Millau : sage-femme, un métier aux mille facettes

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  • Geoffrey Vergnaud, sage-femme, entouré de Sidonie Gouani, auxiliaire de puériculture, et Céline Tavernani, sage-femme.
    Geoffrey Vergnaud, sage-femme, entouré de Sidonie Gouani, auxiliaire de puériculture, et Céline Tavernani, sage-femme. DR
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Cloé Azaïs

Geoffrey Vergnaud, sage-femme à la maternité de Millau, évoque son parcours, son travail et ses missions.

J’ai souvent droit à deux questions : comment on appelle mon métier et est-ce que j’ai accouché ma femme", glisse dans un sourire Geoffrey Vergnaud.

Autour d’un café, dans la salle de repos du service maternité du centre hospitalier de Millau, il évoque avec enthousiasme sa profession. "Homme sage-femme" à l’hôpital millavois depuis sept ans, "on dit aussi maïeuticien, mais c’est peu connu", Geoffrey Vergnaud vient de terminer une garde de 12 heures. Les yeux bien ouverts dans un visage un peu fatigué, il revient sur son parcours au fil des années. Un récit que les couloirs de la maternité, silencieux en ce début de journée, semblent eux aussi écouter.

Poitiers, Châtellereault, Mayotte et Millau

Originaire de Ruffec, en Charente, Geoffrey Vergnaud rejoint les bancs de la factulté de médecine de Poitiers après l’obtention de son bac scientifique.

"Au départ, je visais dentaire", se rappelle-t-il. La vie fera qu’il se retrouve avec la possibilité de suivre la formation de sage-femme. "Je me suis lancé sans connaître véritablement le métier, poursuit Geoffrey Vergnaud. J’étais à mille lieues d’imaginer que ce travail est si diversifié."

Pendant quatre ans, il suit les cours de l’école de sage-femme du CHU de Poitiers.

Il poursuit sa carrière à la maternité de Châtellereault, où il reste pendant un an. Avant de s’envoler pour Mamoudzou, à Mayotte, "dans ce que l’on appelle “la plus grosse maternité de France”. On est pas loin des 10 000 accouchements chaque année sur l’île. Travailler là-bas a été difficile, mais très formateur." Son arrivée dans la cité du gant, Geoffrey Vergnaud la doit plus ou moins au hasard. "Avec ma compagne, qui est infirmière, on voulait s’installer dans le Sud, détaille le praticien. Et il se trouve qu’on a trouvé du travail ici tous les deux."

"Un travail d’équipe"

S’il reconnaît être désormais "sans doute dans une des plus petites maternités du pays", ce cadre n’est pas pour déplaire au maïeuticien. "C’est une structure à taille humaine, il y a un vrai contact avec la patientèle et une bonne connaissance des patientes et des dossiers, on a le temps d’expliquer, de répondre aux questions, c’est agréable." Geoffrey Vergnaud pointe aussi "le travail d’équipe, notamment avec les auxiliaires de puériculture, avec qui nous formons des binômes. Une équipe soudée, encore plus depuis que la maternité a été menacée de fermeture il y a quelques années."

Au quotidien, il est en charge de "tout ce qui concerne la femme au sens large, comme le suivi de la grossesse ou gynécologique, l’accouchement, l’IVG (interruption volontaire de grossesse) ou encore des actions de prévention". Une profession avec deux côtés, l’un lumineux, l’autre plus sombre. "C’est un métier parfois difficile, il y a des choses qui nous marquent et qu’on n’oubliera pas", reconnaît le maïeuticien. Il se souvient avec émotion "d’un accouchement éprouvant, où le bébé n’était pas en forme. Plus tard, lorsqu’il est sorti de la maternité, il allait très bien. J’ai de temps en temps des nouvelles de la maman et de l’enfant. Un lien fort se créé entre nous, sages-femmes, et nos patients." En témoignent les nombreux faire-part multicolores, accrochés sur le tableau de liège dans la salle de repos. L’année dernière, 293 naissances ont été enregistrées à l’hôpital de Millau. Un chiffre en phase "ascendante" qui ravit l’équipe de la maternité.

Son café terminé et sa blouse rangée, Geoffrey Vergnaud peut rentrer chez lui. Son avenir, il l’envisage pour l’instant au CH de Millau.

Fidèle à son poste d’homme sage-femme, à l’écoute de ses patientes, et déterminé à pouvoir, chaque jour, les aider à sa manière.

Les différentes missions

Les compétences des sages-femmes sont multiples. Elles disposent d’un pouvoir de diagnostic et d’un droit de prescription. Le code de la santé publique définit leur champ d’intervention auprès des femmes et des nouveau-nés en bonne santé. Elles proposent notamment des séances de préparation à la naissance et à la parentalité, assurent la surveillance et le suivi médical de la grossesse, surveillent le travail et l’accouchement. Après la naissance, les sages-femmes dispensent les soins à la mère et à l’enfant. Elles pratiquent la rééducation périnéo sphinctérienne liée à l’accouchement. Les sages-femmes peuvent également assurer le suivi gynécologique des femmes tout au long de leur vie et prescrire leur contraception. Elles pratiquent les actes d’échographie gynécologique et peuvent réaliser interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse, dans les conditions définies par la loi. Elles prescrivent et pratiquent les vaccinations auprès de la femme et du nouveau-né, dans les conditions définies par décret. Elles assurent un rôle important dans la prévention contre les addictions, surtout en matière de tabacologie. L’intégralité des compétences des sages-femmes est à retrouver sur le site www.ordre-sages-femmes.fr.
 

2 % des sages-femmes sont des hommes

Un peu moins de 2 %. C’est le pourcentage d’hommes qui exercent le métier de sage-femme en France, comme Geoffrey Vergnaud. Une profession quasi exclusivement féminine, ce qui ne semble pas gêner le maïeuticien millavois. « Parfois les patientes sont surprises, mais le dialogue permet de dénouer les choses, explique-t-il. Pour des raisons culturelles ou religieuses, ça m’arrive deux trois fois par an que certaines femmes refusent que je les examine. Ça ne pose aucun problème, les autres sages-femmes prennent alors le relais. » Pour Geoffrey Vergnaud, le nombre de maïeuticiens en France « devrait diminuer, compte tenu des réformes concernant la première année de médecine ».

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