Football : Bonnet, de remplaçant à irremplaçable

Sa démarche singulière, façon robocop, laisse évidemment deviner un profil athlétique atypique, tout autant qu’une grinta, une abnégation de tous les instants. Sauf qu’à 25 ans, une bonne quarantaine de matches de National au compteur, et depuis vendredi soir lors de la victoire de son Rodez Aveyron football aux dépens de Pau (2-0) sept buts marqués dans la 3e division hexagonale, Ugo Bonnet, ce n’est plus seulement cela.
Au milieu de ses homologues Dorian Caddy, Khaled Ayari voire Florian David, qui ont tous déjà connu le monde professionnel, le Montpelliérain - ou plutôt Castelnauvien -, débarqué sur le piton à l’âge de 17 ans, est en train de se faire une place au soleil. De titulaire dans le onze de Laurent Peyrelade surtout. Pourtant, son explosivité dingue, notamment, faisait de lui un « super sub », ce genre de remplaçant, joker de luxe, qui ne fait les différences qu’en entrant dans les matches, pas en les commençant.

« L’enchaînement donne forcément de la confiance »

Mais depuis cet automne, et à plus forte raison avec l’entorse à la cheville qui tient Caddy éloigné des terrains depuis la reprise en janvier, Bonnet enchaîne les matches débutés. Il a ainsi pris part en tant que titulaire aux quatre derniers, tous soldés par un succès, et lors desquels il a marqué à deux reprises. Mieux, au Mans (1-0) il y a une semaine, comme vendredi rue Vieussens, il s’est montré décisif pour les siens. « Il n’a que ce qu’il mérite, c’est lui qui est allé chercher les choses, disait déjà son coach jeudi dernier. Il progresse techniquement, dans le jeu il est meilleur, il fait davantage attention à ce que font les autres autour de lui, ses courses sont plus réfléchies… » « Je me sens bien, c’est vrai », éclaire le premier intéressé formé à Castelnau et qui, depuis 2010, a évolué avec les équipes III puis II du Raf avant de connaître la joie d’un premier match joué avec le onze fanion en 2015, le 11 avril à Béziers. Une progression qui s’explique par une certaine maturité, mais aussi l’enchaînement des matches. « Je ne crois pas travailler davantage quelque chose de particulier à l’entraînement, détaille-t-il. Mais plus tu joues, plus tu progresses. Je ne dois pas tout au coach mais presque, car il me fait confiance. Et même si je croque ou croquais tout ce que je pouvais quand je ne jouais que 20 ou 30 minutes, l’enchaînement des matches (en titulaire) donne forcément de la confiance, des repères aussi. »
Et ses capacités physiques lui permettent, encore aujourd’hui après quatre matches dans les pattes en 15 jours, de « ne pas être fatigué ». « Au contraire, poursuit-il, le but c’est de jouer le maximum possible. » Comme si la répétition dans l’effort lui donnait toujours plus de force, d’impact. « Il a clairement une faculté de récupération haute », corrobore Peyrelade. Et en ça, il détonne vis-à-vis de ses compères de l’attaque au Raf.
Au-delà de ses buts et de ses qualités physiologiques, l’avant-centre au catogan a également pris une nouvelle dimension dans le jeu ruthénois. Remises, courses, jeu sans ballon… Il fait aussi briller les autres, son association avec Florian David n’étant évidemment pas totalement étrangère aux huit buts du meilleur buteur sang et or.

« Il n’est pas à la limite »

« Et ce n’est pas fini, envoie “LP”. Il n’est pas à la limite. Il a une marge de progression : techniquement, devant le but, dans la façon de garder le ballon. » « J’espère marquer encore, avoue d’ailleurs Ugo Bonnet. Surtout, être décisif pour l’équipe. J’ai eu aussi ces derniers matches des occasions pour mettre un doublé, ça me ferait vraiment plaisir que ça arrive bientôt. » Ce vendredi soir à Villefranche ? Lui, son coach, ses coéquipiers et les supporters du Raf en seraient ravis. Eux qui ont, plus que jamais, l’accession en Ligue 2 qui leur tend les bras.