Suspension du RSA pour les casseurs : le député aveyronnais Arnaud Viala s'explique

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  • Arnaud Viala propose de suspendre le RSA aux casseurs.
    Arnaud Viala propose de suspendre le RSA aux casseurs. CPA
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Lucas Serdic

Le 20 mars dernier, Arnaud Viala, député LR de la 3e circonscription de l'Aveyron, a déposé un amendement dans le cadre des futurs discussions qui animeront les lois issues du grand débat. Il y propose de suspendre le RSA pendant un an aux personnes reconnues coupables de casse durant les manifestations. Interview.

Arnaud Viala, comment vous est venue cette idée de suspendre le RSA aux casseurs qui sévissent parmi les manifestants ?

En fait, c'est une proposition de loi que j'avais déposée en 2016, à l'époque des protestations contre la loi travail de Myriam El Khomri. Comme toute proposition de loi qui n'a pas été adoptée, à la fin de la mandature, elle avait fini par disparaître des écrans radar. Et là, en réfléchissant à ce qui se passe en ce moment dans notre pays, j'ai repensé à ce texte et je l'ai à nouveau déposé, à l'identique. Je n'ai pas changé une seule virgule. Je dis ça pour tordre le cou à l'amalgame qui est en train de poindre entre casseurs et Gilets jaunes. Pour moi, ce sont deux profils très différents, et cela, je le pense depuis le début. Cette proposition, je ne l'ai pas faite pour viser en particulier les Gilets jaunes.

Vous avez fait ce dépôt le 20 mars, pourquoi ?

Les choses ont cheminé dans mon esprit jusqu'à l'acte 18 qui s'est déroulé le samedi 16 mars et qui a notamment été le théâtre de violentes dégradations à Paris. Je l'ai déposé à la suite de cet événement.

Que dit concrètement cette proposition de loi ?

Elle ne vise pas à supprimer, mais à suspendre les droits de ceux qui sont bénéficiaires du revenu de solidarité active et qui sont condamnés pour des actes de violence et de destruction. Si j'ai redéposé ce texte, c'est pour apporter ma contribution à la question qui se pose en ce moment. À savoir : comment fait-on pour rendre aux Français le niveau de sécurité qu'ils sont en droit d'attendre, vis-à-vis de leur propre personne, mais aussi vis-à-vis de leurs biens ? Cette proposition de loi peut être la solution.

Pensez-vous que ce sera suffisamment dissuasif pour les casseurs ?

Je pense surtout que ce qu'on traverse interroge beaucoup de nos concitoyens sur la notion de droit et de devoir. Je suis évidemment partisan du fait que nous devons avoir des droits et que les plus fragiles d'entre nous soient aidés quand ils en ont besoin et qu'ils traversent une période de difficulté, mais je trouve aussi normal, en contrepartie, le fait d'avoir des devoirs, et notamment celui d'être digne de cette solidarité qui s'exprime en ne s'en prenant pas aux autres et aux biens, qu'ils soient publics ou privés.

Tous les casseurs ne sont évidemment pas des bénéficiaires du RSA, que prévoit votre proposition pour ceux-là ?

J'y ai bien sûr pensé quand j'ai écrit cette proposition. Ceux qui ont un salaire et qui sont solvables, il faut leur faire payer le montant des réparations liées aux dégâts qu'ils ont sciemment engendrés. Les bénéficiaires du RSA, de fait, ne sont pas solvables, donc il faut trouver une sanction adaptée.

Comment la classe politique réagit-elle à votre proposition ?

Quand je l'ai déposée, un certain nombre de collègues députés l'ont co-signée. Je n'avais cependant aucune idée de l'impact médiatique que pourrait avoir cette proposition, et je n'ai pas eu le temps de sonder ma famille politique depuis que le débat s'est clairement engagé sur la place publique.

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