Villefranche-de-Rouergue. L’Inde a pignon sur la bastide

  • Catherine Mage.
    Catherine Mage.
Publié le
COUFFIN Jean-Paul

À l’angle de la rue Alibert et de la rue de la Paix, la boutique que tient Catherine Mage sert de trait d’union avec l’action humanitaire menée en Inde par elle, son mari et des personnes sur place.

Le hasard, si hasard il y a, veut que la maison de Catherine et d’André Mage, dont le pignon "commercial" se situe rue Alibert, soit située perpendiculairement à la rue de la Paix. Cela ne s’invente pas, tant, en 15 années, ce couple a tout donné pour faire sortir de l’ornière de la misère des dizaines de femmes de l’État indien de l’Andrha Pradesh.

Malades du VIH, elles subissaient ce rejet les obligeant de vivre une double peine. Celle liée à la maladie et à la misère en découlant.

Parce que l’engagement ne se fonde pas que sur des mots, Catherine et André ont agi avec leurs moyens. À force d’aller et de retour entre l’Inde et le Rouergue, ils scellèrent cette volonté de faire avancer les situations. "Avec nos petits moyens, raconte-t-elle encore, nous avons fini par toucher 700 patients porteurs du VIH et leurs familles".

Mais il a fallu ramer.

Souvent dans ce contre-courant de l’incompréhension. Elle le traduit ainsi : "Il a fallu du temps pour faire admettre au gouvernement indien l’urgence qu’il y avait à travailler là-dessus. Mais quand il en a pris conscience, nous avons pu enfin lancer des actions de prévention".

Cet engagement autour de la santé, non de la survie, ne pouvait, à ses yeux, avancer seul. En associant au système de soins l’apprentissage art du kalamkari, ces femmes allaient trouver un but, débouchant sur des revenus. "De plus, tout leur travail nous permet de parler du sida autrement qu’à travers la ségrégation et la mise à l’écart des malades, encore trop courantes en Inde".

Ce qui apparaissait comme improbable, quelque temps auparavant, sautera aux yeux de l’évidence. "En quelques années, ces jeunes femmes, malades pour la plupart, issues de milieux pauvres, ont réussi à maîtriser les techniques de cette discipline pointue techniquement, basée sur des tissus peints avec exclusivement des couleurs végétales après avoir dessiné ou tamponné des motifs".

Catherine se souvient : "Au départ, ces femmes ne savaient même pas tenir un crayon".

Depuis sa petite boutique de la rue Alibert, elle peut savourer. Car elle sait que ces femmes, devenues de vraies créatrices, ne sont plus dépendantes des ventes effectuées dans l’Hexagone, sans lesquelles, non plus, l’action sanitaire d’Help India n’aurait pas pu avancer aussi vite. Et avec cohérence.

Alors que les kalamkaris dansent sur les murs de pierres de l’ancienne cave en voûte de la bastide, Catherine mesure le chemin parcouru.

Elle n’en dira pas plus. Mais elle garde au plus profond d’elle cette nécessité qu’il y a à agir en direction des plus faibles pour les accompagner, autant sinon plus que les aider.

Elle sait que sur place, à Kivali, son ami Sambu (qui sera en Aveyron fin mai) veille avec attention sur la continuité des choses.

D’autres personnes se sont levées pour prendre le relais en assurant la continuité des 15 ans d’action du couple sur le terrain.

Dans le cœur de la vieille ville, elle garde encore espoir. Espoir en des lendemains meilleurs pour cette cité où le couple a fait le choix de vivre.

Espoir aussi en l’humanité en reprenant la force de ces regards croisés en Inde.

Dans les yeux de celles et de ceux que la vie a épargnés. Mais aussi de ceux et de celles qui sont partis.

À noter que la boutique de Catherine Mage est ouverte au 21, rue Alibert, du mardi au samedi, de 10 heures à 13 heures et de 15 heures à 19 heures.

Avec André elle participera aussi au Salon du livre ancien et moderne des 30 et 31 mars sous la Halle, avec des livres (éditions Kaïlash, Inde) et quantité d’images à présenter…

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