Druelle Balsac. Philippe Tabardel a fait de l’élevage des agneaux laitons un métier passion

  • Philippe Tabardel aime et défend son métier d’éleveur.
    Philippe Tabardel aime et défend son métier d’éleveur. José A Torres
  • La qualité est au centre de l'élevage au Gaec du Vieux chêne.
    La qualité est au centre de l'élevage au Gaec du Vieux chêne. José A Torres
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François Cayla

À Druelle, il travaille en Gaec avec Gilles Grès et Didier Espinasse.

"Si on ne se lève pas le matin avec la banane, si on tire la jambe pour aller bosser, ce n’est pas la peine de faire ce métier. Il faut de la passion, c’est indispensable." Philippe Tabardel aime ce qu’il fait : élever des agneaux. Des agneaux laitons pour être plus précis, à savoir qui tètent le lait de leurs mères pendant au moins 90 jours et jusqu’à 140 jours maximum.

À Druelle, où il a repris la ferme familiale en 1987, Philippe Tabardel travaille en Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) avec Didier Espinasse et Gilles Grès, et ce, depuis 1995. Le "Gaec du Vieux chêne", c’est environ 600 brebis : 300 pour la production de viande d’agneau Label Rouge (pour une production qui tourne autour de 600 agneaux par an) et 300 pour la production de lait qui alimente la filière Roquefort.

Le tout est réparti sur trois sites et un total de 90 hectares environ. Sur un marché national redevenu à peu près stable et en hausse constante depuis 2008, Philippe Tabardel s’en sort plutôt bien. Il ne pleure pas sur son sort et va même jusqu’à regretter les discours négatifs de certains agriculteurs. "Comment éveiller des vocations quand on entend des gens du métier dire et répéter que c’est dur et qu’on ne gagne pas bien sa vie ? Moi, je ne me plains pas. Avec Gilles et Didier, et à travers notre adhésion au Label rouge, nous avons misé sur la qualité et la sécurité. Et ça marche plutôt bien. En plus, en fonctionnant à trois, on vit mieux. On peut prendre des vacances, des week-ends, sans craindre pour le quotidien de la ferme. On sait que ce qui doit être fait le sera. Ça permet de décompresser et c’est appréciable."

 

Ce qui chagrine en fait le plus Philippe aujourd’hui, c’est l’agribashing. "Le regard que l’on porte sur nos professions me gêne beaucoup, explique-t-il. Des reportages TV, sur la maltraitance animale en particulier, nous ont fait très mal. Les gens en sont venus à croire que ce qu’on leur a montré est la norme. Mais c’est faux. Montrer ce qui ne va pas, on n’est pas contre bien sûr. Mais alors, pourquoi ne pas montrer aussi ce qui va ? Ici, on ne maltraite pas nos bêtes. Au contraire, on en prend soin. Nous, on est dans la bientraitance. Nos brebis passent la journée en plein champ et elles rentrent le soir à la bergerie pour allaiter les agneaux. Alors oui, à un moment donné et parce qu’il n’y a pas d’autre manière pour les manger, on doit les tuer. Mais tout est fait dans les règles. Et ma conviction reste que l’on doit nourrir les gens du mieux possible, en leur proposant un niveau de qualité quasi irréprochable."

Au cœur même du village de Druelle, ou dans les salons thématiques parisiens auxquels il participent (une dizaine par an), Philippe Tabardel s’attache à faire connaître son métier. Il fait de la "communication positive", comme il dit, et reconnaît que ce n’est pas trop difficile, sachant que la plupart de ceux qui viennent vers lui sont déjà plus ou moins convaincus de la qualité du travail réalisé.

Ce qui ne l’empêche pas de réfléchir à une meilleure communication, à travers par exemple une page Facebook qu’il vient d’ouvrir pour toucher plus de monde et participer à changer l’image de l’élevage.

Reste l’avenir. Dans un secteur directement tributaire des aléas internationaux, tels que le Brexit ou l’embargo russe sur les produits agricoles, Philippe Tabardel et Gilles Grès se montrent assez circonspects. "Les jeunes ne se bousculent pas pour se positionner d’ores et déjà dans la reprise d’exploitations. On ne sait pas trop où on va sur ce terrain-là. Des jeunes prêts à se lancer en agriculture, il y en a, mais surtout dans le maraîchage, un peu moins dans l’élevage. C’est vrai que l’on peut craindre pour la reprise de certaines fermes, dont quelques-unes qui ont plus de 500 bêtes et qui ne semblent pour le moment intéresser personne. Cela étant, on constate aussi l’arrivée de quelques néoruraux. La solution viendra peut-être bien de là, qui sait."

Une solution qui, comme pour Philippe Tabardel, devra rimer avec passion.

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