monument et de sa façade principale, donnant sur la place d’Armes.

Les raisons du chantier

Pour mémoire, le massif occidental (côté place d’Armes) souffre de problèmes de stabilité, signalés dès 1883, lors de la chute d’un escalier interne, et par de nombreuses fissures traversant les murs. Ces fissures, observées lors de chantiers récents sur la tour sud-ouest et dans le triforium, sont la conséquence d’un déversement du massif occidental vers la place d’Armes en raison de fondations affaiblies au cours des siècles. Les études réalisées à partir de 2015 ont précisé ce diagnostic et proposé des solutions de renforcement pour stabiliser cette partie du monument. L’édification vers 1555 de cette façade occidentale est venue conclure la construction de la cathédrale de Rodez.

L’opération, d’un montant proche de 3 millions euros, sera réalisée sous la maîtrise d’ouvrage de la Drac d’Occitanie et dirigée par Christophe Amiot, architecte en chef des Monuments historiques.