Villefranche-de-Rouergue. Villefranche : carillonneur, une formation unique en France

  • Le professeur Paul-Henri Mériau est titulaire du carillon de Villefranche-de-Rouergue.
    Le professeur Paul-Henri Mériau est titulaire du carillon de Villefranche-de-Rouergue. Photo MCB
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Le collège Saint-Joseph de Villefranche-de-Rouergue est le seul, sur le plan national, à proposer des cours de carillon. Grâce notamment à la passion de son professeur de piano, Paul-Henri Mériau.

Quel plus bel hommage pouvait être rendu au compositeur récemment décédé, Michel Legrand, que d’entendre jouer au carillon de la collégiale de Villefranche-de-Rouergue ses célèbres mélodies comme "Les Moulins de mon cœur" ou encore "Un été 42".

Ces notes égrenées un dimanche après-midi, entendues loin alentour, ont attiré nombre de personnes jusqu’à la place Notre-Dame, puis sous le porche de la collégiale où une dame avenante les engageait à poursuivre à l’intérieur de l’édifice, à gravir les 162 marches les menant au clocher, enfin à pénétrer tout à côté de la cabine de Paul-Henri Mériau qui, bouchons dans les oreilles, tapait avec les poings sur les touches du carillon déclenchant toutes ces musiques.

48 cloches

"Oui, il y a un répertoire franco-flamand très riche pour carillon", répondait ce dernier à la question de savoir si des musiciens avaient composé pour cet instrument si particulier. Comme l’orgue, le carillon compte deux claviers, un pour les mains, l’autre, pour les pieds, relié aux cloches les plus lourdes. "Pour faire un carillon, il faut au moins 24 cloches", précise Gabriel Birague, le président de l’association Les Amis du carillon de Villefranche-de-Rouergue. Celui de la collégiale en compte 48 qui correspondent chacune à une touche qui a une transmission directe avec une cloche ou alors avec un marteau (extérieur ou intérieur) qui frappe la cloche.

Paul-Henri Mériau, titulaire du carillon de la collégiale de Villefranche-de-Rouergue, est aussi professeur de piano à l’ensemble scolaire Saint-Joseph. C’est sa passion depuis tout jeune pour les cloches qui l’a incité à se former à cet instrument de musique à part entière mais aussi à l’enseigner dans le cadre d’activités périscolaires là où il travaille. Et c’est ainsi que l’ensemble scolaire Saint-Joseph de Villefranche-de-Rouergue est devenu le seul en France à proposer des cours de carillon.

Effet Ch’tis

Et Paul-Henri Mériau de noter "un effet Ch’tis". En effet, le fameux film de et avec Dany Boon où on le voit jouer du carillon en haut du beffroi de Bergues pour séduire celle qu’il aime a déclenché des envies, surtout chez les filles, ce qui est étonnant.

À ses deux élèves (de 11 et 50 ans) à qui il prodiguait des cours particuliers, se sont ajoutés onze collégiens et lycéens motivés. "Il n’est pas nécessaire de posséder des notions de solfège pour débuter, on peut jouer d’oreille", précise le professeur. Pour enseigner, ce dernier est soutenu par l’association Les Amis du carillon qui a mis à sa disposition deux claviers d’études (l’un pour Saint-Joseph, l’autre pour les Ateliers de la Fontaine), identiques au clavier du carillon mais qui établissent un contact informatique pour déclencher des sons de cloche numériques.

"L’activité de carillonneur est physique, même si les claviers sont plus souples qu’autrefois", poursuit Paul-Henri Mériau, qui précise aussi que les touches de celui de la collégiale sont en chêne et en frêne.

Le carillon de Villefranche a subi une complète rénovation en 2014 pour un coût de 300 000 € supporté à hauteur de 80 000 € par la commune qui a en charge son entretien. Si le meuble a été construit récemment par l’entreprise Laumayé, de Tarbes, les cloches, "d’excellente qualité", ont été fabriquées en 1819 à la chapelle des Augustins de Villefranche-de-Rouergue, après que certaines ont été fondues pour devenir des canons à la Révolution.

Carillon et choristes

On compte une trentaine de carillons, dont quatre dans le grand Sud-Ouest avec Villefranche-de-Rouergue, Carcassonne, Perpignan et Pamiers. L’association Les Amis du carillon, créée en 1987, s’est scindée en deux parties (carillon et orgue) et en 2007 elle est partie sur de nouvelles bases. Elle organise tous les jeudis matin un concert, au moment du marché, idem le samedi, et concert le quatrième dimanche de chaque mois.

Dans ce cadre-là, ne manquez pas le 24 mars, de 15 heures à 17 heures, les concerts d’Irène Radrianjanaka, de Montpellier ; le 28 avril, aux mêmes heures, Audrey Die, de Mons, en Belgique, et, exceptionnellement, le 24 mai, de 18 h 30 à 19 h 30, un concert carillon et 100 choristes au pied de la collégiale. En projet également des concerts carillon et orgue. On constate ainsi le dynamisme de l’association fière de compter chaque dimanche de concert près de 150 personnes qui montent jusqu’au carillon, quant à l’été, ce sont plus de 200 visiteurs qui, chaque jour, grimpent les 162 marches pour découvrir le carillon et la vue exceptionnelle sur Villefranche depuis le sommet de son monument emblématique.

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