Millau : les agents municipaux verbalisent-ils moins en ville ?

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CORRESPONDANT

Les recettes liées aux amendes ont chuté de plus de 75 % depuis la réforme du stationnement.

Entrée en vigueur au 1er janvier 2018, la réforme du stationnement payant en centre-ville, dite de "dépénalisation", avait obligé la Ville de Millau à revoir son périmètre d’action en la matière. Les zones vertes et orange avaient été supprimées, pour élargir la zone rouge en centre-ville. La collectivité avait également fixé le FPS (forfait post-stationnement) à 20 €, et décidé de mettre à disposition deux mini-parks : la Condamine et le parking de la Sernam.

"Ça ne sent pas un peu les élections ?"

Un an plus tard, c’est déjà l’heure du bilan. Et manifestement, les comptes n’y sont pas pour la Ville. Quand les recettes liées aux amendes forfaitaires étaient de 280 000 € en 2017, elles ont chuté à 63 000 € en 2018. Soit une baisse de 77,5 % sur une année. Un véritable "trou". "Je ne suis personnellement pas satisfait du tout que la police municipale verbalise 75 % de moins que lorsqu’on était dans le système avant la dépénalisation, a d’ailleurs relevé Daniel Diaz, en sa qualité d’adjoint aux finances, lors du dernier conseil municipal. Ça veut dire que les amendes de police régies par les règles de stationnement antérieures étaient quatre fois plus élevées que les amendes liées au non-paiement du stationnement actuel (FPS)… "

Cette "baisse de productivité" des agents municipaux interroge. "Ça ne sent pas un peu les élections municipales ?", n’a pas manqué de questionner, la semaine passée, l’élu "Millau Cap 2014" Nicolas Chiotti, jugeant la main des agents un peu légère à l’approche progressive des élections municipales de 2020. D’autant que le budget 2019 de la Ville n’anticipe des recettes liées aux FPS qu’à hauteur de 50 000 €…

Plusieurs mois d’atermoiements

Claude Assier, premier adjoint délégué au civisme, à la citoyenneté, à la prévention et la sécurité publique, balaye tout sous-entendu politique derrière la baisse des recettes liées à la verbalisation. "Ce n’est pas à l’approche des élections que l’on va changer la façon de travailler de la police municipale, assure-t-il. L’an dernier, le changement de stationnement a mis du temps à se mettre en place. Il y a eu des débuts difficiles avec les horodateurs et les nouveaux systèmes. Les gens ne comprenaient pas le fonctionnement. On a également eu des pannes. La surface de stationnement a aussi été réduite de trois quarts."

"Les gens payent plus !"

Sur le terrain, au moins dans les premiers temps de la réforme, les agents ont donc fait preuve "de pédagogie, préférant la discussion et la proximité au matraquage", défend Claude Assier. Raison pour laquelle les recettes sont moins rentrées. Le premier adjoint est aussi persuadé d’autre chose : "Les gens payent plus leur stationnement !" Il est vrai que le FPS à 20 € est plutôt dissuasif et incite les automobilistes à régler leur occupation des parkings. "On voit davantage les gens aux horodateurs", affirme encore Claude Assier, qui met également en avant "la multiplication des missions" des agents, davantage mobilisés à sécuriser les manifestations qu’à traquer les fraudeurs sur la voie publique…

Interrogée sur la diminution des verbalisations, la police municipale se défend de suivre des directives politiques. "On ne fait pas de politique, nous indique une source policière, en listant les raisons pour lesquelles les verbalisations ont diminué. Nous sommes de plus en plus appelés en renfort sur les manifestations, c’est une évidence. Ce qui remonte chez les agents, c’est aussi que les automobilistes sont plus sensibilisés et règlent plus facilement leur dû à l’horodateur. On fait aussi de la prévention. Pour toutes ces raisons, les chiffres baissent." Tout en assurant que les agents "sont bien sur le terrain" et "font ce qu’il faut", sans pouvoir "être partout".

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