Jusqu’à huit ans de prison ferme pour les braqueurs de Creissels

  • Un braquage violent pour convoiter un butin dérisoire.
    Un braquage violent pour convoiter un butin dérisoire. Archives CPA
Publié le , mis à jour
Philippe Henry

Les braqueurs en voulaient à la caisse d'un bureau de tabac.

La scène dure tout juste cinq minutes. Elle a eu lieu le 28 décembre 2018. Et elle est « d’une violence inouïe », glisse la substitut du procureur de la République, Fanny Moles. Sur les images de vidéosurveillance du bureau de tabac du village de Creissels, on voit deux hommes, cagoulés et gantés, pénétrer dans le commerce. L’agitation et la nervosité des deux braqueurs sont palpables. Très vite, l’un d’eux tente d’arracher la caisse enregistreuse. Mais la gérante s’interpose.
Le deuxième braqueur cherche à la maîtriser : il la bâillonne d’une façon particulièrement brutale. La scène est ensuite confuse. Ils s’enfuient avec la caisse, poursuivis par la gérante du tabac. Jusqu’au moment où l’un d’eux se retourne, pointe son arme, un pistolet qui projette du gaz lacrymogène à très haute vitesse. Il vise la tête et tire. Il lui assène ensuite un coup de crosse derrière la nuque.


Traces ADN


Puis, la victime est conduite de force dans la réserve de la boutique. Les malfrats s’emparent de quelques cartouches de cigarettes et rejoignent leur complice qui attend dans sa voiture, à l’extérieur du magasin. Le braquage était préparé depuis plusieurs jours. Ce commerce était visé en particulier car la buraliste, « est seule, un peu âgée, elle ne pourra pas se défendre », comme l’a confié un des prévenus.
Leur butin est dérisoire : 80 € en liquide et une dizaine de cartouches de cigarettes.
Les trois braqueurs - âgés de 24 à 28 ans et originaires de Millau - étaient jugés en comparution immédiate, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel de Rodez. Ils ont été interpellés par les gendarmes après plusieurs semaines d’enquête. Des traces ADN laissées sur le chargeur de l’arme, retrouvé dans le bureau de tabac, ont permis de remonter leur piste.
Face aux juges, aucun n’a pu expliquer les raisons de ce vol. La question a tout juste provoqué un haussement d’épaules chez celui qui est présenté comme le meneur. Me Christophe Bringer, l’avocat de la victime s’est dit « impressionné par la violence de ces images. Bien plus que ne laisse supposer les dépositions ici, à la barre, des prévenus. On sent qu’ils sont déchaînés ».
La représentante de ministère public, Fanny Moles résume les faits en deux mots : « Inacceptable et incroyable ». « La société ne peut pas accepter de tels faits, poursuit-elle. D’autant qu’ils sont en état de récidive légale ». Et la magistrate de requérir 10 ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, pour chacun.
Les avocats des prévenus ont, tour à tour, invité les juges « à prononcer une peine individualisée ». Me Laurent Balanger a appelé ces derniers « à ne pas perdre le sens de la mesure ».
Après avoir délibéré, les juges ont condamné le conducteur du véhicule, celui qui attendait à l’extérieur du buraliste, à six ans de prison ferme. Celui qui a violenté la victime a écopé de 7 ans ferme. Le troisième a tenu l’arme et tiré a été condamné à 8 ans de prison. Tous sont repartis du tribunal, menottes aux poignets.

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