Villefranche-de-Rouergue : Maxime Roumagnac, loin de la foule et près de la vie simple

  • Maxime Roumagnac déploie son esprit créatif.
    Maxime Roumagnac déploie son esprit créatif. -JEAN PAUL COUFFIN
  • Un peu partout à travers le bas Rouergue, Maxime Roumagnac a démarché les communes afin de poser ses itinéraires poétiques accompagnant de belles balades bucoliques. Comme ici autour du lac de la Fouillade où, avec la complicité de la mairie, il offre aux regards des clichés et des mots bleus agrémentant l’escapade. Prochain itinéraire à venir, ce devrait être dans le village de Crespin.
    Un peu partout à travers le bas Rouergue, Maxime Roumagnac a démarché les communes afin de poser ses itinéraires poétiques accompagnant de belles balades bucoliques. Comme ici autour du lac de la Fouillade où, avec la complicité de la mairie, il offre aux regards des clichés et des mots bleus agrémentant l’escapade. Prochain itinéraire à venir, ce devrait être dans le village de Crespin. -JEAN PAUL COUFFIN
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Jean-Paul Couffin

Le domicile de Maxime Roumagnac, c’est une vieille bâtisse de schiste avec eau, mais sans électricité, où il a choisi de vivre une retraite contemplative.

Là-haut, c’est La Gasquie, avec vue imprenable sur Najac. Là, le poète Maxime Roumagnac continue de vivre par choix dans une maison sans électricité. Même si cet hiver, il a ressenti le besoin de quelques infidélités sur fond de confort moins spartiate.

Loin du monde, tout près du bonheur simple de vivre et de respirer, le poêle à bois ronfle de plaisir dans cette bâtisse de schiste des confins du Rouergue.

C’est là que l’épicurien de la vie a choisi de passer une retraite contemplative.

Pas d’électricité, c’est son choix. De l’eau, bien sûr, le téléphone aussi, manière de ne pas être déconnecté du monde extérieur, et la radio sur piles pour, à la nuit tombée, avant que l’édredon ne réchauffe ses os de sexagénaire, grappiller les ultimes notes envoyées jusqu’à lui par "France Culture". Poète, jongleur de mots qu’il assemble tel un puzzle en forme de haïku japonais, il l’est. Déjà lorsqu’il parle. Sans élever la voix, à mots posés, et comptés ou contés, c’est selon.

La plume Sergent-Major

"J’écris à la plume Sergent-Major, trempée dans l’encre violette, parce que j’aime ça", souffle cet ancien instit dans l’Afrique post-coloniale et dans les banlieues perdues de la métropole capitale.

"Chaque jour qui se lève est pour moi un moment magique", poursuit celui qui dans les bois voisins offrit aux enfants petits et grands tout à la fois un incroyable "sentier du Père Noël" et un coin pour les amis de passage. D’un coup d’œil par le fenestrou de sa pièce à vivre, ses pupilles croiseront, au gré des matins, un couple de chevreuils amoureux ou quelques sangliers laboureurs. "S’ils sont heureux, moi je le suis aussi", s’exclame Maxime.

Tout à la fois poète rural des enfants et chroniqueur du temps qui passe, il vit sa vie par les deux bouts.

"Vivement que la saison des morilles arrive, soupire-t-il, comme ça, on saura que l’hiver sera terminé". Vu l’avance printanière, cela ne devrait pas traîner.

Son choix de vie ne flirte pas avec le hasard, le personnage n’a rien d un "zadiste". Il laisse gambader son esprit au rythme des saisons. Chez lui elles se superposent.

Les flammes dansent leur sarabande. L’autan décorne les cimes. Lui ne bougera pas d’un pouce. "Du bois et des épaisseurs de couettes feront l’affaire". Maxime cantonne son territoire intérieur à une seule pièce à la triple vocation de chambre à coucher, salle à manger et bureau. Pas de voisins proches. Ce qui ne l’émeut guère. "Je revois des écureuils, des vrais, des sauvages", jubile-t-il. Un bref retour sur ses années perdues au-dessus de la Loire : "C’était de vivre là-haut qui était anachronique pour moi", résume celui qui avoue s’être senti " dans la peau d’un immigré" quand il enseignait aux Mureaux.

Loin des regards, s’il adore partager ses cueillettes, il garde jalousement quelques secrets comme ses coins à morilles ou à girolles. "Pousse la porte et assieds-toi, la cheminée est allumée…", lâche-t-il à son visiteur de passage.

Poète contemplatif, Maxime Roumagnac cisèle à l’encre violette de bien beaux poèmes de poche qu’il auto-édite.

Ses livres, il les donne autant qu’il ne les vend dans des salons ou des marchés de Noël. Quand il devient photographe (à l’ancienne en argentique), l’œil du poète s’affûte.

Témoin en est son œuf de Pâques XXL et de tous les temps qu’il propose aux pupilles sur une toile, géante, ou encore des clichés plus intimistes.

Avec le printemps fleurissant, il va reprendre ses cheminements. Jusqu’au bout du bout. Tant que la vie le voudra…

Son approche de la vie intéresse la chaîne TV 5 Monde


Un coup de fil venant d’Outre-Atlantique. De Montréal, province du Québec au Canada, pour rester précis. Au téléphone, un producteur d’origine française qui était tombé sur un des articles consacré à cet homme des bois des plus originaux et attachants.
Surprise à La Gasquie. Maxime Roumagnac a cru à une farce comme certains de ces comparses randonneurs de tout poil sont susceptibles de lui faire.
Mais que nenni ! Son interlocuteur travaillant à produire des contenus pour la chaîne « TV 5 Monde » envisage très sérieusement d’envoyer, durant ce printemps, une équipe sur les hauts de Najac afin de rencontrer le poète vivant sa vie dans sa bâtisse au milieu des bois sans électricité.
Le producteur prépare, en effet, pour la chaîne internationale de télévision francophone une série de reportages sur des gens - pas forcément marginaux - qui comme Maxime Roumagnac ont fait le choix de vivre différemment en sortant des sentiers battus. Des reportages s’inscrivant dans la droite ligne éditoriale de la chaîne.
Sans hésiter, l’ermite de La Gasquie, qui n’en est pas vraiment un, a donné son accord. Il attend de pied ferme la confirmation de l’arrivée des journalistes et reporters d’image. Avec l’espoir que quelques morilles s’inviteront lors du tournage. Manière de donner à voir sa réalité de la vie épicurienne.
 

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