Saint-Amans-des-Cots. Les bœufs gras de Pâques, garants de la tradition
Histoire et témoignages à l’heure où les festivals s’enchaînent sur cette tradition aveyronnaise.
Dans notre région au climat rude, la modernisation de l’agriculture s’est faite tardivement, les paysans travaillant avec des attelages de bœufs jusque dans les années soixante, soixante-dix. Chaque agriculteur élevait ses vaches et taureaux. Il castrait les taureaux vers les 18 mois en dehors de ceux qu’il gardait pour la reproduction. Castré, le taureau devenu bœuf était docile et servait aux travaux des champs.
Vers les 2 à 3 ans, il était attelé au joug avec un bœuf plus vieux qui le guidait dans son travail. Le bœuf travaillait environ huit ans, voire plus, suivant les besoins et les disponibilités du paysan à le remplacer. Le couple de bœufs de race aubrac était nourri du meilleur foin et faisait la fierté de son propriétaire. L’hiver, il jouissait d’un repos bien mérité et s’engraissait. Après son dernier été de travail vers les 7-8 ans, le paysan décrétait que son bœuf avait l’âge de la retraite et surtout disposait de la relève. Au sortir de l’hiver, bien engraissé et reposé, le bœuf était vendu pour la consommation.
La fin du Carême et l’annonce du printemps
Vers le mois de mars, les bouchers visitaient les étables, à la recherche des plus beaux bœufs. Le dimanche des Rameaux qui ouvre la semaine sainte, ils les habillaient d’une ceinture de parade avec des rameaux de buis accrochés à leurs cornes et défilaient avec eux dans les rues du village. À la sortie de la messe, bien souvent le prêtre les bénissait. " En milieu rural, le cortège du bœuf gras se situe à la fin du Carême et prépare à la sortie de cette période d’abstinence, de nourriture maigre, autrefois de jeûne, au renouveau pascal et à l’annonce du printemps ", se souvient Jeanine (dit Nini) Mathieu, ancienne bouchère à Saint-Amans-des-Côts. Son plus grand regret est qu’en tant que femme elle "ne pouvait pas promener son bœuf gras parce qu’il fallait être costaud. Les bœufs étaient dociles, puisqu’ils avaient travaillé, et habitués à obéir mais il fallait de la force physique pour les diriger dans les rues".
"Ils devaient être grands et gras, dociles sous le joug car ils participaient à un véritable cortège. Le cortège de bœufs gras promenés dans les villages le dimanche des Rameaux est, par ses formes rebondies, la promesse d’un rassasiement de l’envie de viande, en particulier de viande rouge, qui tenaille toute la famille, petits et grands, pendant le Carême et parfois pendant toute l’année, ne pouvant être assouvie qu’en des occasions exceptionnelles".
Peu à peu les bouchers ont eu de plus en plus de difficultés à trouver des bœufs gras, dits "de Pâques" puisque plus personne ne les faisait travailler, remplacés par les tracteurs.
Alors pour ne pas arrêter cette coutume pascale définit comme une tradition religieuse, certains éleveurs se sont mis à élever des bœufs aubrac pour les présenter comme bœufs de Pâques. Les vrais bœufs sont rares, la majorité sont des vaches engraissées. Les bœufs (vaches) sont le plat d’honneur servis sur les tables du repas de Pâques, premier repas festif après les 40 jours de jeune de carême. D’où l’expression de "Bœufs de Pâques" ou "Bœufs gras" puisqu’ils avaient été engraissés. Aujourd’hui, comme c’est le cas à Baraqueville, la tradition perdure !
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